Des parlementaires, personnalités mais aussi partis politiques ont plaidé le renvoi, à l'après-présidentielles, de l'examen du projet de loi sur les hydrocarbures, adopté, avant-hier, en Conseil des ministres. Beaucoup de députés voient d'un mauvais œil la programmation de l'avant-projet de loi sur les hydrocarbures avant la présidentielle. «Le temps n'est pas opportun», jugent-ils, mettant en avant, leur expérience à l'APN de voir, disent-ils, que des débats autour de projets de loi soient détournés pour les besoins d'une campagne électorale ou une précampagne. Ce qui est demandé, a écrit Abdelaouahab Benzaim, sénateur du FLN, dans un post sur sa page facebook, est de reporter de projet de loi à l'après présidentielle pour le débattre dans le calme, loin de la campagne électorale. «On a demandé le report du projet de loi, on n'a pas été écouté», relève-t-il. Considérant qu'il est opportun qu'un texte de loi aussi déterminant que l'avant-projet de loi sur les hydrocarbures soit débattu dans le calme et la sérénité, dans une concentration optimale des parlementaires et loin de toute campagne électorale. Pour le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), seul un pouvoir fort de la légitimité populaire pourra réviser la gestion du secteur de l'Energie. «Le secteur des hydrocarbures comme les autres richesses du pays ne peuvent plus servir pour l'achat de soutiens étrangers dans la nouvelle Algérie dessinée par la mobilisation de ses enfants. C'est à un nouveau pouvoir issu de la rupture avec le système par le biais d'une transition démocratique auquel revient la charge de définir le rôle de ce secteur dans le cadre d'une politique de développent du pays», note le parti. Tout en dénonçant les orientations antinationales du pouvoir de fait, le RCD met en garde contre cette politique du mépris et de la provocation et appelle au retrait pur et simple de ce projet, sorti des laboratoires des multinationales. Appelant, au passage, les Algériennes et les Algériens à poursuivre la mobilisation pacifique sous toutes les formes que se donnent les populations. «L'Algérie de demain est plus que jamais à la portée de notre peuple». De son côté, le Front des forces socialistes (FFS) a estimé que le projet de loi sur les hydrocarbures ouvre la voie au bradage des ressources naturelles du pays et au contrôle de pans entiers de l'économie nationale par les intérêts étrangers. «Le projet de loi de finances 2020, et l'avant-projet sur les hydrocarbures hypothèquent à moyen et long terme le développement d'une économie indépendante et portent un sérieux préjudice aux intérêts nationaux. Il s'agit là d'une atteinte grave à la fois au patrimoine de notre peuple et à sa souveraineté nationale», écrit le FFS. Sans une vision stratégique, une réorientation de la politique socio-économique et la résolution de la crise politique qui va assoir véritablement un Etat social et préservera la souveraineté national, les mesures ponctuelles ainsi préconisées, observe le FFS, feront subir aux pays des conséquences dramatiques à la fois économiques, sociales, politiques voire sécuritaires, qui entraîneraient le chaos et justifieraient des interventions étrangères pour préserver leurs intérêts. «L'Histoire retiendra que tous ceux qui auront contribué à l'adoption de ces lois et à leur mise en œuvre auront trahi leur peuple, la révolution de novembre 54 et celle de février 2019». Pour sa part, le RND a plaidé pour l'ouverture d'un débat autour du dossier des hydrocarbures. Principale ressource, écrit le parti d'Azzedine Mihoubi dans un communiqué, de l'économie qui couvre, dit-il, l'essentiel des besoins du pays. «Rien ne justifie l'application de ce texte dans l'immédiat. Il échoit au président élu d'ouvrir le débat sur le dossier des hydrocarbures», estime-t-il. L'ancien ministre de la Communication Abdélaziz Rahabi, a, de son côté, estimé «inconcevable», qu'un gouvernement de gestion des affaires courantes, rejeté par le peuple, tranche sur des dossiers importants dans la situation actuelle: «Je ne comprends pas pourquoi le gouvernement tente de séduire le peuple pour voter et le méprise sur des questions fondamentales».