Lors de la cérémonie d'installation des membres du Conseil national économique, social et environnemental (CNESE), le Président Abdelmadjid Tebboune a réitéré, hier, le refus de l'Algérie de recourir à l'emprunt extérieur, soulignant que si la nécessité d'emprunter se fait pressante, ce sera un emprunt intérieur. Il estime que les énormes fonds accumulés doivent servir à financer des projets et fournir des liquidités. En matière de développement, le président de la République a souligné la nécessité pour le secteur privé d'y participer. «Nous essayons de construire une économie nationale. Nous avions une économie rentière loin de créer de la richesse, une économie arriérée qui a amené le désespoir dans le cœur des citoyens», a-t-il souligné. Il estime que «nous devons trouver des solutions pour nous libérer. Nous avons fixé un plafond de 5 milliards de dollars pour les exportations hors hydrocarbures, et nous avons atteint 3 milliards et 700 dollars depuis le début de l'année, et nous pourrions atteindre 4 milliards de dollars ou plus.» Le président de la République a ajouté: «Nous essayons de construire une véritable économie génératrice de richesses et d'emplois, basée sur nos matières premières et l'intelligence de nos investisseurs. L'importation est nécessaire, mais elle doit être complémentaire à la production nationale. Actuellement, les importations sont tombées à 31 milliards de dollars, contrairement aux années précédentes où elles atteignaient 60 milliards de dollars. Nous aspirons à l'équilibre pour ne pas tomber dans le piège des années 1990, années de déficit et d'endettement. Il a fait observer qu'au cours des deux dernières décennies, l'Algérie a été témoin d'un comportement économique illogique». Le Président Tebboune a dénoncé encore une fois les agissements de certains opérateurs comme les «gonfleurs de pneus» qui, on s'en souvient, faisaient du montage de voitures importées démontées en pièces détachées puis remontées avec gonflage de pneus, et vendues au citoyen algérien plus chères que la voiture importée en l'état, et ils voulaient même «exporter» ces voitures. L'industrie du gonflage de pneus a coûté à l'Algérie 3 milliards de dollars. Autre exemple édifiant : l'exportation du sucre dont la matière première a été importée avec l'argent de l'Etat pour son raffinage à destination du marché intérieur. Le Président Tebboune estime la taille de l'économie parallèle algérienne à 10.000 milliards de dinars. A propos des élections locales, il a souligné qu'elles sont une étape importante dans le processus du changement souhaité, d'où émergeront des assemblées représentatives au service du citoyen. Par ailleurs, le Président Tebboune a appelé les membres du Cnese à «formuler des recommandations nationales inédites sur toutes questions d'ordre économique, social ou environnemental, et de recourir aux compétences algériennes pour relancer l'économie nationale». Il a souligné l'importance des questions environnementales dans le développement durable, d'où la nécessité de «les placer parmi les priorités dans chaque plan ou programme de développement». Il a salué le rôle du Cnese, constitutionnalisé à la faveur de la révision de la Constitution de novembre 2020 avec l'intégration de la dimension environnementale, et qui se veut «un espace de concertation qui permet de cristalliser des outils scientifiques pour consacrer un nouveau modèle économique et proposer des recommandations susceptibles de préserver et de valoriser les acquis sociaux». Le Président Tebboune a mis en avant le «rôle sensible du Conseil» en matière de débat et de cristallisation des nombreuses idées, outre les recommandations et orientations du gouvernement pour «garantir une meilleure gestion, sans aucun conflit institutionnel». Le Chef de l'Etat a souligné son attachement à «la diversification de la composante du Conseil pour représenter les différentes régions du pays et inclure la Communauté algérienne à l'étranger. La cérémonie d'installation s'est déroulée au palais des Nations en présence du président du Conseil de la Nation, Salah Goudjil, du président de l'Assemblée populaire nationale, Ibrahim Boughali, du Premier ministre, ministre des Finances, Aïmene Benabderrahmane, du président du Conseil constitutionnel, Kamel Fenniche, des membres du Gouvernement, du président du Cnese, Rédha Tir, des partenaires socio-économiques et des représentants de la société civile.