Pour remettre de l'ordre dans l'économie nationale et la libérer de sa dépendance à l'étranger, notamment, à la rente pétrolière, l'Algérie doit rompre définitivement avec l'ancien système. Un système qui a encouragé la bureaucratie et bloqué toutes les perspectives d'investissement et d'émancipation de la production nationale, victime de l'arbitraire et de la mauvaise gouvernance. Dans son entretien sur les ondes de la radio nationale, la Chaîne III, le ministre délégué à la Prospective auprès du Premier ministre, Mohamed Cherif Belmihoub, a mis l'accent sur l'impératif de profiter de cette période afin de mener des réformes institutionnelles et structurelles profondes afin de rompre avec les pratiques dépassées et des modèles économiques défaillants tels, par exemple celui de l'économie linéaire ainsi que l'utilisation à outrance de l'énergie fossile. Pour ce spécialiste en économie, l'Algérie doit impérativement aller vers un modèle de croissance durable plus propice et s'adapterait à un nouveau départ. « Il y a nécessité absolue à déboulonner l'actuel système économique, autant dans sa configuration institutionnelle, que dans sa dimension structurelle, car tel qu'il fonctionne, et en lui octroyant tous les moyens possibles, il n'est pas apte à produire de la richesse», a-t-il indiqué, évoquant dans ce contexte, les efforts de l'Etat de relever ce défi en commençant par promouvoir la participation de tous les acteurs économiques, sociaux et institutions afin de déboucher sur de nouvelles propositions constructives. C'est d'ailleurs l'objectif de la rencontre d'aujourd'hui et demain, organisée au Centre international des Conférences (CIC) à Alger entre le gouvernement et les partenaires économiques et sociaux pour examiner et évaluer la situation économique du pays, au bord de la déprime, précipitée par l'érosion des réserves de change et la chute des cours du gaz naturel et du pétrole, mais aussi de la crise sanitaire qui a bousculé toutes les prévisions et programmes économiques. Cette deuxième réunion tripartite «s'inscrit dans une démarche inclusive et qu'elle est destinée à connaître les préoccupations des différentes parties prenantes et à prendre note de leurs recommandations pour relancer la machine économique du pays», a précisé l'intervenant, ajoutant que durant «les 11 ateliers qui y seront créés, seront abordés plusieurs dossiers relatifs au développement des secteur agricole et minier, de l'énergie, de l'investissement, du commerce extérieur, des microentreprises, des transports, de la logistique, du BTPH, de l'industrie pharmaceutique», soit l'ensemble des activités en relation directe ou indirecte avec la production et l'économie. Des secteurs lourdement impactés par les retombées de la crise sanitaire et économique qui a provoqué une crise financière sans précédent. Cette deuxième tripartite au chevet de l'économie nationale, mais aussi de la situation sociale. Elle traduit la volonté, patente de l'Etat d'accélérer la mise en place d'un nouveau modèle économique «après une longue période de léthargie, marquée par des gaspillages de ressources», a souligné M. Belmihoub qui a estimé que «le moment est venu de remettre de l'ordre dans notre économie, tant au niveau de ses structures que de ses institutions». L'économiste a plaidé pour laisser la liberté aux investisseurs et les libérer du mammouth bureaucratique. «Il faut, désormais, laisser la liberté aux investisseurs, de ne pas les brider, ni les corrompre, afin qu'ils puissent mettre en oeuvre leur génie», a-t-il soutenu, en affirmant sa confiance et optimisme quant à la volonté des investisseurs et des porteurs de projets de briser tous les verrous et relever les défis économiques. Il faudrait profiter de cette énergie et détermination pour sortir de la crise actuelle. «Il est fondamentale de dégager tous les obstacles à l'émergence d'une économie basée sur la concurrence, au détriment d'une économie administrée propice aux oligopoles publics et privés qui s'adonnent à des captures de rentes», a-t-il indiqué, estimant que « sans une gouvernance économique transparente, responsable et redevable, on ne peut obtenir aucun résultat». Dans sa réponse sur les efforts de l'Etat pour accompagner ces opérateurs économiques pour la relance économique, M. Belmihoub a affirmé qu'«elle est construite sur une approche très pragmatique et soutenable sur le plan budgétaire et qu'il est destiné, avant la fin de 2020, à se traduire par des actions à effets immédiats sur les entreprises et la vie des citoyens». Quant à la capacité financière de l'Etat pour mettre en œuvre cette stratégie, le ministre délégué à la Prospective s'est montré confiant concernant la résilience économique du pays, affirmant que «l'Algérie n'est pas en faillite».