Des dizaines de milliers de citoyens sont sortis vendredi dans les rues dans plusieurs wilayas du pays pour renouveler leur revendications du "changement radical" et saluer l'appel au dialogue, mais sans la participation des anciennes figures du système, ont constaté des correspondants de l'APS. La mobilisation citoyenne est restée intacte, en ce 15ème vendredi de mouvement populaire dans les wilayas de l'ouest du pays où ils étaient de milliers de personnes à battre les pavés en cette journée de jeûne en dépit d'une chaleur suffocante. Des manifestants sont sortis pour réitérer les revendications exprimées depuis le 22 février dernier dont "le changement radical du système de gouvernance", "départ de tous les symboles du régime" et "mise en place d'une période de transition" menée par des personnalités crédibles qui ne sont pas impliquées dans des affaires de corruption. Dans une halte devant le siège de la wilaya, la foule a observé une minute de silence à la mémoire du militant des droits de l'Homme, Kamel Eddine Fekhar, décédé mardi après avoir été transféré de la prison de Ghardaïa au Centre hospitalo-universitaire de Blida, en raison de la détérioration de son état de santé suite à une grève de la faim. Affluant de différentes artères, dont le boulevard Larbi Ben M'hidi, les "marcheurs", hommes, femmes et enfants, arboraient l'emblème national en scandant d'autres slogans, tel celui exigeant la rupture totale avec le système (yetnahaw gaâ). La libération des détenus d'opinion figurait également parmi les principales exigences exprimées vendredi à Oran. A Mostaganem, les marcheurs ont réitéré les slogans habituels "Djazaïra horra dimocratia", "Silmya, silmya" et rejeté toute intervention étrangère. Dans la wilaya de Tlemcen, quelques centaines de marcheurs ont sillonné le centre-ville après avoir tenu un sit-in devant le siège de la wilaya. Les citoyens de Mascara ont revendiqué la poursuite de tous les responsables impliqués dans des affaires de corruption et de dilapidation des deniers publics. Les mêmes revendications ont été réitérées par les manifestants d'Aïn Temouchent, de Sidi Bel-Abbès, d'El Bayadh, Tiaret, Nâama et Mechria qui ont emprunté leur itinéraire habituel et scandé les mêmes slogans.
Appel au dialogue Les wilayas du centre du pays étaient au rendez-vous malgré le jeûne et la chaleur, pour réclamer, encore une fois, l'"édification d'une nouvelle République" et exprimer leur rejet de l'élection présidentielle du 4 juillet. A Bouira et Boumerdès, des milliers de citoyens ont manifesté, dans le calme, à travers les artères de ces deux villes en réitérant l'essentiel des revendications exprimées depuis le début de la dynamique populaire. A Tizi-Ouzou, les dizaines de milliers de manifestants qui ont sillonné les principales artères de la ville dans une ambiance conviviale, ont scandé des slogans exigeant la vérité sur le décès de Kameleddine Fekhar, dont le portrait était omniprésent. A Béjaïa, également, des centaines de milliers de personnes ont de nouveau appelé à une "rupture totale" avec le système et ses symboles. Des slogans, soutenant l'idée d'une transition vers une deuxième République ont également été scandés. A Blida, Chlef, Aïn Defla, Djelfa et Tipaza, les manifestants ont réitéré leur attachement aux mêmes revendications.Les manifestants ont, aussi, réclamé le départ de tous ceux qui sont impliqués dans des affaires de corruption, de détournement et de mauvaise gestion de deniers publics, tout en affichant leur soutien à l'institution militaire et sa feuille de route. A Médéa, qui a connu une imposante marche, les citoyens ont exprimé leur adhésion à l'initiative de l'Association des Ulémas musulmans pour une sortie de crise. Des milliers de citoyens des wilayas de l'est du pays ont organisé des marches pacifiques appelant au dialogue et à l'édification d'un Etat de droit. A Constantine, une mobilisation importante a été observée, où les manifestants rassemblés au centre-ville ont notamment scandé "Oui au dialogue mais sans la issaba (bande)", "Djeich chaâb Khawa Khawa" (peuple et armée sont frères). A Mila, des citoyens ont sillonné les principales artères de la ville entonnant des chants patriotiques et scandant "Oui au dialogue, avec des compétences pour l'édification d'un Etat de droit". Depuis la ville de Guelma, le même mot d'ordre a été répercuté. La marée humaine qui a déferlé de toute part vers le centre-ville a brandi des pancartes, où on pouvait lire : "Oui au dialogue", "Oui à une feuille de route qui répond aux aspirations de tous les Algériens". De Skikda, les citoyens ont réclamé "un gouvernement de compétences nationales" et "une instance indépendante de préparation des élections présidentielles". A Oum El-Bouaghi, les manifestants ont soulevé les mêmes revendications et appelé à préserver l'unité nationale. Sous les cris "Djazaïr Horra, démocratiya" (Algérie libre et démocratique) dans certaines villes et "Silmiya, silmiya" (pacifique, pacifique) dans d'autres, les manifestants depuis les villes de Sétif, Batna, Annaba, Khenchela ont réitéré leur appel pour le départ des "3B" (Bensalah, Bedoui et Bouchareb) et le respect de la volonté du peuple. A El Tarf, les marcheurs, étaient en force, affluant des différents quartiers de la ville et des agglomérations limitrophes. Entonnant des chants patriotiques, et appuyant l'Armée populaire nationale. Dans le sud du pays, les manifestations populaires de ce vendredi auront lieu pour certaines wilayas en fin d'après-midi et pour d'autres en soirée, après la prière des Tarawih, pour appeler au changement profond. Dans ces régions, les citoyens ont convenu, du fait des conditions climatiques, de sortir en fin d'après-midi dans les wilayas d'El-Oued, Adrar et Tamanrasset, et en soirée à l'exemple de celles d'Ouargla, Ghardaïa et Tindouf.