son style musical qui remonte à la nuit des temps et ses propres instruments de musique faits avec des moyens de fortune, peaux d'animaux, bois travaillé arrondi pour servir de support.Cette musique s'est crée spontanément pour servir de distraction et de défoulement à des moments particulièrement difficiles. Chaque peuple a sa musique avec son rythme, son charme, sa mélodie, sa musique. Chaque musique populaire a ses particularités qui la distinguent des autres. Par exemple la musique chinoise se distingue amplement de la musique sénégalaise ou de toute autre musique africaine ou amérindienne ou arabe. Ceci est une preuve que chaque peuple a du génie ; avoir du génie pour un peuple c'est être capable d'inventer sa propre musique, ou ses propres chansons avec chacune sa musique, ses paroles, sa portée morale, son importance par rapport aux autres chansons. Le chanteur populaire invente à chacune de ses chansons ses paroles, son charme musical, son rythme, sa mélodie vocale et instrumentale. Depuis la nuit des temps, la musique a suivi les paroles. On invente le texte dans sa totalité et fondé sur un thème, la musique vient d'elle-même. Voyons les anciens, par exemple les musiciens itinérants, qui n'avaient suivi aucune école de musique et qui ont par eux-mêmes joué d'un instrument. Certains d'entre eux ont fait partie des groupes musicaux itinérants, ils allaient d'une place publique à une autre et c'est comme cela qu'ils ont gagné leur vie. D'autres jouaient admirablement d'un instrument et avaient su mener seul une vie musicale en faisant de la musique un gagne pain. Une chose est sûre, les musiciens et leurs musiques ont toujours été fortement adulés par la plupart de ceux qui portaient malgré eux la musique dans leur coeur. Ils aimaient voir passer des joueurs de cornemuse, instrument de musique fait avec des moyens de fortune : peau de chèvre bien tannée que le musicien prenait soin de gonfler par deux petits instruments de musique en roseau bien taillés. Avec le double tambour, l'orchestre itinérant est au complet. La première génération de musiciens populaires A la manière des aèdes de l'Europe ancienne, ou des griots africains, nos chanteurs traditionnels connus sous l'appellation de « meddahs » ont toujours accompagné leurs chansons populaires d'instruments de musique fabriqués manuellement avec des moyens de fortune tel a été le tambour, instrument de musique à percussion, simple ou double fait de peau de chèvre bien tendue autour d'un cercle vide au milieu, à parois fines en bois, il ressemble à celui du tamis. La flûte la cornemuse, la gheita, appartenant tous à la famille des instruments à vent, sont façonnées par des personnes adroites qui se sont servi des mêmes procédés depuis les plus lointains ancêtres. Ces instruments de musique ont permis aux gens de tous les âges de se distraire, la musique a de tout temps fait partie de la vie parce qu'on a considéré qu'il n'y a pas de vie sans cette musique populaire. Nos ancêtres n'ont pas seulement aimé la musique, et ils n'ont jamais cessé d'innover sur tous les plans : musique, instrument et paroles. Le meddah, bien connu en son temps, Youcef Oukaci poète original du 18ème siècle, à la parole facile, il jouait d'un tambour qu'il voulait triangulaire pour se singulariser et pour avoir un son doux qui charme. La plupart des poètes populaires construisaient eux même le texte à chanter avec des mots a la rime riche pour donner du rythme à la musique qui entrainait à la danse. Aux côtés de Youcef Oukaci, il y avait beaucoup d'autres compositeurs et chanteurs anonymes et leurs chansons étaient chantées anonymement. Effectivement, à cette époque où il n'y avait ni radio ni d'autres moyens de transmission, les chansons se transmettaient de bouche à oreille et les noms d'auteurs se perdaient. Après, on a connu la génération de Hadj M'hamed El Anqa, de Dahmane El Harrachi et de Guerouabi El Anka était non seulement adulé, mais adoré par le public de toutes catégories et de tous âges pour sa musique instrumentale et sa voix qui ne manquaient de charme, exactement comme Cheikh El Hasnoui qui chantait admirablement bien malgré sa voix rauque mais que tout le monde adorait écouter. A la musique très populaire sortie d'une voix presque caverneuse, Dahmane El Harrachi, était également aimé de tout le monde malgré sa musique sobre mais qui avait des paroles de grande valeur traitant de tous les grands thèmes qui intéressent le grand public. Ses paroles vont droit au coeur de tous au point de remuer chacun dans son intériorité, il chante les sentiments qui commandent l'état d'esprit de tous ceux qui sont en mal de renouveau. A titre indicatif souvenez- vous de cette chanson de haute tenue qui tourne du refrain : « fais de ton oeil le meilleur instrument de mesure ». Quant à Guerouabi, nous disions qu'il pratiquait son Chaabi à sa façon et il avait réussi admirablement en marquant bien le genre populaire au point de se faire adorer véritablement. C'était une chance que de l'avoir avec son orchestre pour une veillée de fête familiale. Revenons à EL Anqa pour ce qu'il était de son temps l'un des rares à avoir fait le conservatoire d'Alger, mais le chanteur est resté dans toute son originalité, n'ayant jamais admis qu'on lui dicte une autre manière de chanter le sentimental. L'artiste qui fut un grand maître de la musique populaire chante des chansons qui vont droit au coeur. Le titre évocateur « Lehmam lirebitou » qui a fait fureur en son temps a été l'équivalent sémantique de sa version en langue kabyle, sa langue maternelle : « Izriw yeghleb lehmali » qui exprime toute la douleur de quiconque voit partir son fils qu'il a éduqué pour aller vivre sous d'autres cieux, c'est l'expression d'un cri du coeur. El Anqa a chanté ses propres paroles qui se sont avérées comme des chefs d'oeuvre, s'il n'a pas été influencé par plus ancien que lui dans le genre en puisant dans leur répertoire sachant que El Anqa lui-même est né aux environs de 1907, sachant que le genre a été connu depuis bien longtemps avant cette date de naissance. El anqa reste une référence du chaabi. Le chaabi a continué après El Anqa On n'a pu malheureusement donner quelques détails sur le genre musique populaire qui nous auraient mené loin, et parler des chanteurs modernes comme Lamari et de type andalous tels que Benani et Fergani ou des Oranais Blaoui El Haouari et Ahmed Ouahbi pleins de talent et qui ont pratiqué un genre populaire inclassable qu'il convient de traiter à part, on veut parler d'une autre génération de chanteurs populaire, d'un autre registre esthétique dans lequel nous avons Ait Menguelat qui s'est appelé lui-même comme appartenant au genre meddah des temps modernes, Abdelkader Chaou a la voix fort charmante et appréciée de tous les mélomanes attachés à la musique populaire. Chaou a chanté de vieux airs du pays sans compter qu'il a dû composer lui-même de belles chansons qu'il chante avec beaucoup de talent. Ait Menguelat a eu depuis le début de sa carrière une voix musicale des plus originales et qu'il a su travailler pour la rendre agréable à entendre, elle l'est d'ailleurs pour tous ceux qui l'ont écouté avec attention, on peut dire que sa chanson ne vaut que ce que vaut sa musique vocale et instrumentale. Des chansons à thèmes personnalisés, bien choisis pour leur valeur sémantique et pour leur charme. Ait Menguelat a chanté depuis le début des années soixante dix, donc cela fait cinquante qu'il a commencé sur les sujets intéressant surtout les jeunes c'est-à-dire leurs rêves, désirs et tous ce qui s'y rattache. Puis avec le temps et la mâturité, le style et les sujets ont changé et il a opté définitivement pour les chansons à enigmes, c'est plus beau, mais plus difficile à comprendre, mais avec lui l'énigmatique n'exclut pas l'esthétique. On a entendu une très vieille femme chantant un de ses vieux airs dans lequel il s'adresse au nuage : d'où viens-tu nuage et où vas-tu et celuici continue sa course avec une destination précise, avec une voix chevrotante de vieille, cette chanson belle à l'origine, devient encore plus charmante à entendre et en totalité, parce que la chanson est très longue. Voilà un type de chanson qu'on aime entendre malgré sa musique sobre, musique faite essentiellement d'une flûte, d'un tambour et d'une guitare tenue admirablement par le chanteur comme chef d'orchestre. Son répertoire est fait de plusieurs centaines de chansons qui sont toutes belles et pas faciles à comprendre. Quelle belle carrière. Mais, on ne peut pas clore ce tour d'horizon des chanteurs populaires sans parler d'un illustre spécialiste de musique populaire, c'est Amar Ezzahi, nom de chanteur qui signifie « Joyeux». Disparu depuis cinq ans, son répertoire était composé de plusieurs dizaines de chansons populaires. Il avait une particularité durant sa carrière, c'était de ne chanter qu'en cercle intime dans les fêtes, les cafés et les terrasses de maisons ; de plus il était estimé de son vaste public qui adorait l'entendre chanter et son plaisir était de satisfaire pleinement son public et n'avait jamais