D'après l'évaluation donnée par la directrice de la Protection de la faune et de la flore à la Direction générale des forêts (DGF), Ilhem Kabouya, dans son entretien accordée à la Chaîne III dont elle était l'invitée de la rédaction, jeudi matin, il y a eu, du 9 au 14 août, 62.000 hectares de superficies incendiées (dont presque 60 % sont des forêts proprement dites), par plus de 1.000 foyers d'incendies sur plus de 35 wilayas. Rien que pour la wilaya de Tizi Ouzou, «nous sommes, dit-elle, à 30.000 ha avec 66 incendies du 9 au 14 août, et 42 communes touchées». Elle espère qu'il n'y aura pas d'autre épisode de ce style. A Tizi Ouzou, fait-elle remarquer, il y a eu beaucoup de pertes humaines ; des vergers et exploitations agricoles touchés, c'est de la destruction et pas du défrichement, des ruches pleines détruites, au moment de la récolte ; à Larbaâ Nath Irathen des cerisiers et d'autres arbres fruitiers, brûlés ; ce qui s'est passé, insiste-telle, est machiavélique, diabolique, on a frappé le revenu des habitants. Elle tient à préciser que 2021 n'est pas la seule année désastreuse concernant les incendies de forêts en Algérie. Il y a eu, rappelle-t-elle, en 1983 près de 222.000 ha qui ont brûlé ; en 1994, 280.000 ha de superficies brûlées ; en 2012 aussi avec 99.000 ha incendiés et la dernière en date, en 2017 près de 54.000 ha. Concernant le post-incendies, c'est-à-dire les actions à mener une fois que les incendies sont totalement éteints, Ilhem Kabouya a fait savoir qu'à la DGF, le travail a déjà commencé, en faisant remarquer que juste après l'incendie, il y a l'estimation des dégâts qui est en train d'être réalisée sur le terrain par les experts, puis il y aura le Plan d'action d'urgence qui consiste en l'assainissement à opérer absolument avant la saison des pluies pour éviter l'érosion et le lessivage des matières organiques et pouvoir stabiliser le sol. Quant aux plantations et reboisement, ce sera par la suite, ajoute-t-elle, en expliquant qu'en ce qui concerne la forêt, il n'est pas possible de planter tout de suite après l'incendie, il faut attendre pour voir comment va se régénérer cette forêt naturellement. S'il y a plantation, ce sera programmé peut-être en 2022 ou 2023, dans les sites où il n'y a pas eu régénération, annonce-t-elle, pas pour la campagne qui aura lieu d'octobre 2021 à mars 2022. Au passage, Ilhem Kabouya tient à remercier toutes les associations, entreprises et personnes qui se sont rapprochés de la DGF pour organiser ces plantations et les rassure que cela va se faire. Elle fait savoir que la DGF travaille sur le choix des sites et des espèces (selon les étages bioclimatiques et les écosystèmes) par wilaya, par daïra, par commune et les volontaires devront se rapprocher des Conservations des forêts, à partir du mois de septembre. Revenant au post-incendie et à la régénération, elle explique que selon qu'il s'agisse de résineux (cas de Khenchela, par exemple) ou des feuillus (cas de Tizi Ouzou) qui ont brûlé, la démarche ne sera pas la même, les actions se feront au cas par cas, précise-t-elle. Pour la régénération, il faudra attendre, malheureusement, 20 ans et plus, déplore-t-elle. La directrice de la Protection de la faune et de la flore à la DGF souligne que la gestion des forêts qui incombe au secteur des forêts comprend tous les travaux de prévention qui doivent se faire avant la campagne de lutte contre les incendies. Il s'agit du débroussaillage, l'entretien des accotements, l'entretien des points d'eau, des tranchées pare-feux, des pistes, qui permettent de réduire les dégradations. C'est le travail du forestier durant toute l'année, fait-elle remarquer. Beaucoup d'efforts ont été faits par les pouvoirs publics pour l'acquisition d'équipements et de matériel de lutte contre les incendies, fait-elle constater, il reste encore un déficit dans les actions prévention, à cause d'un problème d'effectif, insuffisant pour couvrir tous les postes vigies, toutes les brigades mobiles: en deçà des normes internationales, chaque année des saisonniers sont recrutés pour ces différents travaux, mais il n'y a pas assez de postes budgétaires; on doit recruter au moins trois fois plus de saisonniers qu'il n'en est recruté chaque année. L'utilisation de moyens aériens a été salutaire, dit-elle. Elle annonce l'élaboration d'un plan général de prévention du risque d'incendies de forêts, texte issu de la loi 04.20 sur les risques majeurs.