Les Algérois et les personnes de passage dans la capitale étaient nombreux à se rassembler hier matin devant le tribunal de Sidi M'hamed dans l'attente du verdict d'un procès inhabituel, voire sans précédent, qui a vu défiler à la barre des accusés, deux anciens Premiers ministres, trois anciens ministres, une ancienne wali et plusieurs hommes d'affaires qui passaient pour être extrêmement influents dans le cercle présidentiel. Il faut reconnaître que ce procès a été spectaculaire et a eu sa somme de révélations extraordinaires. On a vu, par exemple, au troisième jour du procès concernant l'octroi d'indus avantages aux opérateurs de montage automobile, l'arrivée au Tribunal de Sidi M'hamed, de Saïd Bouteflika, frère de l'ex-président de la République, Abdelaziz Bouteflika, pour son audition dans le cadre du financement illégal de la campagne électorale de son frère. Le procureur de la République avait demandé la comparution de Saïd Bouteflika, comme témoin, après que son nom ait été cité plusieurs fois lors de ce procès. Le juge d'audience a ensuite ordonné de faire sortir Saïd Bouteflika de la salle d'audience, car ayant refusé de répondre aux questions qui lui étaient adressées. En effet, Saïd Bouteflika a refusé de donner son témoignage. C'est l'homme d'affaires Ali Haddad qui a avoué lors de son audition par le juge, avoir été chargé par Saïd Bouteflika de récupérer l'argent destiné au financement de la campagne électorale du 5e mandat, d'un montant allant entre 700 et 800 Mds de centimes. Hier, le tribunal a procédé, en prévision de l'audience du verdict, à la fermeture jusqu'à l'après-midi, des guichets dédiés à la remise des différents documents administratifs à l'instar du casier judiciaire et du certificat de nationalité. Le procureur de la République avait révélé que les trois opérateurs Mazouz Ahmed (propriétaire de 27 sociétés), Larbaoui Hassan (34 sociétés) et Bairi Mohamed (9 sociétés) «ont exploité leurs relations avec les anciens ministres de l'Industrie Abdeslem Bouchouareb, Mahdjoub Bedda et Youcef Yousfi et avec les deux ex Premiers ministres Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, pour arracher des marchés relatifs au montage et à l'industrie automobile en violation des dispositions législatives et règlementaires en vigueur dans ce domaine, et notamment sans la validation du Conseil national d'investissement (CNI)». Le représentant du Trésor public avait estimé les pertes causées par l'affaire de montage automobile à 128.983.650.708 de DA (plus de 128 milliards et 983 millions de DA). Ces pertes sont reprochées à trois opérateurs poursuivis dans l'affaire, à savoir Mazouz Ahmed, Larbaoui Hassan et Bairi Mohamed.