A une semaine d'intervalle, un Algérien «à part entière», le Pr Jean-Paul Grangaud, et une Algérienne de fait et de cœur, Me Gisèle Halimi, sont décédés récemment, l'un mardi dernier à Alger, à 99 ans, et l'autre, le mardi précédent, à Paris à l'âge de 93 ans. Le Pr Jean-Paul Grangaud, l'un des piliers de la santé publique en Algérie, Me Gisèle Halimi, une des membres du collectif d'avocats du Front de libération nationale (FLN) ayant défendu la cause algérienne pendant la révolution de libération nationale, deux personnes d'exception, qui ont participé au combat de l'Algérie pour son indépendance. Leur engagement n'était dicté par aucun calcul, il était totalement désintéressé, leurs vies d'après l'indépendance l'a indéniablement prouvé. «L'idée d'être au service de l'Algérie et de la choisir comme patrie m'est venue dès mon adhésion à la lutte pour la cause nationale, à l'âge de 24 ans, alors que j'étais médecin interne à l'hôpital d'El Kettar, et ce, après avoir tissé des liens avec les militants du Front de libération nationale (FLN), entre 1961 et 1962, période où j'approvisionnais les moudjahidine de La Casbah en médicaments», avait confié le Pr. Jean-Paul Grangaud à l'APS. Le Pr Jean-Paul Grangaud a été mis en terre mercredi, au cimetière chrétien d'El Madania où est enterré un autre grand patriote, le chahid Henri Maillot, en présence d'officiels, des proches, d'anciens élèves et collègues ainsi que de nombreux amis, tous réunis dans un recueillement à la hauteur de l'humaniste et du praticien engagé. «Nous avons perdu un professeur mais également un grand homme et un des meilleurs fils de l'Algérie, a confié à la presse le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Abderrahmane Benbouzid. La même reconnaissance a été a été exprimée à la regrettée avocate et militante Gisèle Halimi l'hommage qui lui a été rendu par le directeur général des Archives nationales et conseiller auprès de la Présidence de la République, chargé des Archives nationales et de la mémoire nationale, Abdelmadjid Chikhi, à une moudjahida dans les rangs de la révolution de libération nationale à travers son militantisme et sa lutte dans les tribunaux coloniaux français, pour faire face à l'impitoyable machine coloniale. «L'Algérie n'oubliera jamais les avocats qui ont pris position en faveur de la révolution, dont la regrettée avocate Gisèle Halimi qui a brillamment défendu la moudjahida Djamila Boupacha», a poursuivi M. Chikhi, mettant l'accent sur le rôle pivot du collectif de défense du FLN depuis 1956 dans les tribunaux militaires et civils français pour défendre et accompagner les militants et les moudjahidine poursuivis».