Le pétrole est devenu une cible géopolitique des pays membres du groupe des sept puissances économiques mondiale (G7) qui viennent de plafonner le pétrole russe exporté par voie maritime à 60 dollars le baril. Ce qui n'a pas plus à la Russie, membre influent de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole élargie depuis 2016 (Opep+) qui se réunira, aujourd'hui, pour statuer sur leur stratégie de production. La réaction des pays de l'Opep, des gros importateurs du pétrole russe (l'Inde et la Chine) ou des compagnies maritimes de transport sera cruciale pour évaluer l'impact de cette décision sur l'économie mondiale, mais aussi les prix du pétrole. Ces derniers n'ont jamais été plafonnés auparavant. L'Occident est sans visibilité et se lance dans l'inconnu. Ces sanctions influenceraient, probablement, la décision de l'alliance Opep+ chapeautée par l'Arabie saoudite et la Russie et justifieront, également, toute baisse drastique de l'offre globale du groupe. Un choc difficile à encaisser avec l'annonce de la levée progressive des restrictions sanitaires en Chine, cependant l'Opep ne souhaiterait probablement pas se trouver au centre des confrontations entre le cartel G7 et la Russie. La cohésion du groupe pourrait-elle être affectée ? On le saura aujourd'hui. En attendant, l'actualité est braquée sur le plafonnement du pétrole russe décidé avant-hier après l'aval de la Pologne qui a suggéré un plafonnement plus bas du pétrole russe. Cette décision a fait couler beaucoup d'encre et fait réagir des institutions, des investisseurs et des experts qui estiment que ces sanctions joueraient en faveur des pays producteurs de pétrole, notamment, en chute de la production du pétrole de schiste aux Etats-Unis. Quelle sera la réaction de l'Europe pour renflouer ses réserves énergétiques et pour passer l'hiver ? Pour des experts russes : «L'Europe s'est encore tirée une balle dans le pied», estimant que la Russie vendra toujours son or noir à profit. Quant aux prix du pétrole sur le marché, malgré leur volatilité, pourraient, d'ici quelques jours ou semaines, renouer avec leur prix du mois de mars. Tous ces facteurs seront discutés et abordés par les pays membres de l'Opep+ qui devraient, en effet, mesurer l'impact et l'évolution de la politique sanitaire chinoise sur le marché avant de décider, soit de maintenir le statuquo ou réduire davantage leur production pour stabiliser les prix. D'autres facteurs contradictoires et déstabilisants pourraient influencer leur décision, comme le ralentissement économique des pays européens, en particulier et la baisse des réserves stratégique du pétrole brut américain. Il faut bien tenir compte de ces deux facteurs, à l'origine, entre autres facteurs, de la volatilité des prix du pétrole. Cette instabilité persistante perturbe les financiers et les investisseurs (transport maritime) qui risquent de perdre des parts de marché importantes en faveur de leurs concurrents, notamment, des pays émergents qui visent l'élargissement de leur groupe (Brics). L'impact de l'embargo européen sur le pétrole et gaz russes pourrait être très limité car la Russie discute avec ses partenaires kazakhs, ouzbeks et chinois de nouveaux projets de constructions de gazoducs pour acheminer les hydrocarbures russes vers ces pays. Des discussions entre la Russie et la Turquie ont été aussi menées dans ce sillage, offrant ainsi plus de marge de manœuvre à la Turquie qui veut jouer un rôle primordial sur la scène internationale. L'impasse énergétique en Europe est plus qu'une «évidence ». Pour le président de la commission des affaires internationales de la Douma, Leonid Slutsky, interpellé sur la question de la fixation des prix du pétrole russe, par l'Agence de presse russe Ria Novosti, «les pays de l'UE se créent une crise énergétique et enrichissent les Etats-Unis», estimant que «les conséquences d'une telle politique vont très bientôt frapper douloureusement les autorités des pays occidentaux». De leur côté, les Etats-Unis tentent de rassurer les acteurs du marché pétrolier estimant que cette décision «ne déclenchera pas de perturbations de l'approvisionnement et de volatilité des prix après son entrée en vigueur lundi». La situation risque de s'aggraver si la Russie arrête toutes ses exportations vers les pays européens appliquant ces sanctions. Difficile de trouver des alternatives aux hydrocarbures russes en plein hiver, même les autres pays producteurs de pétrole de l'Afrique du Nord, de l'Amérique latine ou du Golfe ne pourraient répondre à la demande croissante, dans l'immédiat. Les problèmes structurels et techniques entravent cette démarche. L'Opep est très prudente depuis la guerre des prix de 2014-2016 et la crise sanitaire et refuse de «prendre un quelconque risque pouvant mettre en péril son intérêt et celui de ses alliés».