Le quartier «Sidi El-Houari» d'Oran, parmi les plus anciens du bassin méditerranéen, est un musée à ciel ouvert qui retrace plusieurs époques historiques ayant produit un mélange de constructions anciennes et modernes avec un caractère particulier.Le site est à (re)découvrir par les délégations et visiteurs conviés à prendre part à la 19ème édition des Jeux méditerranéens prévus le 25 juin. Le nom de cet espace urbain historique remonte au vénérable érudit Sidi El-Houari, dont le mausolée se trouve dans le quartier éponyme, une figure religieuse très chère au cœur des oranais. Le dôme de ce monument se distingue par un magnifique style architectural, classé au patrimoine national. Le mausolée du saint patron de la ville est la destination quotidienne des femmes et des familles venant de différentes wilayas du pays et même de l'étranger. Une «waâda» est organisée, chaque année, devenant au fil du temps un rendez-vous incontournable, renforçant ainsi la popularité de ce quartier. Le quartier est unique avec divers monuments historiques et archéologiques, particulièrement avec ses soixante-trois sites témoignant des différentes époques que la ville d'Oran a connues, à savoir de la préhistoire à la période phénicienne, puis la civilisation islamique en passant par l'occupation espagnole et l'ère ottomane, s'ensuit la colonisation française, selon la Direction locale de la culture et des arts. Parmi ses monuments les plus remarquables, la Casbah d'Oran, fondée en l'an 903 de notre ère, s'étend sur six hectares et constitue le noyau de la ville d'Oran, l'une des plus anciennes au niveau national. Elle se distingue par une architecture arabe comprenant des monuments historiques et archéologiques, colonisée par les espagnols en 1509, selon des sources historiques. Ce qui caractérise les jeunes de Sidi El-Houari est leur espoir de voir classer leur quartier au patrimoine mondial et leur souci est de diffuser la culture de la préservation des monuments historiques à travers les réseaux sociaux, en les mettant en valeur, en les valorisant et en organisant des visites ou des campagnes de nettoiement de ces sites, mémoire vivante d'Oran et produit touristique par excellence. Réhabilitation du quartier Vu leur importance, ces édifices historiques doivent être préservés et protégés. L'Etat a, à ce propos, classé le quartier Sidi El- Houari «secteur préservé», en application du décret exécutif daté de février 2015, selon le chef du service du patrimoine à la Direction de la culture et des arts, Barka Djamel, qui a estimé que ce classement est un acquis pour la ville d'Oran et une valorisation de son patrimoine matériel et immatériel. Le secteur Sidi El-Houari comprend des monuments archéologiques et historiques classés au patrimoine national, notamment la Casbah, des forts, des citadelles, des palais, des mosquées anciennes, des portes historiques et des paysages naturels. Le site est également connu pour ses bains turcs, dont certains ont été restaurés et d'autres sont en cours de restauration ou en attente de l'être, en plus du premier hôpital du secteur (Baudens) et du siège de la première préfecture. Par la suite, une étude a été inscrite pour l'élaboration d'un plan permanent de conservation et de mise en valeur du secteur préservé de Sidi El-Houari, supervisé par la commune d'Oran. Un bureau d'étude accrédité auprès du ministère de la Culture et des Arts a été retenu pour sa réalisation, a indiqué M. Barka, soulignant que «la première phase de cette étude, pour laquelle une enveloppe financière de 12 millions de dinars a été consacrée, a été présentée il y a deux mois pour approbation». Ce plan est considéré comme un moyen urbanistique pour protéger les biens culturels, situés dans ce secteur, inscrits à l'inventaire supplémentaire ou en attente de classement, a-t-il précisé. En 2019, la Commission nationale des biens culturels du ministère de la Culture et des Arts a classé cinq forts sur la liste du patrimoine national, à savoir la forteresse de «Santa Cruz», la forteresse de «l'Alhambra» (Rosalcasar), la forteresse de Saint Grégoire» et les forteresses de «San Pedro» et «San Santiago», a souligné la responsable de l'Office national d'exploitation et de gestion des biens culturels protégés d'Oran, Niar Sanaâ. Dans ce contexte, en mars 2021, le ministère concerné a organisé une formation par visioconférence sur le projet d'inscription du site de l'ancien système de fortification de la ville d'Oran au patrimoine mondial, sachant que la wilaya d'Oran comprend 12 forteresses datant de diverses périodes historiques. Des opérations ont également été inscrites pour restaurer le palais du Bey et certaines anciennes mosquées, dont la mosquée «Hassan Bacha», la «porte d'Espagne, la «porte de Santon» et un autre projet lié à la réinstallation de la «porte du Caravansérail», située au niveau du jardin Ibn Badis (ex-Promenade de Létang). Ce jardin, un paysage classé au niveau national, a bénéficié récemment d'une opération de réhabilitation. De son côté, la Direction locale de l'urbanisme, de la construction et de l'architecture a aménagé la place de «la République» de Sidi El-Houari qui figure parmi les anciennes places publiques dont le quartier est célèbre, outre la généralisation de l'éclairage public à partir de la rue Khedim Mustapha jusqu'à la forteresse de «Santa Cruz» sur les hauteurs du mont Murdjadjou sur une longueur de 9 km. Le quartier a également bénéficié, en 2009, d'un projet pilote de réhabilitation des bâtiments anciens tout en préservant l'aspect architectural et historique, en plus d'un programme de relogement des occupants des habitations précaires et ceux dont l'habitation présente un risque d'effondrement. De par sa situation géographique distinguée et sa proximité avec le port de commerce et de pêche, ce quartier n'est qu'à dix minutes du centre-ville d'Oran. Le piéton peut y accéder par les anciens escaliers. Des jeunes du quartier ont fait la gloire du sport de l'aviron et sont devenus la fierté de ce lieu qui dispose de la plus vieille piscine de la wilaya, «Bastrana». La relation de ses habitants ne se limite pas seulement au port et à la pêche, elle est également liée aux anciens de «Sidi El-Houari», à l'histoire de Si Abdelkader, dit «Taxi B'har» ou «Zemzem», qui passa 50 ans à transporter des ouvriers du port, de la poissonnerie ou des vacanciers, chaque saison, d'une plage à l'autre, devenant une véritable légende pour les amoureux de la mer.