Revenant sur les résultats de l'élection du 17 avril, le MDS souligne d'emblée qu'«avec une très forte abstention et un nombre considérable de bulletins nuls qui se traduisent par la perte de 4 millions de voix à la dernière présidentielle, la victoire électorale accordée à Bouteflika, à l'issue d'un scrutin biaisé, est pourtant grosse de conséquences. Elle pousse le pouvoir dans ses retranchements et condamne le pays à la paralysie, alors que l'instabilité se développe à nos frontières et que le terrorisme islamiste poursuit ses incursions criminelles». Le MDS relève une contradiction fondamentale dans la démarche du pouvoir, qui alterne appel au dialogue et violente répression contre toute velléité contestataire : «Le régime reste miné par ses contradictions internes et est dans l'incapacité d'enrayer la dégradation de la situation socioéconomique de larges couches de la société. La manière extrêmement violente employée contre les manifestants de Barakat à Alger et ceux qui souhaitaient célébrer le Printemps amazigh à Tizi Ouzou est significative de sa volonté de réduire la résistance démocratique coupable de contester sa toute-puissance. Il contredit ainsi sa volonté de dialogue avec l'opposition.» Analysant la composition de la nouvelle équipe Sellal, le MDS estime que «le pouvoir voudrait faire passer le gouvernement comme non-partisan pour mieux effacer son caractère profondément idéologique, celle de la réconciliation qui banalise les alliances contre nature largement au service des intérêts liés à la spéculation, à la corruption et à la prédation». Pour ce parti, c'est un gouvernement destiné à «donner un deuxième souffle (au pouvoir) et lui permettre de poursuivre l'approfondissement de son orientation néolibérale adossée à la rente». Commentant l'offre de dialogue du régime, le conseil national du MDS rappelle qu'Ouyahia est «réputé pour ne pas avoir tenu ses engagements vis-à-vis du Mouvement citoyen de Kabylie». Sur le fond, le parti considère que «les modalités et le contenu des premières propositions disqualifient toute la démarche du pouvoir». «Il est incapable de résoudre la crise de la nature de l'Etat, mais refuse de consommer l'échec de ses précédentes tentatives de réformes. Il croit, ainsi, pouvoir imposer son agenda à une classe politique à laquelle il a déjà infligé une recomposition autoritaire, installant sa propre opposition, en vain». Selon la lecture du MDS, la démarche du régime s'évertue à résoudre une crise de légitimité que l'élection du 17 avril n'a pas réglée : «Son initiative de révision consensuelle de la Constitution, autour de ce qui serait, au mieux,une République procédurale dont il perçoit certainement les limites et appréhende l'échec, montre qu'il semble céder à la tentation de prendre de vitesse l'opposition démocratique la plus conséquente et duper l'opinion pour se doter d'une légitimité qu'elle lui a refusé le 17 avril dernier.» A partir de là, le conseil national du MDS ne peut qu'opposer un niet catégorique à l'offre présidentielle : «La démarche de réforme de la Constitution initiée par Bouteflika ne peut pas rencontrer l'approbation du MDS, aussi bien dans le fond que dans la forme.» Et d'ajouter : «Le conseil national du MDS rejette les illusions coûteuses et les solutions de replâtrage.» En guise d'alternative, le MDS «invite à un large débat dans la société autour de l'exigence de refonder la République». Dans la foulée, il annonce «la préparation de son congrès, qui devrait se tenir au début du dernier trimestre de l'année, pour réaffirmer son ancrage et consolider sa vocation d'instrument politique au service des aspirations des travailleurs, des forces de la production et des larges couches populaires». Pour finir, le MDS appelle «les citoyens, à travers tout le pays, à se rassembler et se mobiliser contre l'arbitraire et à redoubler de vigilance pour mettre en échec la tentative du pouvoir de pérenniser son orientation despotique néolibérale».