La Turquie pourrait être considérée comme «responsable» des exactions commises par les groupes armés qui lui sont affiliés, a déclaré mardi l'ONU, soulignant que les exécutions menées par les rebelles pro-turcs peuvent constituer un «crime de guerre». «En vertu du droit international des droits humains et du droit international humanitaire, les exécutions sommaires constituent des violations graves et peuvent constituer un crime de guerre», a déclaré un porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme, Rupert Colville. «Les civils, ainsi que tous les individus hors de combat tels que les combattants capturés, doivent être protégés», a-t-il dit lors d'un point de presse à Genève. Depuis le début de l'offensive turque, le 9 octobre, le Haut-Commissariat tente de vérifier l'authenticité des abus qui lui sont rapportés, dont des exécutions. «La Turquie pourrait être considérée en tant qu'Etat responsable des violations commises par les groupes armés qui lui sont affiliés, si la Turquie exerce un contrôle effectif sur ces groupes ou sur les opérations au cours desquelles ces violations ont été commises», a expliqué le porte-parole du Haut-Commissariat. L'offensive turque vise à déloger du nord-est de la Syrie les forces kurdes des Unités de protection du peuple (YPG), considérées comme «terroristes» par Ankara mais alliées de l'Occident dans la lutte contre les terroristes du groupe Etat islamique (EI). «Le pire incident dont nous ayons connaissance jusqu'à présent, et que nous cherchons encore à vérifier pleinement, est un rapport selon lequel au moins quatre civils, dont deux journalistes, ont été tués et des dizaines d'autres blessés lorsqu'un convoi de véhicules a été touché par une frappe aérienne turque», a détailléM. Colville, précisant que l'attaque aurait eu lieu le 13 octobre. Le Haut-Commissariat dispose également de deux vidéos distinctes, diffusées sur les réseaux sociaux, montrant «ce qui semble être des exécutions sommaires perpétrées le 12 octobre par des combattants appartenant au groupe armé d'Ahrar al-Sharkiya, affilié à la Turquie». «Le même jour, nous avons reçu des informations indiquant qu'une femme politique kurde bien connue, Hevrin Khalaf, a également été exécutée sur la même route, apparemment aussi par des combattants d'Ahrar al-Sharkiya», a-t-il ajouté. «Nous exhortons les autorités turques à ouvrir immédiatement une enquête impartiale, transparente et indépendante sur ces deux incidents et à appréhender les responsables», a-t-il conclu. L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a rapporté qu'au moins neuf civils avaient été "exécutés" samedi en Syrie par les supplétifs syriens qui participent à l'opération militaire turque. Parmi les victimes figure Hevrin Khalaf, membre de la direction du Conseil démocratique syrien, le bras politique de l'alliance de forces kurdes et arabes alliées de Washington dans la lutte antiterroriste.