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L'inaction qui ouvre la voie à l'escalade
Sahara occidental/Réunion du Conseil de sécurité
Publié dans La Nouvelle République le 26 - 04 - 2021

La réunion à huis clos du Conseil de sécurité consacré à la situation au Sahara occidental s'est achevée sans aboutir à un consensus entre les pays membres, qu'ils soient permanents ou non permanents.
La proposition des Etats-Unis visant l'adoption d'une déclaration commune appelant à éviter l'escalade dans le conflit du Sahara occidental a subi un échec. Plusieurs membres du Conseil de sécurité ont jugé cette déclaration insuffisante pour faire taire les armes et relancer le processus onusien de décolonisation de cette ancienne colonie espagnole occupée, depuis 1975, par le Maroc.
Selon une dépêche de l'Afp, qui a repris des sources diplomatiques, un responsable de l'ONU a demandé au Conseil de sécurité de s'exprimer sur la tension accrue entre le Front Polisario et le Maroc lors d'une session semestrielle à huit clos de la plus haute instance onusienne tenue mercredi passé. Le projet de texte demandait aux parties d'avoir une attitude constructive sur le terrain avec la mission de paix de l'ONU, la Minurso et d'accélérer les démarches pour nommer un nouvel émissaire onusien «afin de relancer dès que possible un processus politique bloqué».
Lors de cette réunion et malgré l'échec de la demande présentée par les Etats-Unis, ces derniers n'ont à aucun moment abordé la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental décidée par l'ex-Président américain Donald Trump fin 2020. L'administration Biden semble ignorer la décision de Trump et affiche clairement sa position équilibrée dans ce conflit en appelant à éviter l'escalade.
Lors de cette réunion la Russie a condamnée la décision de l'ex-président américain, Donald Trump, de reconnaitre unilatéralement la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental et a demandé aux Etats-Unis de l'annuler. Plusieurs pays membres du Conseil de sécurité, dont la Chine, et l'Irlande ont rappelés leurs soutiens au droit à l'autodétermination du peuple du Sahara occidental en application des résolutions de l'ONU. De son côté, le Kenya, membre non permanent du Conseil de sécurité a plaidé pour une médiation de l'Union africaine. L'échec de la proposition de déclaration des Etats-Unis résultait du fait qu'elle ne tenait pas compte de la gravité de la situation.
Le Maroc est responsable de la violation de l'accord de cessez-le-feu. Le 13 novembre 2020, l'armée d'occupation marocaine réprime une manifestation de civiles sahraouis qui protestaient contre l'ouverture de force d'un passage à El-Guerguerat, en violation des accords de cessez-le feu de 1991. En réaction à cette agression, le Polisario met un terme au cessez-le-feu et lance des opérations militaires contre les positions des forces d'occupation marocaines. Pour le Front Polisario, le Maroc est responsable de la violation du cessez-le-feu et le Conseil de sécurité doit se prononcer, avant toute autre initiative de relancer le processus onusien, sur cette question.
Le retour à la table de négociations ne pourrait se faire avant le retrait de l'armée marocaine d'El Guerguerat. Mais selon certains observateurs et malgré l'échec de cette première réunion du Conseil de sécurité depuis la reprise des affrontements armés, on pourrait dire que le Maroc a subi un échec. La majorité des membres du Conseil de sécurité ont rejeté la proposition américaine, la jugeant contre-productive, car s'abstenant d'évoquer l'agression militaire marocaine à El Guerguerat. Concernant les Etats-Unis, à aucun moment il n'a été question de rappeler la prétendue reconnaissance de la marocanité du Sahara occidental décidée par le président sortant Donald Trump. Par ailleurs et depuis la reprise des opérations militaires de l'Armée de libération sahraoui, le Maroc tente de minimiser et même d'étouffer toute médiatisation du conflit armé.
Le fait que la plus haute instance onusienne, le Conseil de sécurité, sur proposition des Etats-Unis, parle «d'éviter l'escalade» est en soi une reconnaissance internationale de l'existence d'une guerre de libération au Sahara occidental. Pour le moment, seul le langage des armes prime, le temps que les puissances, membres du Conseil de sécurité, prennent conscience que la stabilité de l'Afrique du Nord et de l'Afrique subsaharienne serait menacée par ce conflit qui traine depuis près de 50 ans.


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