Tombée dans une impasse énergétique depuis la reprise des hostilités entre l'Ukraine et la Russie, l'Europe cherche activement de nouveaux partenaires internationaux pour s'approvisionner en gaz naturel. Une mission presque impossible en raison des contraintes techniques liées au manque d'infrastructures gazières et au transport, notamment, du gaz naturel liquéfié (GNL). Elle met la pression sur les pays exportateurs de gaz qui possèdent d'importantes réserves de gaz pour accélérer la construction des gazoducs afin d'assurer et de sécuriser l'approvisionnement de son marché. De nombreux pays producteurs de gaz ont déjà affirmé leur disponibilité à fournir des volumes supplémentaires de gaz à l'Europe. C'est le cas de l'Algérie, du Qatar, de l'Egypte et de l'Iran, si toutefois, cette dernière arrive à revenir au cours de cette année sur le marché mondial et s'associer aux autres membres du Forum des pays producteurs du gaz qui se réunissent à Doha, au Qatar depuis samedi 20 février, en vue de préparer le 6ème sommet des chefs d'Etat et de gouvernement du GECF qui se rencontrent chaque deux ans pour discuter de l'évolution du marché mondial du gaz et des perspectives à venir. La rencontre d'hier, des ministres de l'Energie et du pétrole des pays membres du GECF était la dernière ligne droite des préparatifs du Sommet, tant attendue, et qui se déroule dans un contexte international très particulier. La réunion ministérielle extraordinaire des 11 pays membres du GECF, organisée en présence des 8 pays observateurs et de 4 pays invités a permis aux participants d'échanger sur l'expérience de leurs pays respectifs dans le domaine du développement du secteur gazier, notamment du GNL, l'énergie de l'avenir. En marge de cette réunion, présidée par le nouveau secrétaire général du GECF, Mohamed Hammel, le premier Algérien et même Africain désigné à la tête de cette organisation ; le ministre de l'Energie et des Mines, Mohamed Arkab s'est entretenu avec le ministre iranien du Pétrole, M. Javad Oji, le ministre de l'Energie Russe, M. Nikolaï Choulguinov. Ils ont évoqué ensemble les perspectives de renforcement de la coopération bilatérale dans le domaine gazier, en mettant en avant la stratégie de leur pays pour encourager et relancer l'investissement dans le secteur gazier, fortement impacté par la double crise sanitaire (Covid-19 et économique ». M. Arkab a profité de l'occasion pour parler de la politique énergétique algérienne ainsi que du « nouveau cadre réglementaire régissant les activités hydrocarbures qui comporte plusieurs incitations et simplifications des procédures en faveur des investisseurs étrangers, dont la suppression de l'abrogation de la règle 51/49% pour les projets énergétiques. Arkab part à la chasse aux investisseurs étrangers Une règle qui a dissuadé les investisseurs étrangers de s'implanter en Algérie, depuis son institution en 2009. Il a « mis l'accent sur les opportunités offertes dans l'amont, l'aval et l'offshore », selon un communiqué publié hier, par le ministère de tutelle. Son objectif est de défendre l'attractivité du marché national auprès des investisseurs étrangers, mais aussi de discuter des solutions ou des stratégies de coopération pour approvisionner le marché européen en gaz. Un effort mutuel est indispensable pour atteindre cet objectif et permettra de trouver des solutions pour transférer le gaz naturel vers l'Europe. Cette dernière voit en l'Algérie et la Libye la solution à leur crise, malgré la difficulté liée au problème du transport du GNL. L'Algérie ne dispose que 8 méthaniers, mais elle projette la réalisation de nouveaux gazoducs pour renforcer ses exportations et sécuriser l'acheminement du gaz naturel vers les autres pays européens. En perspective, la construction du gazoduc transsaharien, et le gazoduc Galsi. Toutefois, le pays qui produit plus de « 130 milliards de m3 de gaz par an et qui dispose de deux usines de liquéfaction de gaz naturel d'une capacité annuelle de 30 milliards de m3 », doit doubler d'effort afin d'assumer ses engagements. Le développement des infrastructures gazières permettra au pays d'être à la hauteur de ses engagements et devra aussi se préparer à une forte hausse de la demande gazière d'ici 2050. C'est le constat aussi fait par le GECF qui a évoqué dans son rapport annuel « Global Gas Outlook 2050 », présenté aujourd'hui, au cours du 6ème Sommet des chefs d'Etat et de gouvernement du GECF, les perspectives d'avenir du secteur gazier qui offre une énergie alternative durable. Cependant, les pays membres du GECF leur capacité de production est limitée en raison du ralentissement des investissements et la forte hausse de la demande. Le Qatar a reconnu ne plus pouvoir approvisionner à lui seul l'Europe en gaz au milieu des tensions russo-ukrainiennes et cherche des alliés pour respecter ses parts de marché. Idem pour l'Algérie dans la course depuis des mois. L'Iran aussi veut tirer profit de cette conjoncture si les pourparlers sur le nucléaire avec les Etats-Unis aboutissent. Quant à la Russie, elle a déjà identifié ses alliés pour maintenir sa présence sur le marché gazier européen.