Permettez-moi d'abord de remercier le Haut-Commandement de l'ANP et Mr le directeur de l'Imdep de cette aimable invitation sur un sujet combien stratégique pour le devenir de notre pays, réseaux sociaux au Maghreb et au Moyen-Orient : quel impact sur les transitions politiques dans la région. Mon intervention portera sur le thème « l'Algérie face à la quatrième révolution mondiale : maîtriser les nouvelles technologies, facteur déterminant de la sécurité collective et du développement. Grâce aux nouvelles technologies et à leur prolifération non maîtrisée, ces conflictualités sont susceptibles d'utiliser toute la panoplie des capacités actuelles : armement sophistiqué, maîtrise de l'information, diversité des types d'agression (capacité d'exporter une menace n'importe où dans le monde), générant des menaces (cyber-délinquance, cybercriminalité, etc.) qui mettent en évidence l'insuffisance des systèmes de sûreté ou de substitution dans les sociétés modernes. En effet, les moyens modernes de communication facilitent l'expression libre et la circulation, via les réseaux, des idées les plus extrêmes, dans un but revendicatif, subversif ou prédateur. Elles peuvent atteindre tous les pans de la société : cohésion sociale, légitimité de l'autorité, pertinence du modèle économique, sociétal ou religieux. Ainsi véhiculées, les techniques d'agression » de toutes natures se propagent, et contribuent d'autant plus à la fragilisation des « cibles » potentielles qu'elles s'appuient souvent sur l'image, support d'émotion. Aussi, seule une composante humaine compétente et capable d'assimiler les nouvelles techniques et les technologies avancées est la seule à pouvoir se mettre au diapason des défis accélérés imposés par le devoir de la sauvegarde de l'indépendance de l'Algérie et la préservation de sa souveraineté nationale. Comme je l'ai souligné lors d'une conférence devant le parlement européen à Bruxelles en 2013 et dans une longue interview à l'American Herald Tribune en aout 2018 , l'Algérie est une pièce maîtresse de la stabilité de la région méditerranéenne et africaine , à travers les importantes actions de l'ANP et les différents services de sécurité. C'est que les enjeux au en Afrique du Nord et au Sahel préfigurent d'importantes reconfigurations géopolitiques et géoéconomiques dans une zone sensible, auxquelles l'Algérie ne saurait échapper. Ces enjeux sont intiment liés aux nouvelles mutations mondiales actuelles qui devraient qui conduire à de profondes reconfigurations socio-économiques, technologiques mais également sécuritaires. D'où des défis politiques, économiques sécuritaires pour l'Algérie devant saisir la manière dont les parties externes s'engagent dans le règlement des conflits et notamment la relation entre les Etats, les organisations internationales, les sociétés civiles mondiales et locales. C'est que les crises internationales ont toujours concerné de nombreux acteurs. Mais traditionnellement, en dehors de l'organisation de sécurité collective à vocation universelle et à compétence générale qu'est l'ONU, leur gestion revenait avant tout aux Etats. Or nous assistons entre 2010/2020 à un phénomène nouveau dans les conflits où nombreux autres acteurs y participent. On où le champ est composé d'une multitude d'acteurs et d'approches avec un morcellement des actions, de nouvelles conflictualités où leurs acteurs se caractérisent souvent par l'illisibilité de leur organisation et l'imprévisibilité de leurs actions multiformes ce qui m'amène à traiter de la maitrise du nouveau système d'information condition du développement et de la sécurité. La maîtrise des nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC) ont des implications au niveau de la gouvernance sécuritaire, politique, la gestion des entreprises et des administrations et un impact également sur notre nouveau mode de vie, renvoyant au savoir et à l'innovation permanente. Politiques, entrepreneurs, citoyens, doivent en ce monde turbulent et incertain doivent prendre des décisions en temps réel, la maîtrise du temps étant le défi principal du siècle. L'interaction de l'électronique et de l'informatique explique que les applications des NTIC puissent répondre aux besoins aussi bien des institutions stratégiques que des entreprises et des individus. La globalisation des entreprises, des marchés et des circuits de la finance n'a pas seulement impliqué un remodelage des structures économiques et des flux d'échange, elle a aussi conduit à la professionnalisation de la communication et de l'information, ainsi qu'à une intégration de plus en plus poussée des phases de la conception, de la création et de la consommation des produits, parallèlement à la fusion de sphères d'activités jadis séparées, voire opposées. Plus qu'une ouverture vers le grand public les TIC révolutionnent l'organisation interne de de toutes les organisations. L'infrastructure de l'Internet se répand aujourd'hui autour du monde pour créer un large réseau mondial et ce grâce à l'informatique qui permet aujourd'hui de numériser les informations qui fait l'objet d'une attention particulière de la part des Etats et des organisations internationales. Ces nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC) changent donc profondément la vie au quotidien des citoyens, le fonctionnement des entreprises, de l'Etat. Tout cela entraîne de nouvelles représentations mentales et sociales. Cela est plus patent au niveau multimédia (TV, vidéo à la demande, GPS, musique…) sur les téléphones portables. Les TIC influencent également la recherche scientifique et technique et permettent indirectement de réaliser de nouvelles découvertes qui ont à nouveau un effet macroéconomique. L'avènement d'Internet et le développement formidable qu'il connaît depuis quelques années ont pratiquement mis en demeure les institutions civiles, militaires et les entreprises l'entreprise – de quelque importance qu'elle soit – de s'adapter et d'en faire l'usage le plus judicieux et le plus productif. Les NTIC permettent de mettre en place des modèles d'organisation du travail dont les principales caractéristiques sont la décentralisation et la flexibilité. Le phénomène de délocalisation de l'emploi tient largement de la recherche des gains de productivité et des possibilités offertes par les NTIC aux entreprises: télé-saisie, télétraitement et télémaintenance informatique sont maintenant une réalité de tous les jours. D'où l'importance de la maitrise de l'intelligence économique dont sa gestion stratégique est devenue pour une Nation et l'entreprise d'une manière particulière, l'un des moteurs essentiels de sa performance globale et de sécurité L'intelligence économique intègre deux dimensions supplémentaires par rapport à la veille : la prise de décision et la connaissance de l'information.Le modèle d'Intelligence Economique recouvre en trois concepts. Nous avons d'abord les données qui sont des nombres, des mots, des événements existants en dehors d'un cadre conceptuel de référence. Ensuite nous avons l'information qui est l'accumulation de données, traitées et transformées qui deviennent des informations, validées et confrontées, qui commencent à avoir un sens. Enfin nous avons la connaissance qui est l'ensemble d'informations interprétées qui permet de prendre des décisions. Une Nation ou une entreprise sera meilleure que ses concurrents si elle possède, avant les autres, les bonnes informations au bon moment, qu'il s'agisse de connaissance de l'adversaire dans le domaine militaire, des marchés, d'informations juridiques, technologiques, normatives ou autres. Pour creuser son avantage compétitif, une Nation doit pouvoir créer une asymétrie d'information à son avantage. Cela renvoie à des enjeux sécuritaires, politiques, économiques et technologiques. C'est aussi pour cette raison que les gouvernements apportent leur assistance dans l'enseignement et l'éducation des dirigeants d'entreprise, afin qu'ils utilisent l'intelligence économique pour renforcer leur habilité en matière de gestion. D'où l'appui aux entreprises pour l'accès aux volumes importants d'informations sur le commerce international détenu par les départements et agences ministériels, les Services de renseignement et de contre-espionnage, mettant en place un service d'information économique au profit des entreprises engagées dans le commerce extérieur. Dans un contexte de concurrence internationale tant politiques, militaires, qu'économiques la propriété industrielle sous divers aspects, (brevets, marques, modèles, savoir-faire, droits d'auteurs, veille technologique, secret, protection de logiciels, transfert technologique, accords de licence, droit de la concurrence, etc.) devient de plus en plus un enjeu majeur. Beaucoup d'entreprises tentent de soutirer à leurs concurrents des technologies, des fichiers de clients, des secrets commerciaux, des structures de coûts de produits, des spécifications et procédures de fabrication de produits et des plans de développement. C'est pourquoi, actuellement la majorité des Etats développés contribuent à assurer au sein des entreprises le contrôle de la sécurité des bases de données internes pour faire face aux piratages des données. Les motivations des pirates informatiques ont évolué : du piratage de logiciels de la part d'amateurs dont la motivation essentielle consistait à voler pour leur usage personnel, nous sommes passés à un piratage « professionnel » d'ordre économique (détournements d'argent) et piratage industriel, proche de l'espionnage. Les interceptions de communication ont aussi évolué. Des écoutes téléphoniques nous sommes passés aux interceptions des messages électroniques. Lorsqu'un mail est envoyé de façon habituelle, il n'est pas crypté et peut transiter par une dizaine de proxies qui jalonnent le parcours vers sa destination. Or, ces derniers conservent, pour des raisons techniques mais aussi légales, une copie des messages reçus. Les informations contenues dans le corps du message et dans les fichiers joints peuvent donc être lues par autant de responsables de proxies que nécessite le trajet. (A suivre) Professeur des universités Dr Abderrahmane Mebtoul Expert international