Les efforts de réconciliation entre la France et l'Algérie se heurteraient à des «résistances» en Algérie, selon le Président français Emmanuel Macron qui a exprimé cette appréciation dimanche 18 avril, lors d'un entretien au quotidien parisien, Le Figaro. Il estime que la volonté de réconciliation des mémoires entre Français et Algériens est «très largement partagée», mais qu'elle ferait face à «quelques résistances» en Algérie. Le même constat – de la volonté de réconciliation des mémoires entre Français et Algériens, «très largement partagée» – a déjà été fait par les autorités algériennes, avec cette différence qu'elles ont enregistré les «quelques résistances» plutôt en France. La plus grosse résistance porte sur l'affaire des séquelles des essais nucléaires effectués au Sahara par la France et sur les responsabilités historiques de la France et de son armée. Les Algériens attendent du concret, car là, il s'agit non pas de considérations «morales» sur le passé colonial français, mais de l'impact de produits radioactifs sur la population des zones où ont eu lieu les essais nucléaires et qui sont encore contaminées à ce jour par des déchets dont la localisation est connue par l'armée française. Par ailleurs, dans son entretien au Figaro, le Président Macron a évoqué la dimension franco-française de la question de la mémoire : «Au fond, nous n'avons pas réconcilié les mémoires fracturées ni construit un discours national homogène (…) La mémoire fracturée, c'est celle des Pieds-noirs, celle des harkis, celle des appelés du contingent, celle des militaires français, celle des Algériens venus ensuite en France, celle des enfants de cette migration, celle des binationaux…». «Je ne suis ni dans la repentance ni dans le déni. Je crois dans une politique de la reconnaissance qui rend notre nation plus forte», a-t-il ajouté. Dans le même entretien, le Président Macron a commenté la petite phrase du ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, Hachemi Djaâboub, qui qualifiait la France d'«ennemi traditionnel et éternel» des Algériens. Pour Emmanuel Macron, cette déclaration est «inacceptable». C'est lors d'une séance plénière au Conseil de la Nation, jeudi 8 avril 2021, portant sur le déficit que connaît la Caisse nationale des retraites (CNR), et en citant l'exemple du déficit de la caisse des retraites française, que le ministre du Travail a tenu ces propos. Dans le même contexte, les marches du vendredi, même si elles drainent moins de monde qu'avant, ont pris une tournure anti-France, avec des slogans qui font référence à son passé colonial et à ses prétentions néo-coloniales. Les médias français ignorent l'importance que prend la question mémorielle chez les jeunes Algériens, exprimée en ce moment par ceux qui participent aux marches du Hirak, à travers des slogans qui ont surpris ceux qui ne connaissent pas le peuple algérien en profondeur. Il ne s'agit pas d'une position conjoncturelle. La place, dans la mémoire des jeunes Algériens, du passé colonial de la France et des crimes commis durant la période d'occupation, est gravement sous-estimée par les médias français qui traitent cette question avec une surprenante légèreté, alors que la confiance en dépend. D'ailleurs, il semble que la méfiance soit revenue en force, après le geste inamical d'un groupe de LREM, parti créé par le Président Macron, qui a installé une antenne à Dakhla, au Sahara occidental, en territoire occupé par le Maroc.