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«La décision de l'UA sur le conflit au Sahara occidental a torpillé la stratégie marocaine»
ONU-UA/Sahara occidental
Publié dans La Nouvelle République le 21 - 03 - 2021

Le ministre sahraoui des Affaires étrangères, Mohamed Salam Ould Salek, a affirmé samedi que la décision du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l'Union africaine (UA) sur le conflit au Sahara occidental avait «torpillé la stratégie marocaine et anéanti ses ambitions de mettre en échec le processus onusien de décolonisation du Sahara «occidental».
Dans une déclaration à l'Agence de presse sahraouie (SPS), en réaction au rejet par le Maroc, à travers son ministre des Affaires étrangère, de la décision du CPS en faveur du droit du peuple sahraoui, M. Ould Salek a rappelé que lors du 14e Sommet extraordinaire des Chefs d'Etat et de Gouvernements pour «Faire taire les armes», «l'UA a décidé d'assumer ses responsabilités, en tant que garant avec l'ONU du Plan de règlement du conflit du Sahara occidental, signé en 1991 entre les deux parties (RASD et Maroc)». Se félicitant de cette reprise d'initiative «après trois décennies d'entraves et d'attermoiements par le Maroc en connivence avec des puissances, à l'origine de l'invasion et de l'agression du peuple sahraoui, et qui continuent à empêcher le parachèvement de sa souveraineté sur l'ensemble de son territoire», il a estimé que la décision du CPS «vient torpiller la stratégie et anéantir les ambition du colonisateur de mettre en échec le processus de décolonisation».
«L'occupant marocain a pris l'habitude de se complaire avec une mission onusienne passive face à l'entrave du processus ONU-UA de décolonisation du Sahara occidental car confiant en le soutien de parties connues, qui l'appuient dans la poursuite de son occupation et le protège dans son impunité», a souligné le chef de la diplomatie sahraoui.Evoquant la réaction officielle du Maroc, M. Ould Salek a indiqué que «ces déclaration renvoient au langage de l'Apartheid, qui ne cessait de rejeter les résolutions de l'Organisation de l'unité africaine (OUA)». Et d'enchaîner que ces propos «dénotent des communiqués de Pretoria en réponse aux décisions de l'ONU sur l'indépendance de la Namibie et ceux visant à mettre un terme à l'occupation et à l'Apartheid en Rhodésie et en Afrique du Sud », a déploré M. Ould Salek. Affirmant que la RASD dénonce «le mépris flagrant» affiché par le Maroc à travers cette position à l'égard des hautes instances de l'UA, il a affirmé que cette dernière « doit prendre les mesures adéquates pour imposer le respect de sa Charte et de ses décisions, y compris à travers des sanctions contre la politique d'obstination du Makhzen».
La Commission de l'UA avait rendu publique, jeudi, la décision prise par les chefs d'Etat africains au sujet du Sahara occidental en dépit d'un intense lobbying et d'une féroce campagne médiatique menés par Rabat, visant à faire croire à l'échec de la réunion tenue, le 9 mars, par le Conseil de la paix et de la sécurité de l'Union africaine, consacrée, en partie, à la question sahraouie. La décision du CPS remet la question sahraouie dans son véritable contexte de décolonisation, en insistant sur le droit inaliénable du peuple sahraoui à l'autodétermination ainsi que sur la responsabilité de l'organisation continentale. Ni les contrevérités diffusées par la presse marocaine, ni les méthodes connues de la délégation du Maroc à l'UA, n'ont réussi à empêcher la diffusion de cette décision très favorable à la cause sahraouie. Le régime marocain risque, en poursuivant sa guerre dans les territoires sahraouis occupés et en persistant à tourner le dos à la paix, de se retrouver dans un tunnel, ont averti vendredi des observateurs pour qui la stratégie de Rabat pour retirer le dossier sahraoui de l'Union africaine (UA) «a échoué».
Le Maroc, qui persiste à tourner le dos à la paix et à faire fi des décisions de la légalité internationale, œuvre depuis son retour, en 2017 au sein de l'UA, à l'exclusion de la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD) et au retirait du dossier cette dernière colonie en Afrique de l'agenda de l'UA, initialement créée pour la libération des peuples africains de l'occupation et de l'Apartheid. Force est de constater, néanmoins, que cet objectif pour la réalisation duquel le régime du Makhzen a longuement œuvrer à travers sa politique de la chaise vide, «s'est évaporé» quelques mois après ce retour, soulignent ces observateurs. En effet, le Maroc s'est trouvé d'égal à égal avec la RASD aussi bien lors de réunions des instances de l'UA que lors de conférences et sommets dans le cadre de partenariat continental et international. Mieux encore, l'UA est plus que jamais déterminée à renouer avec son rôle et ses responsabilités dans l'instauration de la paix entre ses Etats membres, conformément aux dispositions de sa Charte constitutive et aux exigences du Protocole du Conseil de paix et de sécurité (CPS) relevant de l'UA.
A ce propos, ils estiment que le coup de grâce à la stratégie misant sur une réintégration au détriment de la RASD a été apporté par la décision du Sommet extraordinaire de décembre dernier pour «faire taire les armes, de réinscrire la question du Sahara occidental dans l'agenda du CPS et par sa décision, rendue public jeudi (hier) par la Commission de l'UA sur la réunion du 9 mars en cours, qui a remis la question sahraouie dans son véritable contexte de décolonisation, en insistant sur le droit inaliénable du peuple sahraoui à l'autodétermination ainsi que sur la responsabilité de l'organisation continentale. Tourner la page de la marginalisation du rôle de l'UA concernant le dossier du Sahara occidental et proclamer son retour fort et l'attachement au rôle UA-ONU en concert et en complémentarité sur ce dossier, sont entre autres décisions importantes du Conseil.
Il a été aussi décidé que le Conseil de paix et de sécurité s'acquitte de son mandat sur le conflit du Sahara occidental, conformément aux dispositions pertinentes du Protocole et aux décisions pertinentes de la conférence, en examinant la situation au Sahara occidental le cas échéant, au niveau des chefs d'Etat et de gouvernement, y compris en recevant des informations de la Troïka de l'UA. L'accent est mis, dans ce sens, sur l'impératif respect des frontières, le bannissement du recours à la force ou à la menace d'y recourir entre les pays membres, et l'acceptation d'un règlement pacifique à travers le dialogue et la négociation. Sur le plan opérationnel, le CPS a défini les objectifs des négociations prévues entre les deux Etats membres, la RASD et le Maroc. Il a été décidé, également l'organisation d'une visite sur le terrain pour évaluer la situation et lever, dans les meilleurs délais, un rapport au Conseil et la prise des dispositions pour la réouverture du Bureau de l'UA à Laâyoune occupée. Dans le cadre de ces décisions, le CPS rappelé le mandat octroyé à l'Envoyé de l'UA qui est appelé à reprendre d'urgence son engagement auprès des parties en conflit et demandé aux trois membres africains du Conseil de Sécurité de l'ONU de défendre cette position commune au sein du Conseil. Il s'agira aussi pour eux de faciliter la coordination sur cette question entre le CPS de l'UA et le Conseil de sécurité des Nations Unies.
Le Conseil interpelle, en outre, le SG de l'ONU afin de demander à son Conseiller juridique de fournir un avis juridique sur l'ouverture de consulats dans le territoire non autonome du Sahara occidental. A ce propos, les observateurs se sont interrogés sur l'attitude qu'aura, le Maroc et sa diplomatie, à l'égard de la décision du CPS africain. Continuera-t-il à boycotter les réunions du CPS au risque de s'exposer à des sanctions et de se voir qualifier de « membre dissident » comme ce fut le cas lorsqu'il s'est retiré de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) pendant plus de 33 ans ?
Le Maroc va-t-il plutôt, comme à l'accoutumée, user de manœuvres en s'appuyant sur des nervis et des puissances extracontinentales dans le but de gagner le plus de temps possible pour, in fine, accepter de coopérer comme il l'a fait à partir de 1988 concernant les propositions conjointes de l'OUA et de l'ONU et signé la mouture finale dans le cadre du Plan de règlement de 1991. Suite à la défection de Rabat lors la dernière réunion du CPS consacrée à l'examen du conflit au Sahara occidental et devant son «rejet attendu» des décisions du Conseil, des observateurs ont prévenu que «si le Maroc persiste dans sa guerre dans les territoires sahraouis occupés et continue à tourner le dos à la paix, il ira tout droit vers l'implosion et la monarchie risque de se retrouver dont un long tunnel duquel il n'en sortira pas indemne».


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