C'est en 1943, à l'âge de 15 ans, que le regretté a rejoint les rangs du Parti du peuple algérien (PPA). Son efficacité dans l'action militante lui a valu, en dépit de son jeune âge, d'être chargé de l'organisation des manifestations du 8 mai 1945 dans la région de Messaâd, avant qu'elle ne fut annulées par le contre-ordre émanant de la direction du Parti. En 1947, il fut désigné en compagnie des deux militants, Ahmed Gahdhab et Ahmed Loumi pour représenter les régions de Djelfa et de Boussaâda au congrès du Parti PPA/MTLD à Alger. M.Mohamed Benatallah s'est engagé dans la Révolution nationale en 1956 où il fut chargé du réseau des liaisons générales pour la région de Messaâd se trouvant ainsi au centre de toutes les communications entre les éléments de la guérilla et sa base arrière. Les moudjahidines de la région témoignent qu'il a été le premier qui leur a apporter le drapeau national à Messaad/Djebel Boukahil. Et, sur ses instructions, le drapeau national fut cousu des mains du moudjahid Kechida Hadj Hassen. De par ses missions, il a pu ainsi faire monter au front de nombreux militants. On citera ici les plus connus d'entre eux, étant donné qu'il s'agissait de cadres, à l'exemple de M. Soufari Mohamed en 1957, qui fut nommé par la suite au grade de capitaine de l'ALN, puis commandant dans l'ANP après l'indépendance. Ce cadre de valeur devait par la suite être chargé de la sécurité présidentielle sous le Président Boumediène. M. Moussa Aissani, accompagné de deux autres éléments, en 1961. Ce dernier qui était officier dans l'armée française a aussi occupé le grade d'officier dans l'ALN et figurait parmi le proche entourage du colonel Châbani, le chef de la wilaya VI. La désertion de cet officier avait secoué les autorités militaires Françaises dans la région qui procédèrent à une vaste enquête et soumis à l'interrogatoire de nombreux nationalistes parmi lesquels figurait évidemment le principal instigateur de l'action, en l'occurrence Mohamed Benatallah qui fut relâché faute de preuves. Animé par les idéaux nationalistes depuis sa prime jeunesse, il n'a cessé de militer durant les différentes étapes de sa vie. Lorsqu'il était en poste en tant que secrétaire dans la station expérimentale de Tadmit (Djelfa), cet organisme l'a envoyé pour effectuer un stage au centre de formation agricole d'Oued Aissi près de Tizi-Ouzou. Il en a profité pour tisser des liens parmi les milieux nationalistes là-bas, et effectuer de fréquentes descentes à Alger dans le cadre de son activité militante. Cependant, cet activisme politique finit par être remarqué, ce qui lui a valu l'interruption de son stage et son renvoi à Djelfa. En 1956, à l'ouverture de la section administrative spécialisée de Messaâd (ces fameuses SAS avec lesquels l'occupant colonial tentait un illusoire encadrement de la population algérienne), avait le niveau d'instruction suffisant pour lui permettre d'y être employé en qualité de secrétaire d'administration. Là sa présence fut extrêmement utile à la cause nationale en ce qu'elle lui permit la collecte de renseignements judicieux d'une part, et de se servir de son poste pour l'établissement de faux papiers nécessaires aux militants (pièces d'identité, laisser-passers). Le passage de Benatallah Mohamed Ben Si Ahmed à la SAS ne fut pas autre chose qu'une nécessité de l'action militante qui ne pouvait au demeurant réussir sans les qualités d'intelligence et de courage qu'il possédait. C'est d'ailleurs ce que lui concède l'ennemi lui-même, en la personne du capitaine Paul Veysset, chef de SAS de Messaâd. En effet, des années après l'indépendance du pays, celui-ci ayant rencontré Benatallah Ahmed, fils de feu Mohamed Ben Si Ahmed en France, lui a déclaré qu'il n'était pas dupe de l'activité clandestine de son père à l'époque, mais que ses convictions morales seules l'empêchaient de le dénoncer. Il a beaucoup fait dans sa vie mais on en sait si peu parce qu'il ne parlait pas beaucoup de lui-même. On n'en a rapporté là que ce qu'en disent les témoignages de gens qui l'ont connu à un moment ou un autre de son existence. Parmi ceux-ci, il y en a de célèbres, à l'instar de Hocine Aït Ahmed. Cet illustre chef nationaliste, lors d'une rencontre avec Benatallah Mohamed Ben Si Ahmed dans l'ambassade marocaine à Alger en 1992, a interpellé Ahmed, le fils de ce dernier, qui l'accompagnait, en ces termes : «Ecoutez mon fils ! Prenez soin de votre papa, c'est une tête». A ce témoignage s'ajoute un autre aussi digne : Lors d'une visite privée à Djelfa, en 1991, Monsieur Abdelmadjid Tebboune, hôte de Monsieur Lazhari Belabbes, un des notables de la Wilaya. Après le diner, Monsieur Abdelmadjid Tebboune a veillé en compagnie de Monsieur Benatallah Mohamed Ben Si Ahmed et ce, jusqu'à l'aube, en abordant divers sujets, allant du politique à l'économique, du social au culturel. Et le matin, au petit déjeuner, Monsieur Abdelmadjid Tebboune a affirmé à Monsieur Lazhari Belabbes ce qui suit : « J'ai découvert en Monsieur Benatallah Mohamed Ben Si Ahmed un grand Homme doté d'une grande mémoire. Un érudit. Une encyclopédie». Une rue du centre-ville de Messaad porte aujourd'hui le nom du Moudjahid Benatallah Mohamed Ben Si Ahmed.