Après la rencontre à Alger, le mois dernier, du Président du Conseil présidentiel du gouvernement de l'union libyenne, Fayez El Serraj, considéré comme un premier pas de la diplomatie algérienne à l'international pour discuter du développement de la situation en Libye et de l'éventuelle aboutissement à un compromis de paix, le ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, s'est déplacé, hier à Benghazi (Est de la Libye), pour rencontrer le maréchal Khalifa Haftar. Cette visite s'inscrit dans le cadre de la poursuite des efforts de médiation et de concertation qu'a entamé Alger depuis des mois afin de trouver une entente entre camps rivaux en Libye. Ce n'est pas la première fois que la diplomatie algérienne rencontre le maréchal Hafter. Elle n'a pas cessé d'œuvrer pour régler le conflit en Libye depuis 2014. Après l'échec avéré de la politique de l'ONU et de l'OTAN dans le pays, provoquant l'escalade militaire de grande intensité. Mettre fin à ces combats qui font rage pour assurer la sécurité et la stabilité dans la région nord-africaine et du Sahel est l'objectif principal de l'Algérie qui a toujours exprimé sa disponibilité pour mener et abriter un dialogue sérieux entre les deux adversaires. Depuis la dernière conférence de Berlin sur la Libye qui n'a pas atteint le résultat souhaité, l'Algérie tente de réussir son pari et son engagement diplomatique. Elle enchaîne les rencontres et les concertations avec les différents antagonistes afin de transformer l'actuel appel à la trêve à un accord de cessez-le-feu durable. Les deux hommes se sont penché hier sur « les derniers développements en Libye », en évoquant le «rôle de l'Algérie appuyant le retour de la stabilité dans ce pays déchiré par la guerre», a rapporté le service de presse du maréchal Hafter. En dépit de son opposition à toutes perspectives de paix proposées par d'autres pays, à citer la rencontre de Moscou, qui s'est soldée par un échec total après que le maréchal Haftar ait quitté précipitamment la rencontre initiée par Moscou et Ankara, l'homme fort de l'Est libyen a salué « le rôle positif de l'Etat algérien qui œuvre à trouver une solution à la crise », note la même source. L'approche diplomatique algérienne vise à conclure un accord de cessez-le-feu durable afin de mettre fin aux combats armés qui ravagent le pays depuis 2011. La disponibilité et la disposition de l'Algérie à abriter le dialogue et entamer des discussions sérieuses entre le Conseil présidentiel du gouvernement de l'union libyenne, présidé par Fayez El Serraj et le maréchal Khalifa Hafter serait un premier pas vers le règlement pacifique et politique de la crise. Une proposition que les deux parties semblent accepter et adhérent à la résolution politique de la crise que les tentatives d'ingérence étrangères ont transformé en un conflit de grande intensité qui menace tous les pays voisins et surtout risque d'aggraver la situation dans le Sahel. L'Algérie a toujours soutenu la voie des négociations pour mettre un terme à un conflit que certaines parties ont attisé par l'armement des deux troupes, depuis 2011, afin de protéger leurs intérêts communs. Ce qui a ouvert par conséquent la violation incessante de l'embargo sur les armes en Libye imposé par l'ONU. Cette dernière n'a réussi qu'à élargir les zones de combats en l'absence d'une réelle présence sur le sol libyen pour faire respecter cet accord que la communauté internationale a négligé. Résultat un pays en ruine et une population abandonnée et vouée à son propre compte. L'Algérie s'est toujours opposée à l'immixtion étrangère et la militarisation des milices des deux adversaires, en appelant la communauté internationale et le Conseil de sécurité de l'Onu à assumer ses responsabilités en Libye. Une position que le président, Abdelmadjid Tebboune a réitéré lors de la précédente rencontre de Berlin sur la Libye. Le même point a été abordé par les différents hauts responsables d'Etat des pays voisins qui se sont réunis la semaine dernière à Alger et ont convenu de s'impliquer dans le règlement politique de la crise en Libye afin d'éviter l'embrasement et l'explosion du conflit dans la région. Bien que le conflit libyen et la difficulté de réunir les deux parties belligérantes autour d'une même table procure des sueurs froides à Alger qui a peur pour son économie et ses frontière, la diplomatie algérienne n'a toutefois pas lésiné sur les moyens. Elle a réussi à se faire de nouveaux alliés et surtout à s'affermir en dépit des rumeurs et des provocations de certaines parties visant à déstabiliser sa stratégie. Pour rappel, depuis 2014, Alger s'entretient et se concerte avec les deux parties libyennes en vue de ralentir l'escalade militaire à ses frontières.