La mise en œuvre de profondes réformes conditionnée par un changement de cap par la rénovation des institutions, la moralisation de la société et la lutte contre la corruption, est une condition indispensable pour un développement durable, étant conscient, qu'existe encore un long chemin pour l'instauration d'un Etat de Droit et la Démocratie. Mais l'expérience historique montre que l'instauration de la démocratie ne se fait pas d'une baguette magique, les pays occidentaux ayant mis des siècles et ne pouvant plaquer sur un corps social des schémas d'autres pays devant tenir compte des anthropologies culturelles. 1.-Une gouvernance mitigée combinée aux impacts de l'épidémie du coronavirus qui a touché toute la planète, a entrainé, une dégradation des indicateurs macro économiques et macro sociaux. Le taux de croissance du produit intérieur brut qui détermine le taux d'emploi, est en nette diminution, estimée en 2020 à 160 milliards de dollars et selon le FMI de 153 milliards de dollars pour 2021. Cela s'explique par la léthargie de l'appareil de production impacté tant par sa structure passée que par l'épidémie du coronavirus, (selon le patronat une perte d'emplois d'environ 500.000 uniquement dans le BTPH) et le tissu économique fonctionnant s à peine à 50% de ses capacités. L'avant-projet de loi de finances complémentaire 2021 a prévu des importations de biens à 30,42 milliards de dollars, non inclus les services (appel à l'assistance étrangère) qui ont fluctué pour 2010/2019 entre 10/11 milliards de dollars par an. Avec une coupe de 50%, cela donnerait une sortie de devises de plus de 35 milliards de dollars accroissant les tensions budgétaires et avec 5 milliards de dollars plus de 40 milliards de dollars si l'on relance les projets gelés et si l'on exclut l'endettement extérieur. Les prévisions donnent un déficit budgétaire record au cours de 130 dinars un dollar, 25,46 milliards de dollars soit 16,0% et 13,6% du PIB. Quant au déficit du Trésor qui s'aggrave, il est prévu 31,85 milliards de dollars. Nous assistons à une dépréciation accélérée du dinar qui est passé d'environ à 75/78 dinars un euro entre 2000/2005 et qui en juin 2021 dépasse 133 dinars un dollar (5 dinars un dollar vers les années 1970) et 162 dinars un euro avec un écart d'environ 50% sur le marché parallèle induisant une inflation importée, malgré les restrictions des voyages. Les réserves de change qui tiennent à 70% la cotation du dinar, sont passées de 194 milliards de dollars fin 2013 ,à 62 fin 2020, 42 fin 2021 et qu'en sera-t-il fin 2021 avec toutes les restrictions qui ont paralysé tout l'appareil de production en 2020 ? Les banques locales dépassent 45% du total de leurs actifs bancaires avec une dette publique par rapport au PIB de 63,3%, contre 53,1% en 2020, et la dette publique nette totale représentera 60,5%, contre 50,4% en 2020,mais avec une dette extérieure faible, 3,6% et 5,2% du PIB en 2021 et 2022, contre 2,3% en 2020. Sur le plan macro- social, selon le FMI, le taux de chômage incluant la sphère informelle et les emplois rente, devrait atteindre 14,5% en 2021, et 14,9% en 2022, contre 14,2% en 2020, ce taux dépassant les 20/30% pour les catégories 20/30 ans et paradoxalement les diplômés. L'inflation qui sera de longue durée fonction, des réformes structurelles entre 2000/2020, selon données de l'ONS dépasse, cumulée, 90% et sera supérieure en cumulant l'année 2021 de 100% accroîtra la détérioration du pouvoir d'achat et les revendications sociales. Pour l'Algérie, le population active dépasse 12,5 millions sur une population totale résidente, 44,7 millions d'habitants au 1er janvier 2021 avec une sphère informelle représentant selon le FMI 33% de la superficie économique mais plus de 50% hors hydrocarbures. Elle contrôle une masse monétaire hors banques, selon les informations données par le président de la république, entre 6000 et 10.000 milliards de dinars 30-45% du PIB , différence montrant l'effritement du système d'information, soit au cours de 130 dinars un dollar entre 46,15 et 76,90 milliards de dollars. Quant aux caisses de retraite selon le ministère du Travail, en date du 08 avril 2021 le déficit financier de la CNR pourrait atteindre 690 milliards de dinars en 2021, le nombre de retraités dépassant les 3,3 millions, le CNR enregistrant un taux de cotisation , estimé à 2,2 travailleurs pour chaque retraité alors que pour un équilibre , le taux de cotisation devrait atteindre cinq travailleurs pour un retraité. Encore que les transferts sociaux et subventions généralisées, qui représenteront 23,7% du budget général de l'Etat et 9,4% du PIB pour l'exercice 2021 sont intenables dans le temps. 2.- L'Algérie dépendra encore pour longtemps des hydrocarbures. Après la dernière réunion de l'OPEP début juin 2021, le quota de l'Algérie augmentera légèrement en juillet, de 14.000 barils/jours, relative à une augmentation de 441.000 barils/jour de leur production le mois juillet 2021. Cela donnera une recette additionnelle pour les six mois du second semestre 2021 au cours de 65 dollars le baril, moyenne annuelle 166.000 dollars, un montant très modeste. Mais l'on ne doit pas oublier selon les rapports de l'OPEP de mai 2021 que la production algérienne de pétrole est passée de 1,2 millions de barils/j entre 2008/2010 à environ 850.000 barils/j en mai 2021 et que les exportations de gaz ( GNL et GN à travers les canalisations Transmed via Italie et Medgaz via Espagne est passé d'environ 65 millions de mètres cubes gazeux à 41/42 milliards de mètres cubes gazeux en 2020 et où le cours sur le marché libre est passé pour la même période de 10/12 dollars le MBTU à 2,5-3,0 dollars le MBTU. Aussi, les recettes totales en devises (pas le profit net devant retirer les coûts) d'exportation seront un petit plus élevé que prévu dans la loi de Finances complémentaire 2021, à environ 26/27 milliards de dollars. Et comme la majorité des exportations relèvent de Sonatrach, ce montant est fonction du cours du pétrole s'il se maintient entre 60/65 dollars et du gaz (33% des recettes de Sonatrach). L'on devra tenir compte de la baisse en volume tant du pétrole que du gaz d'environ 20/25% entre 2008/2020. Cette situation impose en urgence la publication des décrets d'application de la nouvelle loi des hydrocarbures qui accusent un retard intolérable, et éventuellement d'autres amendements pour tenir compte de la forte concurrence internationale avec le retour de l'Iran et de la Lybie sur le marché et de la nécessaire transition énergétique. L'Algérie est un producteur marginal, les réserves de pétrole étant d'environ 10 milliards de barils et entre 2000/2500 milliards de mètres cubes gazeux selon les déclarations en 2020 de l'ex Ministre de l'Energie. Au rythme actuel, l'Algérie ne pourrait plus honorer ses engagements internationaux du fait notamment de la forte consommation intérieure qui en 2030 dépassera les exportations actuelles ( subventions généralisées et non ciblées). Aussi l'objectif est d'accélérer la transition énergétique devant s'orienter vers un Mix énergétique où en plus l'Algérie possède d'importantes potentialités dans l'agriculture, le tourisme, les nouvelles technologies, ayant une importante diaspora et dans les énergies renouvelables mais ne devant jamais oublier que le fondement du développement du XXIème siècle repose sur la gouvernance à travers des décentralisations ( grands pôles économiques régionaux) évitant le mythe d'entités locales administratives budgétivores et bureaucratiques et la valorisation du savoir. Devant éviter l'utopie, dépendante encore pendant e longues années des hydrocarbures, l'Algérie possède la troisième réservoir mondial de pétrole/gaz de schiste mais dont les techniques économisant l'injection d'eau douce et de produits chimiques dans les puits ne seront opérationnels pas avant 2025 afin de préserver l'environnement et éviter la pollution des nappes phréatiques du Sud (audit sous la direction du professeur A. Mebtoul, pétrole gaz de schiste, opportunités et risques 8 volumes premier ministère 2015) .