L'Algérie adhère officiellement à la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) , en vertu du décret présidentiel n° 21-185, signé par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, le 5 mai 2021, à Alger et publié quelques jours plus tard au Journal officiel (JO) n° 34. Après plusieurs mois de procédures, l'Algérie finalise son processus d'adhésion à la BERD et devient un pays actionnaire, à l'instar de la Tunisie, du Maroc, de la Libye et de l'Egypte. Ce qui offre plus de visibilité à la BERD qui identifie depuis plusieurs années de nouvelles cibles dans la région nord-africaine pour ses investissements, notamment, dans le secteur des énergies renouvelables, placé au cœur de ses projets. Ce secteur peut en effet constituer un avantage concurrentiel qui pourrait servir l'intérêt commun des deux parties. L'Algérie a toutes les potentialités nécessaires pour réussir sa transition énergétique et économique à travers, entre autres, l'expérience des conseillers de la BERD pour instaurer une nouvelle gouvernance économique et réinventer un modèle économique plus résilient, plus inclusif et diversifié. La BERD pourrait, également, l'aider à évaluer les incidences et les effets de la crise sanitaire du Covid-19 sur son économie et la société afin de faciliter aux pouvoirs publics l'élaboration d'un modèle économique plus concurrentiel et profiter, en contrepartie, de toutes les opportunités d'investissement présents pour stimuler la compétitivité du secteur privé et améliorer la qualité et l'efficacité des services publics dans le pays. La mauvaise gouvernance et gestion des marchés publics ainsi que la corruption sont à l'origine de la double crise financière et économique que vit aujourd'hui le pays, ce qui a accentué les inégalités sociales et creusé les déficits. En cette période l'Algérie a besoin d'un partenaire fiable pour s'en sortir. Elle a besoin, vraisemblablement, de l'accompagnement institutionnel et financier de la BERD pour mener les réformes de ses politiques publiques et reconfigurer son modèle économique pour devenir plus concurrentiel et attractif. Faciliter son passage à l'économie de marché. Ces prestations ne seront pas de moindre coût, mais demeurent, relativement, moins risquées que le recours aux services du Fonds monétaire international (FMI). Une expérience périlleuse qui a laissé des séquelles irréversibles en Algérie. Les Institutions de Bretton Woods ne cessent, d'ailleurs, de proposer leurs services à l'Algérie afin de régler le problème de liquidité et de la dévaluation du Dinar qui dure depuis des mois. Des services que l'Etat refuse catégoriquement et devra faire face à de sombres perspectives qui nécessitent plus de clairvoyance et d'une volonté réelle pour mettre en œuvre son Plan de relance économique et son Plan d'action pour éviter un crash financier et l'explosion sociale. Les réformes globales proposées par l'Etat représentent une partie de la solution à la multi-crise que traverse le pays depuis 2019, mais leur mise en œuvre se heurte sur le terrain. Les chantiers de réformes sont en stagnations et leur relance exige de nouvelles politiques macro-économiques, de nouvelles réglementations et gouvernance. La réforme institutionnelle est aussi indispensable pour s'attaquer à la reconfiguration du secteur économique. Ainsi se diriger, à l'instar des autres pays nord-africains vers le noyau émergent du nouvel ordre économique régional et international. Se préparer à l'après Covid-19. La collaboration avec la BERD pourrait aider à combiner tous les efforts afin de régler ses problèmes de gouvernance économique, politique et financière. L'Algérie devra profiter des avantages du programme d'investissement de la BERD dans la zone orientale et méridionale du bassin méditerranéen (Semed), dont l'Algérie fait partie. Cette région a bénéficié de plus de 12 milliards d'euros pour financer 260 projets répartis sur les pays actionnaires. La Banque a, également, soutenu les réformes des politiques à mettre en œuvre en Egypte, en Jordanie, au Liban, au Maroc, en Tunisie et en Cisjordanie et Ghaza. Des pays dont la situation économique et financière n'est pas si différente de celle de l'Algérie qui tente, depuis des mois, de mener des réformes à foison. La lenteur de l'exécution du programme des réformes globales et la situation économique et sociale fragile incite les autorités à trouver des solutions rapides et surtout pratiques. L'Algérie a tardé à accéder à la BERD pour des raisons multiples, mais peu évidente au vu de la situation du pays actuellement. Elle a soumis sa demande d'adhésion en mars 2020 et a été approuvée en mois de juillet 2020 par les actionnaires de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD). Quelques mois plus tard, l'Algérie décrète son adhésion officielle à la BERD après avoir rempli les conditions d'adhésion. «Le président de la République, sur le rapport du ministre des Affaires étrangères, vu la Constitution, notamment son article 91 (…) décrète que la République algérienne démocratique et populaire adhère à l'accord portant création de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement», lit-on dans le texte du JO.