La fête de l'Aïd El Adha est dans trois jours. Comme chaque année, le phénomène des abattoirs à ciel ouvert dans les quartiers et les places publiques se reproduit. Des déchets, résidus de pattes, des cornes, des peaux de moutons jetés et dispersés par-ci et par là. Les habitants qui procèdent à l'abattage de leurs moutons sont totalement insoucieux de la propreté et de l'hygiène des rues. Une fête où l'Algérien sacrifie un mouton pour être en accord avec la religion, mais en désaccord avec l'environnement. Pourquoi les Algériens procèdent à l'abattage de leur cheptel sur la voie publique au lieu de se diriger vers des abattoirs contrôlés ? Depuis des années, les Algériens utilisent cette méthode d'abattage à ciel ouvert, dite également «anarchique» dans les quartiers et les rues. Pour eux, il ne s'agit pas juste d'une tradition religieuse, mais une sorte d'ambiance familiale. Le jour de la fête de l'Aïd El Adha, ils se réunissent tous pour entamer le sacrifice de leurs moutons. Ils procèdent à cette pratique soit sur les terrasses, parkings ou bien les balcons. La majorité de ces habitants se foutent totalement de la propreté et de l'hygiène de leurs quartiers. Après la fin de l'abattage, la capitale se transforme en une grande décharge publique. Des déchets, des cornes, des peaux de moutons jetés par terre. Sans parler de l'odeur désagréable et infecte du sang et les restes du mouton, qui ruine à l'environnement et à la santé publique. Cette pratique tant admirée par la majorité et détestée par la minorité s'est malheureusement enracinée dans la société. Pour d'amples informations à ce sujet, nous avons pris le soin de contacter le président de l'Association de protection des consommateurs (Apoce), Mustapha Zebdi, qui nous a donné quelques détails. Pour lui, si cette pratique d'abattage à ciel ouvert, dite «anarchique» existe toujours, c'est parce que «la plupart des abattoirs qui se trouvent sur tout le territoire national ne sont pas rénovés et équipés par les moyens nécessaires. Le cas qui pousse la majorité des citoyens à procéder au sacrifice de leurs moutons dans leurs quartiers et sur la voie publique, autrement dit «un abattage clandestin». Les citoyens ne prennent pas la peine de se déplacer aux abattoirs pour le sacrifice de leurs moutons, parce que d'un côté, ils savent bien que ces établissements d'abattage ne sont pas équipés et modernisés, et de l'autre côté, ils ont toujours la coutume de sacrifier leurs cheptels dans leurs propres quartiers», a-t-il poursuivi. «Cette clandestinité est utilisée notamment aux abattoirs de volaille, où le contrôle n'est pas vraiment rigoureux», a-t-il également ajouté à ce propos. Concernant la modernisation de ces abattoirs délaissés et à l'ancienne, le président de l'Apoce, nous a informé qu'au niveau de son association, il y a eu plusieurs d'étude de projet sur la création des établissements d'abattage modernes et équipés par les moyens nécessaires. «Nous sommes en train d'attendre la finalisation de ce projet, mais si jamais nous tiendrons compte des normes des abattoirs et des règles d'hygiène, la plupart des abattoirs qui sont en service actuellement fermeront tous», a-t-il affirmé. Pour M. Zebdi «l'existence d'un abattoir clandestin est un risque supplémentaire pour la santé du consommateur algérien, vu que ces pratiques se font sans aucun contrôle et sans couverture sanitaire». Revenant à la question importante de notre sujet, M. Zebdi nous a expliqué que les Algériens préfèrent squatter la voie publique pour le sacrifice de leurs cheptels au lieu de se diriger vers les abattoirs contrôlés, parce que, pour lui, le nombre de ces abattoirs contrôlés n'est pas suffisant pour pouvoir subvenir à la demande des éleveurs. «Il est impossible d'abattre quatre millions de moutons en une seule journée», a-t-il regretté. Abordant les règles d'hygiène et de la propreté lors de l'abattage du cheptel, le même interlocuteur nous a dit que «la plupart des égorgeurs qui travaillent durant les deux jours de la fête de l'Aïd El Adha et qui se déplacent aux quartiers ne sont pas formés». Face à cette situation, notre association a appelé mainte fois le ministère de la Formation professionnelle pour l'encadrement de ces jeunes égorgeurs. «Nous avons lancé un appel au ministère de la Formation professionnelle pour encadrer les jeunes et les former avec un stage au sein des abattoirs», a-t-il détaillé. «Selon les normes, un égorgeur est censé connaître les règles d'hygiène pour pouvoir procéder à l'abattage du cheptel dans des mesures appropriées», nous a-t-il précisé. Il nous a également révélé que vu la petite quantité des égorgeurs disponibles durant les deux jours de la fête de l'Aïd El Adha, plusieurs familles qui ne savent pas procéder à l'abattage de leurs moutons toutes seules, se retrouvent dans l'obligation d'attendre l'égorgeur jusqu'à l'après-midi.