L'Algérie ne veut surtout pas s'en mêler, et elle l'a clairement démontré. Lors du vote massif organisé par l'Organisation des Nations unies (ONU), mercredi dernier, pour exiger de la Russie l'arrêt de la guerre en Ukraine, l'Algérie a préféré s'abstenir, ce qui a surpris les médias étrangers qui se sont interrogés sur les raisons de cette abstention marquée, allant même jusqu'à creuser dans l'historique des relations algéro-russes durant les années 90 dans le but de trouver une explication à cette «neutralité». Selon les conclusions faites par certains médias, l'Algérie et plusieurs autres pays arabes et africains ne souhaitent pas «perturber ou mettre à mal leur relation avec la Russie et ne souhaitent pas aussi se fâcher avec les Occidentaux». Ils choisissent leurs intérêts, ce qui est légitime dans ce contexte de crise économique sévère. En effet, l'Algérie n'est pas le seul pays africains à s'abstenir de voter pour la résolution de l'ONU et à choisir le non-alignement dans le conflit ukrainien qui s'installe dans la durée. Sur les 35 pays qui se sont abstenus, figurent 22 pays africains qui ont préféré rester à l'écart, s'abstenant de tout commentaire sur cette guerre. L'abstention de ces pays est considérée, toutefois, comme une réponse implicite à l'Occident et à ses alliés qui tentent de faire pression sur eux pour les inciter à se positionner officiellement contre le conflit russo-ukrainien qui commence à prendre, depuis quelques jours des proportions dangereuses, notamment, sur le plan économique. L'Algérie veut préserver sa souveraineté, sa population ainsi que ses intérêts sans perdre aucune partie. Pour préserver sa posture neutre, l'Algérie refuse toute violation de cette neutralité. Les autorités algériennes ont protesté, la semaine dernière, contre un communiqué publié par l'ambassade de l'Ukraine à Alger sur sa page Facebook, dans lequel la représentation diplomatique «invitait des étrangers à aller combattre l'agresseur (Russie)». Le communiqué a été retiré rapidement du réseau social, sur ordre des autorités algériennes. Cet appel «à recruter des volontaires étrangers pour aller combattre contre la Russie», est qualifié d'illégal par les autorités sénégalaises qui ont, également, demandé à la représentation diplomatique ukrainienne dans leur pays de retirer la publication. Une décision conforme au droit de neutralité. «Le droit de la neutralité a été codifié en 1907 dans les Conventions de La Haye de 1907», selon le site des Nations unies. La position de l'Algérie de se tenir à l'écart de ce conflit semble déranger pour de multiples raisons. C'est le seul pays nord-africain à s'abstenir de voter la résolution de l'ONU, faisant ainsi l'exception. La Tunisie, la Libye et l'Egypte ont voté pour cette résolution, tandis que le Maroc n'a même pas participé au vote. Une exception que des pays européens et leurs alliés veulent changer pour pousser l'Algérie à se ranger de leur côté. C'est dans ce contexte et objectif que Wendy Sherman, la sous-secrétaire d'Etat américaine, entame une tournée de plusieurs jours dans plusieurs pays, parmi lesquels l'Algérie et le Maroc pour discuter de la situation en Ukraine dans l'espoir d'obtenir le ralliement de ces pays à la position occidentale. Ainsi isoler plus que jamais la Russie des pays du monde, notamment, africains avec lesquels Moscou a tissé, ces dernières années, des liens plutôt solides. Le principal fournisseur de plusieurs pays africains de matières premières. La sous-secrétaire d'Etat américain s'est déjà entretenue, longuement, avec le Président turque, Recep Tayyip Erdogan qui ne cesse depuis le début du conflit d'appeler à arrêter la guerre et opter pour la voie diplomatique. Même position adoptée par l'Egypte. Ces deux pays ont voté pour la résolution de l'ONU. Dans deux jours, la secrétaire adjointe Sherman devrait arriver à Alger, pour une visite de deux jours, du 9 au 10 mars en cours. «Elle rencontrera le Président Abdelmadjid Tebboune pour discuter de questions bilatérales et régionales», selon le communiqué de l'ambassade des Etats-Unis à Alger. La question ukrainienne sera aussi au menu des discussions. Mme Sherman a déclaré, au lendemain du lancement de l'offensive russe en Ukraine, que «les Etats-Unis souhaitaient apporter un soutien à l'Ukraine de toutes les manières possibles compte tenu des circonstances. Nous voulons faire savoir au peuple ukrainien que nous sommes solidaires avec lui». Les Etats-Unis et l'Europe visent à étendre la liste de leurs alliés pour renforcer leur Alliance, tant exigeante pour isoler la Russie, notamment, économiquement pour ne plus trouver d'acheteur de ses produits. Une mesure à double. La motivation de la mobilisation de Washington pour aider l'Ukraine réside peut-être dans sa peur de voir la Russie recourir au nucléaire. Cette semaine les Etats-Unis ont annoncé être proches d'un accord avec l'Iran. Mais la Russie est toujours en jeu.