Les élections viennent de se clore sur la victoire sans appel d'un futur président de la République dont on ne pourra contester ni la légalité ni la légitimité. En l'emportant très largement face à ses adversaires de la compétition démocratique, avec un taux de participation modeste certes mais appréciable pour une première expérience réussie de la transparence électorale, le Président Abdelmadjid Tebboune aura rempli un prérequis nécessaire au redressement du pays pour le sortir de la crise dans laquelle il se trouve. Mais aussi importante soit-elle, cette condition reste largement insuffisante pour hisser le pays hors de l'ornière politique dans laquelle l'ont fourvoyées les forces fédéralistes. En tête des leçons que l'Etat national tire d'ores et déjà de l'unique défaite infligée sur le plan international «à une révolution de couleur » – qui fait du pacifisme subversif, un mode d'action de la déstabilisation, empruntant aux changements révolutionnaires ses formes mais en prenant soin de les vider de tout contenu en rupture avec l'ordre mondialisé - se trouve l'attitude pacifique encore plus grande de nos forces armées et sécuritaires qui a prévalu tout au long de ces neuf mois de tension aux multiples rebondissements. Ce pacifisme d'une amplitude tactique à la hauteur de la culture révolutionnaire de l'ALN, ADN de l'ANP, véritable initiative d'ordre stratégique, ne restera pas sans conséquences sur la nature de l'Etat national que les puissances agissantes de la jeunesse s'apprêtent à refonder dans un processus long et continu qui n'en est qu'à ses balbutiements, porté en cela par les transformations sociologiques et culturelles à l'œuvre dans la société. Reste que l'Algérie a chèrement payé sa victoire sur les forces de la réfutation qui nous appellent in fine au renoncement de notre souveraineté, par une déchirure avec la Kabylie du boycott du vote, travaillée au corps par des extrémistes, habitués aux privilèges et à l'argent facile déversés sur eux par millions de dollars par leurs acolytes de la «bande» maintenant en prison. Il est maintenant urgent de réduire toutes affaires cessantes, les multiplications des agissements que la loi réprouve de manière universelle et, par une politique aussi intelligente que celle qui a été mise en œuvre depuis le 22 février 2019 à l'initiative historique de l'ANP et des forces vives de la nation, d'éradiquer les résidus de l'ancien système. Lorsqu'un Nordine Ait Hamouda, fils d'un héros de la Révolution algérienne, dûment costumé et cravaté pour se draper de l'habit de la respectabilité intervient sur les réseaux sociaux pour saluer « fraternellement » Ferhat Mehenni, chef du MAK, auquel il vient de faire allégeance à la suite d'un Saïd Sadi qui s'empresse de se jeter dans les bras des partisans de l'indépendance kabyle, ce sont les masques qui tombent enfin pour enlever aux partisans manipulés du drapeau amazigh des arguments fallacieux qui, aujourd'hui, s'écroulent du haut de leur construction factice. Saïd Sadi, Nordine Ait Hamouda, Ferhat Mehenni, Mokrane Ait Larbi et d'autres ne sont en réalité que les faces d'une même pièce de monnaie passant des mains vénales des forces fédéralistes défaites à celles toutes aussi prévaricatrices de leurs hôtes d'outre-mer cherchant à détacher la Kabylie mais aussi le Sahara du reste de la nation. La cause de la juste culture amazighe ne les intéresse nullement. Elle est simplement le prétexte bien pratique à une revendication indépendantiste kabyle, soutenue par une France mue par un parti néocolonial de l'intervention au Sahel qui, sous des traits juvéniles, n'a rien à envier aux veilles racailles coloniales d'antan. Il reste que la Kabylie, région qui a généreusement donné le sang de sa jeunesse combattante à la libération du pays, ne saurait être réduite à une région frondeuse et rebelle comme cherchent à la présenter à dessein les tendances politiques qui aujourd'hui tentent de la soumettre par l'intimidation et la terreur. Force restera à la loi aux quatre coins du pays, comme à l'international, ou c'est au niveau des tribunaux que nos consulats comptent bien ester en justice tous ceux qui empêchèrent par les insultes et les contraintes physiques nos ressortissants d'accomplir leur devoir électoral. C'est cette même démarche respectueuse des droits de tout un chacun qui devrait se déployer pour identifier et trainer également devant les tribunaux nationaux ceux qui ont cherché, par la force, à intimider l'immense majorité de nos compatriotes kabyles qui auraient aimé exprimer leur attachement sincère à la Patrie et à sa construction démocratique qui s'annonce d'une vitalité étonnante. Cette action continue de l'Etat, en opposition déterminée aux thuriféraires de l'intolérance et de la haine de soi, trouvera sans nul doute un large écho auprès de ceux qui, dans cette région, les plus nombreux cherchent à se débarrasser des partisans pseudo démocratiques, privilégiant la force de la contrainte, l'argent et le soutien de Paris, s'érigeant en directeurs de conscience d'une population aux besoins culturels spécifiques mais qui ne saurait se résigner aux impasses politiques représentées par les partisans du MAK d'une part et les résidus décadents de l'ancien ordre sécuritaire d'autre part. Dans les failles béantes de la sociologie électorale de la rente qui s'est présentée sous nos yeux durant tout le processus électoral, nous pouvons non seulement lire les enjeux d'accaparement des bienfaits du pétrole par une région qui en a très largement bénéficié comme la Kabylie, mais nous savons aussi déchiffrer ceux qui s'articulent autour des régions productrices du pétrole qui, elles, furent interdites d'en tirer profit. Dans le premier cas les populations se laissent entraîner par la contestation de certaines élites à la mentalité archaïque, visant à tirer par le chantage politique le maximum de la rente pétrolière et dans le second cas, c'est par l'expression de la légitimité à l'Etat central que les électeurs des régions du Sud enjoignent le planificateur à prendre au sérieux les revendications de développement social et économique de leurs territoires trop longtemps abandonnés. Dans les deux cas, nous sommes dans l'obligation de constater que le pétrole soumet la géographie à son économie des logiques différentielles en déployant ses dynamismes fractionnels au profit ultime de la mondialisation dans l'organisation pernicieuse des affrontements et des déchirements qui mettent à bas les plus solides des nations. Accélération des reformes, pause électorale Les forces populaires qui ont prêté mains fortes aux institutions démocratiques ayant émergé du « Hirak » (nous pensons essentiellement à l'Autorité Nationale Indépendante des Elections - ANIE - désormais acquis très appréciable du mouvement social) aux fins d'organiser des élections crédibles, visent à remettre sur rails la redoutable efficience d'un Etat lorsqu'il est en possession de la plénitude de ses moyens de souveraineté. La réfutation insistante et obstinée des institutions de la République par les mots d'ordre douteux des partisans du chaos et de la fitna, cherche à paralyser les actions puissantes de la Présidence, de l'ANP et de la Justice enfin en mesure de retrouver l'initiative stratégique de la proposition politique dont elles furent délestées au profit des « conseils amicaux du Quai d'Orsay » se tenant décidément bien trop aux côtés du peuple algérien qui ne demande pas tant de proximité. Dans les conditions qui sont les nôtres et face aux manœuvres d'isolement de l'Algérie sur le plan international menées par le Président Macron, il est difficile d'organiser dans l'immédiat des élections législatives au risque d'une répétition du scénario du boycott qui ferait le lit des indépendantistes kabyles. Ceux qui réclament à cor et à cri des législatives dans la foulée immédiate des présidentielles souhaitent en réalité prolonger, à l'intérieur, l'action de la France à l'extérieur, en plongeant le pays dans la confusion et la précipitation pour voir se télescoper agenda constitutionnel, institutionnel (Lois sur le Code électoral, les partis et l'information) et questions identitaires sujettes à manipulations aux fins de piéger l'Etat national en proposant en contre alternative une organisation fédérale des pouvoirs. Rien ne serait plus dangereux. Cette situation de boycott par les indépendantistes kabyles qui fait désormais peser une hypothèque sur l'unité nationale doit augmenter la détermination des partisans du processus électoral à accompagner le nouveau Président élu dans sa volonté de reformer en profondeur la Constitution du pays. C'est dans la construction d'un large consensus autour des réformes constitutionnelles, sanctionnées par le référendum populaire que se réalisera une partie du chemin à parcourir pour que tous les enfants de la nation puissent à nouveau se parler en toute confiance. Mais cela restera insuffisant pour la refondation de l'Etat national. Le code électoral, la loi sur les partis et les associations, la loi sur l'information devront également être très largement amendés pour que nous puissions disposer des outils et mécanismes à même d'édifier la nouvelle République algérienne sur les fondations solides du très large assentiment populaire. Il sera alors temps de reprendre (dans deux à trois ans), le processus électoral en commençant par les élections communales et de Wilaya afin de se débarrasser définitivement des résidus de la « bande » qui se nichent au niveau local, détournant les efforts de l'administration et les budgets de l'Etat à leurs seuls profits sur le dos de leurs administrés dont ils ne veulent pour rien au monde les voir se transformer en électeurs exigeants des développements qualitatifs de tous genres. Une stratégie mûrement réfléchie La vaste entreprise de renaissance salutaire qui revivifiera la nation doit prendre en ciseaux les forces réactionnaires intimement articulées à la puissance idéologique et culturelle de l'ex-puissance coloniale, dans un vaste mouvement d'encerclement constitutionnel par le Haut (Présidence, Justice, accompagnement de l'ANP) mais aussi par le bas en s'appuyant sur les réformes institutionnelles qui viseront à libérer l'administration communale et de Wilaya. Il faudra s'appuyer sur des processus politiques électoraux en libérant le potentiel des initiatives de notre jeunesse éduquée soutenu en cela par des réformes fiscales au niveau central et local qui permettront au Trésor public de trouver les marges budgétaires nécessaires à la renaissance des forces vives de la nation contre les puissances réactionnaires qui les mirent sous leur tutelle tant il ne faut pas perdre de vue que cette question cruciale est tributaire de la force matérielle que les forces patriotiques seront capables de mettre en œuvre dans un contexte général de contrainte budgétaire. Des solutions existent pour élargir l'assiette fiscale, mais il s'agit là de réflexions qui viendront en leurs temps une fois définitivement dépassée la crise institutionnelle qui continue à secouer le pays. Les forces de la contestation tout aussi nihilistes qu'infantiles, sans perspectives, actionnées de longue distance viennent d'échouer lamentablement et elles iront de faillites en échecs cuisants au fur et à mesure que la Présidence de la République donnera une traduction politique irréfutable aux revendications du «Hirak» qu'elles soient exprimées à Béjaïa, Tizi-Ouzou, Bouira ou Tindouf, Adrar et Bordj Baji Mokhtar. La plus grande des faiblesses des forces antinationales dont la cristallisation en Kabylie ne se réalise que sur des fondements sentimentaux liés aux identités largement manipulées, est vide de programme politique cohérent. Cela doit constituer un facteur d'encouragement pour tous ceux qui refusent catégoriquement de perdre en cours de route de la refondation de la nouvelle République émergente une quelconque partie non seulement du territoire algérien mais aussi une composante constitutive de son identité éternelle. Il reste beaucoup à faire pour que la victoire éclatante de Si Abdelmajid Tebboune ne se transforme en un triomphe de la nation ressuscitente. Seul, le nouveau président de la République verrait son action ralentie. C'est donc ensemble, en raffermissant le front intérieur, avec tous les Algériens sincères de tous bords, de toutes conditions, de toutes croyances, de toutes les régions que nous éviterons les pièges tendus par des forces qui, près de 60 ans après l'indépendance de ce pays, ne peuvent se résoudre à reconnaître leur défaite historique.