Le Congrès américain a bloqué l'ouverture d'un consulat des Etats-Unis à Dakhla occupée et une opération de vente de drones armés au Maroc, deux promesses clés faites au Royaume par l'ex-président, Donald Trump, selon le quotidien espagnol Lavanguardia. Le journal révèle dimanche que la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants, bloque depuis plusieurs mois deux promesses clés contenues dans l'accord portant la reconnaissance unilatérale de Trump de la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental en échange de la normalisation des relations entre le régime marocain et l'entité sioniste. Il s'agit de l'ouverture d'un consulat américain à Dakhla, ville sahraouie occupée, et la vente de drones armés MQ-9B au royaume, selon des sources au Congrès citées par Lavanguardia. La nature «transactionnelle» de nombre des accords d'Abraham, promus par Trump entre Israéliens et différents pays arabes et souvent accompagnés de ventes d'armes, a suscité dès le début les inquiétudes des élus américains, souligne l'article, jugeant que «le soutien de Washington à Rabat est beaucoup plus fissuré qu'il n'y paraît». Mais avec l'arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche, ce malaise s'est traduit par des actions concrètes dans le cas du Maroc pour tenter d'en atténuer les conséquences, ajoute la même source. Lavanguardia rappelle que vers fin décembre, l'ambassadeur américain à Rabat, David Fisher, s'est rendu dans la ville de Dakhla occupée pour inaugurer un bureau diplomatique virtuel et annoncer le début des procédures pour construire les locaux de la représentation consulaire. Cependant, la commission des Affaires étrangères du Congrès remet en cause la nécessité d'un tel consulat, d'après la même source, et son blocage, signifie que, légalement, «le Département d'Etat ne peut pas prendre de décisions financières ou opérationnelles pour aller de l'avant avec le plan», explique-t-on. Il en va de même avec la promesse de Trump au Royaume de lui vendre des drones MQ-9B, une technologie très avancée qui, selon les membres de la commission, «ne devrait pas être mise à la disposition du Maroc». Le blocage de ces promesses au Congrès n'a pas été révélé jusqu'à présent, mais la vérité, telle qu'elle est établie par l'Avanguardia, est qu'«elles sont gelées depuis près de cinq mois sans que le Département d'Etat n'ait pris des mesures pour tenter de le contourner ou de négocier un compromis avec les membres du Congrès». Certains démocrates exigent du Département d'Etat de se distancier totalement de ces pactes. En février, rappelle-t-on, 27 sénateurs ont écrit une lettre au président Biden dans laquelle ils lui ont explicitement demandé de révoquer la décision de Trump sur le Sahara occidental. Parmi les signataires, figuraient des démocrates mais aussi des républicains. Lavanguardia est de l'avis que l'insistance sur une solution négociée entre les parties implique, en pratique, «une prise de distance par rapport à la proclamation de Trump», ce qui représente un tournant historique dans la position américaine qu'aucun autre pays au monde n'a suivi. La commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants du Congrès a demandé au Département d'Etat de l'informer avant juillet de l'état d'avancement des contacts dans le cadre des Nations unies pour réactiver les négociations, selon le journal. «L'impact des politiques de Donald Trump suscite des inquiétudes et nous sommes activement impliqués avec le président Joe Biden face aux prochaines étapes», déclarent des sources au Congrès cité par Lavanguardia. Mercredi, le Département d'Etat américain a évoqué un changement d'approche de la part de l'administration Biden concernant la question sahraouie. A une question de savoir comment l'administration Biden compte concilier le message sur le retour du multilatéralisme et la décision de s'en tenir jusqu'à présent à la décision de Donald Trump de reconnaître la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, le porte-parole du Département d'Etat, Ned Price a répondu que son département «consulte en privé les parties sur la meilleure façon de mettre fin à la violence et de parvenir à un règlement durable». «Je n'ai rien de plus à annoncer pour le moment, mais je contesterai certainement la caractérisation selon laquelle il y aurait une continuité, y compris en ce qui concerne notre approche envers la région, depuis la dernière administration». Le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, avait déclaré lors de son audition de confirmation au Sénat américain, que certaines des incitations incluses dans les accords dits «d'Abraham» méritaient de faire l'objet d'un « examen attentif », en référence implicite à certains avantages accordés par Donald Trump, dont la reconnaissance de la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. Le Royaume-Uni considère le statut du Sahara occidental comme indéterminé Le Royaume-Uni considère le statut du Sahara occidental comme indéterminé, a indiqué le sous-secrétaire parlementaire aux forces armées britanniques, James Heappey, réaffirmant la position de Londres en faveur de la légalité internationale. «Le ministère de la défense peut confirmer qu'aucun personnel du Royaume-Uni participant à l'exercice African Lion n'effectuera de formation au Sahara occidental. Le Royaume-Uni considère le statut du Sahara occidental comme indéterminé», a indiqué James Heappey dans une réponse écrite à une question du député travailliste, Navendu Mishra, sur le lieu où se déroule actuellement l'exercice militaire African Lion 2021. Le député travailliste, voulait des précisions sur ces manoeuvres militaires conjointes et si elles se déroulaient au Maroc ou au Sahara occidental occupé. L'exercice African Lion 2021 organisé en partenariat avec le Maroc, a débuté le 7 juin et se poursuivra jusqu'au 18 de ce mois, à la base aérienne de Kenitra au nord à Tan Tan et au complexe d'entraînement de Grier Labouihi, sur les territoires marocains. Les Etats-Unis, l'Italie, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, le Canada, le Brésil, la Tunisie et le Sénégal participent à ces manoeuvres militaires. L'Espagne a décidé de sécher l'édition 2021 de cet exercice en raison des relations tendues avec Rabat, après l'Afflux de milliers de migrants marocains dans l'enclave de Ceuta. Malgré les pressions du Maroc, le gouvernement espagnol a refusé d'emboîter le pas à l'ancien président américain, Donald Trump, qui a reconnu la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental, réaffirmant son attachement à la légalité internationale. Peu avant le début de ces manoeuvres militaires, le Commandement des Etats-Unis pour l'Afrique (Africom) a précisé dans un communiqué que l'exercice African Lion aura lieu uniquement à travers le Maroc, « de la base aérienne de Kenitra, au nord, à Tan-Tan et au complexe d'entrainement de Guerir Labouhi au sud, soit dans les frontières internationalement reconnues du royaume. Africom a exclu les territoires sahraouis occupés dans un démenti cinglant au chef du gouvernement marocain, Saad Eddine El othmani, qui dans un tweet avait avancé que cet exercice qui aura lieu en partie à Mahbes et près de Dakhla occupés, consacrait la reconnaissance américaine de la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental. L'édition 2021 d'African lion, annulée en 2020 pour cause de pandémie- a réuni 7.000 soldats de neuf pays. Le coût de ces exercices s'élève à 28 millions de dollars.