Attachés au changement politique dans le pays, les Algériens occupent la rue pour le 22ème vendredi consécutif, depuis le début de la fronde populaire, le 22 février dernier. Ils ont investi le centre-ville de la capitale, Alger tôt le matin pour marcher au nom de la liberté, de la démocratie, de l'indépendance de la justice et pour exiger la cristallisation des revendications populaires par le pouvoir. Hier c'était les Algériens-manifestants et Algériens-supporters des Verts qui sont sortis à travers tout le pays, mais toujours concentrés sur leur objectif, bien que leurs yeux et espoirs soient rivés vers la finale de la CAN. Résistant, le peuple ne désiste devant rien. Toujours déterminé à reconstruire un nouvel Etat sur les principes couvés par le mouvement populaire. Guidés par leur volonté de «dire non à l'Etat archaïque et délétère» et «Oui» pour «Un Etat civil et démocratique», les manifestants ne cachaient pas leur souhait et soif de remporter la coupe d'Afrique, tant attendue. Rendant ainsi tout au long de la manifestation hommage à l'équipe nationale qui, depuis deux semaines, a redonné le goût de la victoire et de la joie aux Algériens, dépassés et désaxés par la situation politique controversée du pays. Comme à chaque vendredi, peu avant midi, les mêmes groupes de manifestants arrivent en premier au niveau de la Grande-Poste, drapés de l'emblème national et commençaient à s'organiser et à préparer leurs pancartes et affiches. Leurs devises habituelles les accompagnent du début jusqu'à la fin de la marche du vendredi. «La journée du 19 juillet 2019 sera marquée dans les annales si nous remportions la Coupe d'Afrique», commente, Bassim, un fervent supporters des Fennecs, mais estime que ceci ne «les a pas déviés de leur objectif de poursuivre la lutte pour une Algérie nouvelle et meilleure». «Nous sommes un peuple solidaire, fier et unis. Ce qui ne pourrait nous diviser nous rassemble davantage», estime Mohamed-Amine, père de famille et qui n'a jamais raté une seule sortie depuis le début du mouvement. 14h50, les rues d'Alger foisonnent. Le mouvement a gardé la même intensité et relève la même détermination. Des centaines de milliers de manifestants s'accaparent le centre d'Alger sous la haute surveillance des forces de l'ordre qui squattent les trottoirs et quadrillent les accès aux grands boulevards. Ils tentent d'étouffer le mouvement en marche qui n'abdique devant rien, intrépide et coriace. Le drapeau national de toutes les dimensions couvre le ciel d'Alger. C'est l'emblème de la révolution, de la liberté et de la joie. «Malgré notre détresse, nous sommes fiers et contents de nos exploits. Je célèbre la réussite de ma fille au bac et éventuellement la victoire de notre équipe nationale», indique Anissa, institutrice à la retraire, qui voulais exprimer sa joie dans la rue. Elle rejoint la foule marchante avec des youyous qui retentissaient de l'intérieur. Bien que la joie des Algériens résonnait de partout, la tristesse et le supplice n'étaient pas loin. Ces impressions se lisaient au plus profond sentiment des manifestants, qui malgré la chaleur, la fatigue et l'indifférence ont marché et criaient à la libération des détenus du «Hirak», la justice et les médias. Ils ont, également, réitéré leur revendication de construire un «Etat civil et non militaire». La journée du mouvement populaire était explicitement plus attentive au résultat du match de l'Algérie-Sénégal pour poursuivre leur défilé et célébration la nuit dans la bonne humeur et surtout sans voitures.