«L'industrie pétrolière et gazière africaine est confrontée à des défis, qui vont se manifester encore plus, alors que le monde s'efforce de passer des combustibles fossiles aux énergies renouvelables», a déclaré, le ministre de l'Energie et des Mines, Mohamed Arkab, lors de son discours d'ouverture des travaux de la réunion extraordinaire du Conseil des ministres de l'Organisation africaine des pays producteurs de pétrole (APPO), jeudi dernier. Face aux mutations économiques mondiales, les pays africains doivent s'unir pour renforcer leur présence sur le marché international et surtout adopter un nouveau plan et une réaction rapide pour limiter sa dépendance aux compagnies pétrolières étrangères qui ont monopolisé l'industrie pétrolière et gazière dans ces pays. Cette situation a exacerbé les inégalités et, progressivement, mène ces pays à la famine énergétique d'ici quelques années, si les pays producteurs du gaz et de pétrole n'agissent pas rapidement et n'intègrent pas le renouvelable dans leur politique nationale. Toutes ces questions sont posées lors de ladite rencontre par visio-conférence, lors de laquelle, les participants ont tenté de présenter et de proposer des solutions durables, à cette impasse pétrolière et s'orienter vers le renouvelable. Une valeur sûre pour se débarrasser de leur dépendance aux hydrocarbures. Au-delà de l'objectif de mettre un terme à la pollution pétrolière devenue endémique, les pays membres de l'APPO veulent réduire la présence des multinationales sur leur continent et s'approprier leur propre expertise et technologie, ce qui est un défi majeur pour prendre le contrôle de ses richesses souterraines. Ainsi arrêter d'importer du carburant depuis l'étranger, considéré plus toxique, comparé à celui commercialisé sur les autres marchés. Pour atteindre cet objectif commun, ils doivent trouver de nouvelles perspectives pour le pétrole et développer le secteur du raffinage qui se heurte, en dépit des progrès, à divers obstacles, dont le manque de coopération régionale qui impacte toute tentative de construction d'un marché pétrolier africain, inclusif. Dans son discours, M. Arkab a évoqué la nécessité de souder les liens entre les pays producteurs de pétrole et de gaz afin de développer l'industrie pétrolière tout en valorisant l'énergie verte. L'Algérie s'oriente progressivement vers le renouvelable pour concilier développement économique et efficacité énergétique. Il est primordial d'unir leurs efforts et choisir leur priorité pour gagner ce pari. Saisissant cette rencontre, dans un contexte sanitaire et économique particulier, M. Arkab, a invité «les pays africains producteurs de pétrole à un effort commun et solidaire pour trouver des solutions aux défis multiples qui se dressent devant le secteur des hydrocarbures, évoquant notamment la transition énergétique et le manque de financements destinés aux projets de combustibles fossiles». Il a appelé, également, à la prévoyance collective et surtout à anticiper le désintérêt des investisseurs au secteur des hydrocarbures en raison des nouvelles mutations internationales qui imposent de nouveaux modèles économiques en adéquation avec les changements climatiques. Un facteur non négligeable qui dicte les nouvelles orientations politiques et économiques. «Certaines des principales institutions financières multilatérales du monde, la Banque mondiale, la Banque d'investissement et même des institutions financières privées ont annoncé publiquement leur intention de mettre fin aux prêts destinés aux projets de combustibles fossiles», a-t-il souligné, rappelant, «l'accord de Paris sur le changement climatique, signé en 2015, vise à mettre fin à l'utilisation des combustibles avant la date de 2050, d'où la nécessité de trouver l'équilibre entre l'évolution du monde et les défis particuliers qui s'imposent au continent africain», a-t-il plaidé. Cette nouvelle politique n'est pas sans conséquences sur les pays africains, toujours dépendants des hydrocarbures. «Les pays africains risquent d'avoir des actifs immobilisés et de ne pouvoir vendre leurs ressources au monde extérieur, ni les utiliser pleinement pour leurs propres besoins», a indiqué M. Arkab, expliquant, que «de plus, les législations et directives prises dans beaucoup de pays imposent des restrictions et des sanctions pécuniaires quant à l'utilisation des énergies fossiles. Tous ces changements et tendances nouvelles se produisent à un moment où nos pays sont hélas encore très dépendants des revenus des énergies fossiles pour le financement du développement économique et social». Le ministre de l'Energie et des Mines a adopté, relativement, un discours alarmiste, mais utile et nécessaire pour motiver les pays africains producteurs des hydrocarbures, y compris l'Algérie, à accélérer leurs réformes et soutenir l'énergie renouvelable afin de s'adapter à l'évolution du marché international. Pour rappel, les travaux de la 40ème réunion du Conseil des ministres de l'APPO, présidés par l'Algérie pour 2021, lancés jeudi dernier entre les ministres africains étaient placés sous le thème de «l'avenir de l'industrie pétrolière et gazière en Afrique à la lumière de la pandémie et de la COP 21».