A quel prix ? Le gouvernement a enfin décidé de mettre fin au financement non-conventionnel proposé et mis en œuvre par l'ancien Premier ministre Ahmed Ouyahia, actuellement, en prison. Vaut mieux tard que jamais, les conséquences d'un tel mécanisme de finance, considéré comme alternative de financement était une erreur fatale pour l'économie nationale dont la valeur fiduciaire de sa monnaie «refuge» ne correspondait pas à la valeur de ses richesses. Premier effet ressenti dû à l'excès de la création monétaire de plus de 6.500 milliards de dinars, l'inflation galopante, augmentation des prix à la consommation et la dépréciation du dinar ainsi que le repli de l'investissement. Cette décision a fait long feu et a alimenté et soutenu les bulles financières devenues de plus en plus ingérables et extravagantes, notamment, dans le secteur immobilier et de la construction. Présentée comme une alternative de financement pour venir à bout de la crise financière du secteur public et du Trésor public, la Banque d'Algérie n'a pas contesté la solution qu'elle a cautionnée aux dépens de l'avenir économique du pays. Une fois de plus, c'est au peuple de payer pour les erreurs des responsables. Après l'arrêt définitif de la planche à billet qui a tourné pendant presque deux ans, le gouvernement revient avec de nouvelles charges dont devra s'acquitter désormais le citoyen afin de renflouer les caisses de l'Etat. Dans son avant-projet de loi de Finance 2020, le gouvernement avait examiné plusieurs propositions d'impôts visant le portefeuille des Algériens. Les taux d'impositions directs ont été revus à la hausse, tandis que de nouveaux droits et taxes ont été créées afin de soutenir le Trésor public en déficit. Nous allons entendre pendant des années de cette «anomalie» dont les conséquences irréversibles ont piégé tous les systèmes économiques du pays et fragilisé toutes les structures financières devant faire face, désormais, à l'effondrement de la Bourse d'Alger qui peine toujours à décoller. Aujourd'hui, le gouvernement a hérité d'un marché économique ravagé par le recours par l'ancien gouvernement à la planche à billets. Il devra assumer, désormais, les conséquences et les bouleversements financiers causé par ce mode de financement qui n'a fait qu'altérer la situation économique du pays et aggraver la dette publique interne qui dépasse aujourd'hui les 44%, alors que l'inflation oscille entre 3 et 4% avec une régression incessante du rythme annuel de la croissance coincé entre 1,9 et 2%. En abandonnant cette alternative de financement adoptée par Ahmed Ouyahia comme échappatoire au financement extérieur, l'ex-Premier ministre a précipité le pays dans un gouffre financier inévitable. Aujourd'hui, le gouvernement de Bedoui tente d'effacer toutes les traces de cet ancien décideur et tente de rectifier le tir à travers la mise en place de nouvelles mesures pour panser les plaies et la saignée financière dont est victime l'économie nationale. Le premier ministre, Noureddine Bedoui a évoqué et reconnu les lourdes conséquences de ce mode de financement. Expliquant que «ce sont-là les lourdes responsabilités que chacun de nous doit assumer pour la préservation des chances et droits des futures générations, qui ne doivent aucunement être hypothéqués». Le gouvernement en place ou à venir devra faire face à un défi de taille et chaque pas et décision prise sera décisive. Reste à savoir que fera le gouvernement de la somme restante du financement non conventionnel dont la valeur initiale était de 6.500 milliards de dinars dont 3.114,4 mds de dinars ont été injectés dans l'économie, soit près de la moitié et une autre somme dérisoire versée au Trésor public. Le redressement économique du pays est suspendu aux décisions de la prochaine loi de Finances 2020 à l'étude dont les mesures impacteront directement le consommateur. Le citoyen a toujours eu une aversion aux impôts contrairement à l'Etat qui trouve en la sociologie fiscale un remède à ses déboires financiers. Dans le PLF 2020, le gouvernement avait annoncé de nouvelles impositions qui toucheront particulièrement le secteur particulier, l'automobile ainsi que les prix à la consommation. La taxe sur la valeur ajoutée (TVA), taxe indirecte révisée, passant de 19% à 20%. Cette imposition se répercutera sur le prix final des produits à la consommation et sera déduite indirectement du revenu des citoyens. Même chose pour la taxe sur la fortune qui passera de 1,5% à 3%. Face à la dépression financière à laquelle fait face le pays, encore plombée par l'instabilité des prix du pétrole, l'Etat est sommé de trouver des alternative dans la fiscalité ordinaire.