Un autre pas vient d'être franchi sur le long chemin, encore parsemé de beaucoup d'embûches, de la réconciliation des mémoires entre Alger et Paris. Et ce « petit pas », c'est la ministre française de la Culture, Roselyne Bachelot, qui vient de le franchir. En effet, la ministre française de la Culture, a annoncé, vendredi, la prochaine ouverture des archives sur « les enquêtes judiciaires » de la guerre d'Algérie, près de 60 ans après et alors que la relation franco-algérienne est en crise depuis des mois. « J'ouvre avec 15 ans d'avance les archives sur les enquêtes judiciaires de gendarmerie et de police qui ont rapport avec la guerre d'Algérie», a-t-elle annoncé sur la chaîne BFMTV. Une déclaration qui intervient deux jours après la visite à Alger du chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian. « Je veux que sur cette question - qui est troublante, irritante, où il y a des falsificateurs de l'histoire à l'œuvre - je veux qu'on puisse la regarder en face. On ne construit pas un roman national sur un mensonge», a argué la ministre française de la Culture. « C'est la falsification qui amène toutes les errances, tous les troubles et toutes les haines. A partir du moment où les faits sont sur la table, où ils sont reconnus, où ils sont analysés, c'est à partir de ce moment-là qu'on peut construire une autre histoire, une réconciliation», a-t-elle poursuivi. « On a des choses à reconstruire avec l'Algérie, elles ne pourront se reconstruire que sur la vérité », a estimé Roselyne Bachelot, qui a dans son périmètre la question des archives. Interrogée sur les conséquences de cette décision, notamment sur la confirmation à venir d'actes de torture commis par l'armée française en Algérie, la ministre a indiqué que «c'est l'intérêt du pays que de le reconnaître ». Cette annonce s'inscrit dans la politique de «réconciliation mémorielle» initiée par le président français, Emmanuel Macron. Le 13 septembre 2018, il reconnaissait que la disparition du mathématicien et militant communiste Maurice Audin, en 1957 à Alger, était le fait de l'armée française et promettait à sa famille un large accès aux archives. Le 9 mars 2021, poursuivant sa politique de «petits pas», il avait annoncé une simplification des accès aux procédures de déclassification des archives classifiées de plus de 50 ans, permettant d'écourter les délais d'attente liés à cette procédure. Le ministre de l'Europe et des Affaires étrangères de la République française, Jean-Yves Le Drian, a indiqué mercredi à Alger que sa visite en Algérie a pour objectif de « renouer une relation de confiance, marquée par le respect de la souveraineté de chacun », exprimant son « souhait de travailler à lever les blocages et les malentendus qui peuvent exister entre les deux pays ». « Ce déplacement (en Algérie) a pour double objectif de renouer une relation de confiance entre nos deux pays, marquée par le respect de la souveraineté de chacun, mais aussi de regarder vers l'avenir pour travailler à la relance et à l'approfondissement de notre partenariat qui est indispensable », a-t-il indiqué dans une déclaration à la presse au sortir de l'audience que lui a accordée le président de la République, Abdelmadjid Tebboune. « La France et l'Algérie ont des liens profonds animés par la densité des relations humaines entre Algériens et Français, et ancrés dans une Histoire complexe », a-t-il ajouté. Le chef de la diplomatie française a également «exprimé le souhait de travailler à lever les blocages et les malentendus qui peuvent exister entre les deux pays», précisant qu'au cours des échanges, les deux parties ont convenu de reprendre certains axes de la coopération bilatérale.