L'envoyé personnel du Secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental, Staffan De Mistura, qui entame une nouvelle tournée dans la région, est attendu samedi au Maroc, l'une des deux parties au conflit, dans un contexte cette fois encore différent, caractérisé par le revirement espagnol dans le dossier. «L'envoyé personnel se rendra à Rabat demain (samedi) pour rencontrer des responsables marocains. Il a également l'intention de visiter le Sahara occidental au cours de ce voyage», a annoncé vendredi le porte-parole de l'ONU, Stéphane Dujarric durant son point de presse quotidien, sans préciser si le diplomate italo-suédois comptait se rendre en Algérie et en Mauritanie, les deux pays voisins et observateurs. Cependant, il a indiqué que De Mistura comptait rencontrer «tous les acteurs concernés dans la région dans les jours à venir», et «se réjouit à la perspective d'approfondir les consultations qu'il a entamées en janvier dernier, avec toutes les parties concernées pour faire avancer de manière constructive le processus politique sur le Sahara Occidental». Le porte-parole a indiqué que De Mistura effectuait cette tournée «guidé par les principes établis par ses prédécesseurs», en l'occurrence l'Américain Christopher Ross et l'Allemand Horst Kohler. Il s'agit de la deuxième visite de Staffan De Mistura depuis sa nomination en octobre 2021, après celle effectuée en janvier dernier au Maroc, aux Camps de réfugiés sahraouis, où il a rencontré plusieurs responsables du Front Polisario, seul représentant légitime du peuple sahraoui, en Mauritanie et en Algérie, pays voisins et observateurs. La mission de l'envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental reste difficile et complexe, en raison des atermoiements et des manœuvres marocaines pour empêcher de trouver une solution pour la dernière colonie d'Afrique, mettre fin à son occupation et accorder aux Sahraouis leur droit à l'autodétermination. Le dossier du Sahara Occidental est dans un moment de blocage total depuis un an, étant donné que le Maroc ne propose qu'un sinistre plan d'«autonomie» aux contours imprécis, et que le Front Polisario tient à l'organisation d'un référendum d'autodétermination pour le peuple sahraoui sous l'égide de l'ONU, prévu lors de la signature en 1991 de l'accord de cessez-le feu, mais jamais concrétisé. Parmi les difficultés auxquelles est confronté De Mistura, figure la conjoncture particulière dans laquelle intervient sa visite dans la région, qui est marquée non seulement par un retour à la guerre depuis 2020, mais aussi le changement de position de Madrid en mars dernier, cédant au chantage du Makhzen. L'Espagne, qui a affiché son soutien au soi-disant plan d'«autonomie», a violé à travers cette position la légalité internationale que lui impose son statut de puissance administrante et contribue directement à la dégradation de la situation au Sahara Occidental et dans la région. Bien que ce revirement n'affecte pas la nature du territoire du Sahara occidental en tant que territoire non autonome, ni le statut des parties, il éloigne le gouvernement espagnol du droit international et des responsabilités juridiques en tant que puissance administrante.n