La militante sahraouie, Aminatu Haidar, a dénoncé lundi devant le Parlement allemand (Bundestag) la grave situation des droits humains dans les zones occupées du Sahara occidental, exprimant sa plus grande préoccupation face à l'escalade des agressions et à la campagne de répression du régime d'occupation marocain contre la population civile sahraouie. Mme Haidar, a souligné que l'intensification de la répression marocaine intervient à un moment crucial pour le processus de paix, marqué par l'absence de médiateur onusien et les obstacles marocains au travail de l'ONU sur le dernier territoire en voie de décolonisation en Afrique. La lauréate du «Prix Right Livelihood 2019», aussi connu comme «Prix Nobel alternatif», a demandé aux députés de différentes forces politiques allemandes et aux membres du corps diplomatique accrédités à Berlin, l'intervention urgente de la communauté internationale, en particulier des pays de l'Union européenne, pour faire face aux pratiques illégales de l'occupant marocain sur le territoire sahraoui et à prendre des mesures pour «faire respecter les résolutions des Nations Unies afin que le peuple sahraoui puisse exercer son droit inaliénable à l'autodétermination et à l'indépendance». «Outre les violations systématiques des droits de l'Homme et la persécution incessante, il y a actuellement plus de 46 prisonniers politiques sahraouis illégalement reconnus coupables par le Maroc», a indiqué la militante sahraouie qui préside l'Association des défenseurs des droits de l'Homme des Sahraouis (Codesa). «Je saisis également cette occasion pour faire une mention spéciale et rendre hommage à la jeune militante Mahfouda Lefkir, détenue illégalement pour le simple fait d'exprimer son rejet de la sentence prononcée à l'encontre d'un membre de sa famille», a encore dénoncé Mme Haidar, soulignant que «Mahhfouda Lefkir est emprisonnée depuis dix jours et n'a pas pu recevoir la visite de ses proches». Elle appelé à, cette occasion, les forces politiques et les organisations allemandes à «s'intercéder pour obtenir la libération immédiate de tous les militants sahraouis des droits humains détenus dans les prisons marocaines». De même, Aminatu Haidar a fait part de son inquiétude face aux «manœuvres» préconisées par certains pays européens, mentionnant clairement la France et l'Espagne, de violer les arrêts de la Cour de justice de l'UE et de continuer à maintenir l'exploitation illégale des ressources naturelles sahraouies à travers des accords commerciaux illégaux avec le Maroc. La militante a rappelé que «la justice européenne a été claire et énergique: le Maroc et le Sahara occidental sont deux territoires distincts et séparés». «Nous ne pouvons accepter que l'Europe fasse partie du problème et constitue un obstacle dans la recherche d'une solution garantissant la paix et la stabilité de la région de l'Afrique du Nord», a ajouté Haidar. Haidar appelle au respect de la légalité internationale Se référant à la situation actuelle dans les zones occupées du Sahara occidental et dans les camps de réfugiés, Aminatu Haidar a souligné que «la prolongation du conflit et le manque de perspectives dans le processus de paix obligent les nouvelles générations à perdre confiance dans le travail de l'ONU et adopter un discours plus radical pour reprendre la lutte armée contre le Maroc». «Il est difficile pour nous de continuer à convaincre nos jeunes de continuer à miser sur la lutte pacifique. Nous devons assumer nos responsabilités pour éviter un nouveau scénario de guerre au Sahara occidental», a-t-elle soutenu. La «Gandhi du Sahara occidental» a appelé à multiplier les initiatives en faveur d'une paix durable, fondées sur le respect de la légalité internationale et la dignité du peuple sahraoui. De leur part, les députés et les invités à la conférence ont exprimé leur inquiétude face à la situation au Sahara occidental occupé et ont félicité l'activiste pour le prix Nobel alternatif 2019. Ils ont également reconnu que le prix venait reconnaître une longue trajectoire de souffrance et de lutte pour la paix et les droits de tout le peuple sahraoui. Aminatu Haidar est actuellement en Allemagne pour lancer un vaste programme d'activités et de réunions dans plusieurs pays européens, organisé par la Fondation «Right Livelhood Foundation». Le Prix Right Livelihood, aussi connu comme «Prix Nobel alternatif» a été décerné cette année à quatre défenseurs des droits de l'Homme et du climat dont, la militante sahraouie Aminatou Haidar. C'est la toute première fois que Right Livelihood honore un Lauréat du Sahara occidental. Se déclarant «honorée» de recevoir le célèbre Prix, Aminatou Haidar a déclaré que cette attribution est «une reconnaissance» de sa «lutte non violente et de la juste cause du peuple sahraoui qui malgré l'occupation militaire et les nombreuses violations des droits de l'Homme élémentaires, poursuit son combat pacifique». «Les Sahraouis méritent d'être soutenus par tous afin qu'ils puissent, un jour, accéder à l'indépendance et à la liberté», a-t-elle ajouté. Les Lauréats recevront leurs distinctions le 4 décembre lors de la Cérémonie du Prix Right Livelihood 2019 à Stockholm. Malgré les menaces de mort et le harcèlement dont elle et ses enfants font les frais, Aminatou Haidar se bat sans relâche pour qu'une solution politique soit trouvée à l'un des plus longs conflits enlisés au monde, s'efforçant d'inculquer les vertus de l'action pacifique aux générations sahraouies montantes.