Les 13 membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et leurs alliés hors-Opep se réuniront demain par visioconférence pour discuter de leur plan de production pour le mois de janvier 2023. Cette fois-ci, le Sommet Opep+ intervient dans un contexte d'incertitude qui sème l'inquiétude chez les transporteurs maritimes de pétrole, mais aussi les investisseurs qui s'interrogent sur les répercussions du plafonnement des prix du pétrole russe, à 60 dollars, sur le coût de cette matière première qui risque de manquer en cas d'une réouverture imminente de la Chine. Le Président russe, Vladimir Poutine avait déjà mis en garde contre l'impact négatif d'une telle décision sur l'économie mondiale qui se rapproche de plus en plus de la récession ou d'un krach financier. Les experts écartent, actuellement, un risque financier systémique, mais appellent à plus de prudence en matière de politique monétaire, souvent à l'origine d'un choc des prix pétroliers. Le suspense est à son comble. Depuis quelques jours, les pays des sept grandes puissances économiques avancées du monde, appelés communément le «G7» tentent de s'accorder sur le plafonnement du brut russe transporté par voie maritime, fixé, provisoirement, à 60 dollars le baril, d'après ce que rapportent les médias étrangers. Cet accord, en cours de validation, sera entériné dans les prochains jours et annoncé au grand jour au lendemain de la tenue du Sommet de l'Opep+, soit le 5 décembre en cours. La coïncidence n'est donc pas fortuite car à la veille de cette annonce, le groupe informel Opep+ se réunira pour décider de sa nouvelle stratégie de production. Il pourrait opter pour le maintien du statuquo, plutôt que de tenter de réduire encore plus leur volume de production pour éviter un choc grave de l'offre qui pourrait, certes, faire flamber les cours de l'or noir, mais probablement mettre la pression sur les pays producteurs dont la plupart n'arrivent pas à atteindre leur volume de production pour des raisons techniques et structurelles. D'autre part, la contraction de l'économie mondiale au premier trimestre 2023, en observant les bilans de fin d'année des entreprises et groupements d'entreprises cotés en bourse, pourrait en effet augmenter la probabilité de voir l'Opep réviser à la baisse ses extractions. Cette incertitude pèse sur les prix du pétrole qui, à leur tour, pèsent sur le fonctionnement de la machine industrielle des pays européens. Les prix de l'or noir ont reculé légèrement hier à la clôture de la séance hebdomadaire du marché, plombé l'incertitude autour de la nouvelle stratégie de l'Opep+ et la décision du G7. Le marché financier retient son souffle et attend la délivrance qui pourrait être brutale pour les investisseurs. Les principales compagnies de transport maritimes basées dans les pays du G7, pourraient avoir du mal à encaisser la baisse des flux du pétrole qui sera réorienté vers d'autres destinations et vendu à des prix attractifs. Idem pour l'industrie du raffinage. Des experts estiment que la décision de plafonner le pétrole russe aura un impact limité pour la Russie. Idem pour les autres pays producteurs membres de l'Opep+, à l'instar de l'Algérie ou de l'Arabie saoudite, mais aussi ceux hors-Opep+. L'économie de ces pays pourrait en effet compter sur l'augmentation de la demande mondiale de pétrole et des matières premières pour soutenir leur économie. Citons l'exemple de l'Algérie qui profite de sa proximité géographique et de son statut de fournisseur énergétique fiable, pour diversifier ses partenaires et renforcer ses exportations vers l'Europe, en quête toujours d'alternatives aux importations d'hydrocarbures russes. La crise énergétique provoquée par la guerre en Ukraine entraîne la désindustrialisation en Europe, ce qui pourrait en effet profiter au pays du Maghreb, de l'Amérique du Nord, mais aussi du Golf. La délocalisation est déjà en marche, mais ce processus de mise en place nécessite de nouvelles règles. Les Etats-Unis ont établi ses règles, les autres pays suivront. Des mesures de protectionnisme économique sont mises en vigueur. De nombreux pays optent pour ce type de mesure pour préserver leur souveraineté économique. L'Algérie figure parmi ces pays qui s'ouvrent «timidement ou partiellement à l'international». Le pays compte toujours sur la manne pétrolière pour financer son économie, mais vise sur le long terme de diversifier ses ressources de financement pour faire face à l'après-guerre. Un autre défi attend les pays du monde en pleine récession. La hausse des cours du pétrole ne sera que bénéfique pour les pays producteurs pour renflouer les caisses de l'Etat, promouvoir l'investissement et réinventer leur modèle économique. Samira Takharboucht Voir sur Internet