La ville de Blida est devenue un grand bazar à ciel ouvert. Le marché informel s'est propagé à travers la ville de manière inquiétante. Rien ne semble l'arrêter. Il est devenu une activité presque légalisée. Connue par son activité commerciale, Blida, attire des milliers de visiteurs venus de plusieurs wilayas limitrophes. Des vieux, des jeunes et moins jeunes accaparent les moindres espaces publics et surtout les rues connues par leur activités commerciales et leurs magasins qui offrent différents produits dont la qualité et les prix abordables. Ce phénomène de société qui s'impose depuis des années dans la vie des Blidéens a transformé leur mode de vie où l'anarchie est devenue une règle générale. Elle est même défendue par des citoyens qui estiment qu'il vaut mieux encourager ce nombre important de «chômeurs» de gagner leur vie en vendant des produits que de sombrer dans la délinquance. A Blida ont ne parle plus de marché couvert ou de magasins commerciaux légalisés et contrôlés, mais plutôt de rue ou de souk. Le commerce n'est plus encadré dans un espace dédié à l'activité, mais dans la rue où les acteurs du marché de l'informel imposent leurs shows. A la fameuse rue d'Alger, au centre-ville de Blida, les automobilistes ou même ambulances n'empruntent plus cette route qui mène directement à la place 1er-Novembre appelée communément «Place Toute». Les trottoirs et la chaussée sont squattés par des revendeurs dès le matin. Ici les places sont disputées à coups de poing entre les jeunes revendeurs. Chacun défend ardemment son précieux territoire. Les commerçants, propriétaires de magasins dans cette rue, sont désarmés face au phénomène de l'informel. Pour se protéger contre ce phénomène de société, plusieurs d'entre eux, écoulent leurs marchandises en dehors de leur magasin en dressant des tables devant leur boutique. Une manière d'empêcher les revendeurs de s'installer et du coup profiter de cette anarchie pour vendre leurs produits. «Nous n'avons pas le choix que de nous rendre à l'évidence. Le marché informel est devenu une activité formelle. Nous avons beau lutter contre ce phénomène, mais en vain. En l'absence d'une autorité, nous défendons notre commerce», explique ce propriétaire d'un magasin de vente de souliers depuis les années 60. Des altercations quotidiennes «La situation empire. Le nombre de revendeurs augmente chaque jour au point où les voitures ne peuvent plus emprunter ce chemin. C'est grave que l'autorité soit absente. Ici, on encourage l'anarchie», insiste le commerçant avant d'évoquer les altercations quotidiennes avec les jeunes de l'informel. Ces derniers, non seulement transgressent la loi, mais menacent aussi de s'en prendre à quiconque qui osent les déloger de cette rue. Une rue où le ciel est caché par des bâches accrochées de bout en bout de la rue par les jeunes de l'informel pour protéger leurs marchandises contre la pluie et le soleil. Il faut dire que cette situation, a contraint plusieurs commerçants d'abandonner leur activité commerciale héritée de père en fils et loué leur commerce. Leur clients se font de plus en plus rare à cause de l'accès au magasin obstrué par des revendeurs. A Blida, le marché de l'informel est devenu une réalité incontournable, voire une nouvelle culture de commerce où le consommateur trouve son gain a travers les bas prix qu'il offre. D'ailleurs, les marchés couverts de fruits et de légumes sont abandonnés par les consommateurs qui préfèrent se bousculer dans les souks à la recherche de légumes à bas prix. La «concurrence» entre les marchands de fruits et de légumes sur les charrettes offre l'opportunité pour les consommateurs d'acheter des fruits et légumes relativement moins coûteux même si la qualité reste à désirer. Ce phénomène s'est propagé en force dans toutes les villes de Blida et les autorités locales trouvent des difficultés à l'éradiquer. Les grandes villes comme Boufarik, Larbaâ ou El-Affroun se trouvent sous le dictat des commerçants de l'informel qui sombrent les villes dans le désordre et l'anarchie.