Pour qu'elles ne disparaissent pas, le ministre de l'Industrie, Ferhat Ait Ali parle de recapitalisation des entreprises publiques mises à mal par les multiples crises de trésorerie, évoquant les options de leur désendettement afin de les sauver. En évitant en contrepartie tout abus de crédit public, il propose l'accroissement de la valeur des entreprises en difficulté via la Bourse. C'est la solution que devra adopter, désormais, l'Eniem en raison de la restructuration répétée de ses créances, sans aucun résultat apparent. La remise à niveau de cette société constitue un véritable casse-tête pour l'Etat qui tente de trouver une solution durable à ses problèmes structurels et financiers. De même pour plusieurs autres entreprises publiques qui ne disposent plus de trésorerie suffisante pour couvrir leur besoin en fonds de roulement. Dans ce cas, l'ouverture du capital des entreprises publiques, «nécessitant une recapitalisation», est inévitable comme l'a expliqué le ministre de l'Industrie, ce qui signifie, effectivement, la privatisation progressive de celles-ci. Ce choix se fera après le résultat de l'audit global du secteur industriel. «La meilleure option d'ouverture de capital serait à travers la Bourse pour permettre aux épargnants algériens de refinancer le tissu industriel national réduisant ainsi le recours au Trésor public», a-t-il souligné, avant-hier, à l'APS en marge d'une réunion de travail dédiée à la filière industrielle de l'électronique et de l'électroménager en présence d'opérateurs nationaux publics et privés. Ce qui se fera après «la réalisation d'une étude globale du secteur public pour désigner ce qui est privatisable et pour fixer les conditions d'accès aux capitaux» Le ministre de l'Industrie a hérité d'un secteur délabré, difficile de faire un bilan des performances et de la fiabilité de ses entreprises à l'agonie en raison de la mauvaise gestion et de la corruption qui ont accéléré la destruction du tissu industriel national. L'Eniem et l'Enie risquent de disparaître pour des raisons évidentes qui ont provoqué l'accélération de l'accumulation des créances, malgré le soutien financier de l'Etat pour restructurer leur dette. Une situation douteuse qui nécessite le réaménagement de ces entreprises. L'Etat ne peut supporter davantage les pannes répétitives de trésoreries de l'Eniem dont l'activité est à l'arrêt pour une période d'un mois. Les experts financiers et les économistes n'ont cessé d'alerter sur le naufrage des entreprises publiques si les pouvoirs publics n'accéléreraient pas leur réforme. Le problème aujourd'hui est au-delà des réformes. Il faut d'abord les maintenir en vie avant de redynamiser leurs activités. Un défi que compte relever le ministre de l'Industrie qui a déjà élaboré un plan de sauvegarde qui réside en «l'ouverture de capital social des entreprises publiques nécessitant une recapitalisation cyclique», a-t-il déclaré, indiquant que cette opération «devrait s'établir à travers la Bourse». Les entreprises étatiques sont fragilisées après des années de mauvaise gestion et de corruption. Longtemps sacrifiées au profit de la manne pétrolière et de certains lobbyings privés qui ont colonisé le marché industriel. Relancer le tissu industriel qui ne contribue qu'à moins de 4% au PIB est un pari difficile que compte relever l'Etat dans une «approche optimiste» . Pour gagner ce pari, l'Etat doit aussi rattraper le terrain perdu et dynamiser la Bourse d'Alger qui peine à décoller, ce qui pourrait avoir un léger effet positif sur la Bourse en berne depuis des années. La privatisation de ces entreprises en détresse financière est de plus en plus évidente. Une arme à double tranchant. La privatisation des entreprises publiques dans le passé, pour rappel, a débouché sur des échecs de la «politique du développement». Des erreurs que ne souhaite, sûrement, pas reproduire l'Etat aujourd'hui pour assainir les comptes publics. Faire du secteur industriel public un fer de lance est une tâche qui n'est pas aisée et nécessite une stratégie nationale efficace. C'est l'objectif de l'audit global engagé par le ministère de l'Industrie. Egalement, tenter de prendre en charge les difficultés auxquelles font face l'Enie et l'Eniem depuis plusieurs mois. Une rencontre réunissant les responsables de ces deux entreprises ainsi que les représentants des établissements financiers publics est prévue demain afin de «discuter d'un plan de relance pérenne pour ces entreprises publiques non un plan d'urgence qui soit conjoncturel». En conclusion, le gouvernement ne veut plus de solutions «expéditives et conjoncturelles», mais des plans de restructuration durable. «Nous allons organiser une réunion pour trouver une solution rapidement mais pas dans la précipitation, permettant à ces entreprises de présenter leurs plans d'action et discuter avec les banques dans le cadre de la relance de l'activité sur les moyen et long termes», a déclaré M. Ait Ali.