Dans son communiqué rendu public, la France a ouvert jeudi ses archives relatives aux affaires judiciaires et aux enquêtes de police dans l'Algérie en guerre contre la colonisation, en vertu d'un texte publié au Journal officiel. L'arrêté du ministère de la Culture rend consultables toutes les archives publiques produites dans le cadre d'affaires relatives à des faits commis en relation avec la guerre d'Algérie entre le 1er novembre 1954 et le 31 décembre 1966, annonce-t-on. Cela concerne les documents relatifs aux affaires portées devant les juridictions et à l'exécution des décisions de justice et les documents relatifs aux enquêtes réalisées par les services de la police judiciaire. Il faut souligner que ces archives sont conservées aux Archives nationales d'outre-mer, dans les services départementaux d'archives, dans le service des archives de la préfecture de police, dans les services d'archives relevant du ministère des Armées et à la direction des archives du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères, a précisé l'arrêté. Toutes ces archives étaient de droit non consultable pendant 75 ans sauf en obtenant une dérogation. Depuis une vingtaine d'années, les gouvernements français successifs ont facilité l'accès à des archives relatives à des périodes sensibles de l'histoire du pays. D'abord la Seconde Guerre mondiale et l'Occupation, puis la fin de l'Empire colonial après la guerre. Le président Emmanuel Macron a promis d'aider les historiens à éclairer les zones d'ombre de l'action de la France en Algérie, du début de l'insurrection indépendantiste en 1954 jusqu'à l'indépendance en 1962. En septembre 2018, il reconnaissait que la disparition du mathématicien et militant communiste Maurice Audin, en 1957 à Alger, était le fait de l'armée française et ouvrait les archives sur cette affaire. Puis en mars 2021, il annonçait une simplification de la procédure pour accéder par dérogation aux archives classifiées de plus de 50 ans. La ministre de la Culture Roselyne Bachelot a annoncé en décembre 2021 l'ouverture des archives sur les enquêtes judiciaires de la guerre d'Algérie (1954-1962), près de 60 ans après et alors que la relation franco-algérienne est en crise depuis des mois. «J'ouvre avec 15 ans d'avance, les archives sur les enquêtes judiciaires de gendarmerie et de police en rapport avec la guerre d'Algérie», a-t-elle annoncé sur BFMTV. «Je veux que sur cette question qui est troublante, irritante, où il y a des falsificateurs de l'histoire à l'œuvre, je veux qu'on puisse la regarder en face. On ne construit pas un roman national sur un mensonge», a argué la ministre. «C'est la falsification qui amène toutes les errances, tous les troubles et toutes les haines. À partir du moment où les faits sont sur la table, où ils sont reconnus, où ils sont analysés, c'est à partir de ce moment-là qu'on peut construire une autre histoire, une réconciliation», a-t-elle poursuivi. «On a des choses à reconstruire avec l'Algérie, elles ne pourront se reconstruire que sur la vérité», a estimé la ministre de la Culture. Interrogée sur la confirmation à venir d'actes de torture commis par l'armée française en Algérie, «l'intérêt du pays est de le reconnaître», a ajouté Roselyne Bachelot.