Quatre cadavres d'anciens torturés de la ferme Cortesse. Des ossements ont été retrouvés dans ce centre de détention et de tortures mais qui, à l'heure actuelle, n'ont pas été identifiés et qui, selon les responsables de la localité, vont être enterrés au cimetière des Chouhada, en ce 1er Novembre 2019, c'est-à-dire, 65 ans après le declenchement de la Guerre de libération. Pour ceux qui ne le savent pas, Cortesse est un symbole de lutte anticoloniale, un lieu où des milliers d'Algériens que l'armée française ramenait de partout pour leur faire subir des atrocités, des sévices, des tortures, des humiliations morales et physiques. Pour rappel, le lieu a servi de caserne militaire pour l'armée française et depuis l'indépendance personne ne s'en est soucié, il n'a connu aucun aménagement depuis des années. Bien au contraire, il a été abandonné laissant place à des constructions illicites défigurant totalement l'histoire de ce lieu et la population de Bordj-Ménaiel est désemparée par l'Etat de délabrement dans lequel est laissé ce patrimoine de la guerre. Inadmissible, intolérable qu'un pan de l'histoire soit abandonné de la sorte, les habitants de la ville des Coquelicots exhortent les autorités concernées à inscrire une opération de restauration de ce site chargé d'histoire, un site dont les Algériens se souviendront toujours, un lieu lugubre qui faisait peur et les torturés toujours en vie ont la chair de poule lorsqu'ils évoquent le camp de concentration, de tri, de transit et de tortures, selon les témoignages des séniors de la région de Bordj-Ménaiel, toujours vivants malgré le poids de l'âge. Cortesse est l'un des repères de la guerre de Libération est sa réhabilitation est plus que primordiale, c'est la moindre des choses pour une région ayant payé un lourd tribut à la guerre, le désir d'en faire un musée reste donc le souhait des citoyens de la localité qui pour le moment font de leur mieux pour préserver ce qu'il en reste. D'ailleurs, il ne reste plus rien : Cortesse est une ancienne ferme coloniale, une cave coopérative où l'on triturait les raisins pour en faire du vin. Il faut rappeler que ce lieu sinistre a vu de grandes personnalités, qui ne sont actuellement plus de ce monde à l'image des Djouab Ali, Bouhamadouche dit Zmimi, des Badis Ahmed, des Bourahla Laid, des Naili Amar, des Assoul,Benmansour mustapha, des Takdjerad Boualem, des Amrous Said et autres, subir les pires tortures, les pires atrocités allant de la baignoire, de l'électricité, l'humilation physique et morale, c'est dire que la population de la région de Bordj-Ménaïel a fait preuve d'un engagement infaillible pour le recouvrement de la souveraineté nationale : Bordj-Ménaïel a sacrifié plus de 480 chahids, si ce n'est plus de ses meilleurs enfants au champ de bataille et aussi pour réhabiliter la mémoire de tous ceux qui se sont justement sacrifiés pour libérer le pays, la population a versé un lourd tribut. La réparation de la ferme Cortesse, un des symboles de l'identité ménaïlie, nous demandons toujours la réhabilitation de ce lieu qui est l'un des repères de la guerre de Libération et c'est la moindre des choses pour une localité, pour une ville, pour une région qui a vu beaucoup de ses enfants mourir s'exprime un citoyen. Le désir d'en faire un musée reste donc le souhait des citoyens qui pour le moment font de leur mieux pour attirer l'organisation des moudjahidine et à sa tête le ministre des Moudjahidine. Cortesse témoigne d'une période cruciale de l'histoire de l'Algérie. Sa réhabilitation s'impose si on veut réellement lutter contre la culture de l'oubli, les jeunes générations sont en droit de connaître l'histoire de leur pays, ce qui pousse pour la restauration de ces lieux lugubres tels la ferme Germain, des lieux qui ont joué un rôle prépondérant dans la révolution tels que le fort turc dont Bordj-Menaïel tire le nom et dont l'armée coloniale française en avait fait un hôpital militaire. Qu'a fait la kasma des moudjahidine de Bordj-Ménaïel pour remémorer ce lieu ? Rien du tout. Bordj Ménaïel, bastion du nationalisme et de la Guerre de Libération nationale On rend à César ce qui appartient à César, on rend hommage à la région de Bordj-Ménaïel qui a vécu pleinement la Guerre de Libération nationale. Les montagnes de Sidi Ali Bounab, de Timezrit, de Baghlia, de Ghoumrassa, de Ain Skhouna sont, en effet témoins des faits les plus marquants de la wilaya III durant la glorieuse Guerre de Libération nationale, notamment ceux liés à la wilaya IV historique. En fait, les responsables locaux de wilayas et du gouvernement algérien et le peuple au sens propre du mot, savent-ils quelque chose de cette région martyr qui dépendait territorialement de la wilaya de Tizi-Ouzou ? Savent-ils combien de martyrs sont tombés sur cette terre, le nombre et les noms de batailles menées par les troupes de l'ALN ou les noms des grands chefs militaires qui s'y sont battus ? Savent-ils, enfin que des dizaines, des centaines de personnes ont fait l'objet de gazage dans les grottes de Ghar Yahmane, de la grotte de Aïn-Skhouna, dans les grottes de Djerah (un jour de mai de l'année 1956), des personnes qui demeurent ensevelies sous terre jusqu'à maintenant, ils sont considérés comme des chouhada et la réalité, ce n'était pas que des combattants de l'ALN mais 90 % des personnes qui se sont réfugiées dans les grottes de Djerah, croyant échapper aux représailles de l'armée française étaient des civils. Ce massacre de gaz à leur encontre des civils également enterrés vivants était mené en représailles d'un acte de guerre accompli, à cause du fameux groupe d'élite de la wilaya IV historique conduit par Ali Khodja qui venait de décimer tout un peloton de l'armée française, lequel était en opération de reconnaissance sur les hauteurs de Djerah. Il paraîtrait que la katiba de Ali Khodja avait capturé 4 soldats français vivants et récupérer l'armement et les équipements de transmission de ce peloton. Ce succès a poussé les généraux de l'armée française enragés, à déclencher dans l'axe Souk el Had, Béni Amrane et Ammal, une grande opération de ratissage faite de tortures et d'exécutions sommaires cloturée par un génocide. D'ailleurs, la commune d'Ammal et de Thyza dont l'histoire de la Révolution devrait être revisitée étant donné que chaque famille habitant cette région a offert un lourd tribut et a donné les meilleurs de ses enfants afin que l'Algérie arrache son indépendance. Ce qui nous intrigue étrangement, est le silence de la famille révolutionnaire sur les faits historiques, singulièrement le massacre des civils qui sont passés sous silence par la famille dite révolutionnaire. Nous n'avons jamais entendu des moudjahidine de la région dénoncer ces massacres ou même l'évoquer publiquement, des martyrs de cette Révolution de Novembre ceux que l'on surnomme les «Novembristes» ou ceux qui se sont opposés aux forces coloniales le 11 décembre 1960 et qui grâce à eux la «question algérienne» a été entendu aux Nations unies. Mais il y a eu beaucoup de pertes de civils en cette date inoubliable, des gosses qui n'avaient à peine que les onze ans, des «martyrs décembristes», il en existe encore qui sont ignorés ou oubliés par ceux qui ont survécus et qui étaient censés défendre leurs mémoires et leurs sépultures. A Bordj Ménaïel, des exemples de ces martyrs oubliés, il en existe des centaines, et le comble dans cette histoire, c'est la passivité qui caractérise la Direction des moudjahidine, de la Kasma de l'ONM de Bordj Ménaïel. Une direction créée par et pour les martyrs d'abord, ensuite les moudjahidine, les veuves et les enfants de chouhada, c'est un organisme censé faire des recherches et réparer des injustices concernant les chouhada oubliés morts les armes à la main, le ministère des Moudjahidine aurait pu laisser les portes des reconnaissances ouvertes au moins pour les martyrs, en sachant qu'il existerait des centaines de chouhada à l'echelle nationale dont les descendants ou les proches attendent ces réhabilitations pour que leurs martyrs reposent au niveau des cimetières des chouhada aux côtés de leurs frères de combat. Lors de la manifestation du 11 décembre 1960, les Algériens étaient sujets à des exactions sommaires, des centaines de manifestants, drapeaux algériens à la main, étaient stoppés par un dispositif importants de militaires français, qui utilisaient les armes contre des civils dont le seul tort était de demander l'indépendance de leur pays. Aussi, il ne faut pas oublier que durant cette période, quelques jours plus tard, la manifestation se déroulera dans le pays du colonisateur en date du 17 décembre 1961 et où des Algériens étaient soumis à un couvre-feu. Ils manifestèrent et ils payèrent le prix très cher où des dizaines et des centaines sont jetés dans la Seine sans aucune pitié. Les historiens doivent faire des recherches très approfondies dans ce domaine afin de donner la liste de ces Algériens morts pour l'Algérie, car eux aussi, sont des martyrs de l'Algérie.