S'il fallait une énième preuve de la nature dictatoriale de la démocratie bourgeoise, elle nous est répressivement administrée par la politique terroriste antisociale et policière du gouvernement Macron. Plus que jamais, la démocratie est la feuille de vigne derrière laquelle se dissimule la dictature du capital. Si en période de « paix sociale », la classe dominante occidentale, et donc française, arbore sereinement le masque hypocrite de la respectabilité « démocratique », en période d'agitations sociales radicalement revendicatives, la même classe dominante apeurée dévoile belliqueusement son véritable visage hideux. Toute sa coutumière phraséologie libérale sur le droit de grève, de manifestation, de circulation, en un mot le respect des « Droits de l'Homme », se métamorphose en son contraire. La répression devient son mode de gouvernance. L'intimidation, sa méthode de gestion barbouzienne. La calomnie, son moyen de communication médiatique. L'incarcération, sa technique de bannissement politique. L'arbitraire, sa conduite procédurale judiciaire. Le mépris, son expression naturelle. La manipulation, sa stratégie étatique machiavélique. En France, le mouvement de révolte contre la réforme des retraites illustre dramatiquement cette sinistre réalité. Devant la résistance du prolétariat symbolisée par la radicalisation de sa lutte, le gouvernement Macron révèle toute sa cruelle brutalité, son cynisme arrogant, son despotisme aristocratique. En effet, depuis que la France légitime, celle du peuple et du prolétariat, s'est enfin réveillée de sa longue léthargie sociale pour s'affirmer politiquement sur son terrain de lutte authentique, la France légale, celle du scrutin financier, élue par ailleurs par défaut (ironie de l'histoire, pour faire barrage au prétendu « fascisme » de la petite blonde inoffensive Marine Le Pen, alors que le Fascisme était déjà royalement intronisé à l'Elysée, incarné par la politique terroriste répressive menée contre le mouvement des Gilets jaunes, les mesures terroristes sécuritaires instaurées lors de l'épidémie de la banale grippe du Covid-19 : confinement totalitaire, interdiction de circulation, couvre-feu, état de siège, attestation de sortie, port du masque obligatoire, vaccination ou plutôt vacc-intoxication obligatoire ; par les politiques terroristes de démantèlement des services publics et des « acquis sociaux ») dévoile son essence foncièrement élitaire, son appartenance sociale bourgeoise, son caractère de classe, sa fonction dominatrice, ses instincts répressifs. Au reste, mardi soir, le 21 mars 2023, au lendemain du rejet des mentions de censure à l'Assemblée nationale, lors du banquet organisé à l'Elysée pour sabrer la victoire de son passage en force en compagnie des principaux oligarques de son camp, Macron, avec son habituel mépris de classe, sur un ton empreint d'arrogance et de condescendance, n'a pas hésité à traiter les millions de manifestants de « foule » et de « meute » n'ayant aucune « légitimité ». Autrement dit, il considère le peuple comme quantité négligeable. La France légale n'admet pas que la France légitime puisse résister contre la scélérate réforme qui décrète despotiquement la prolongation de l'exploitation salariée, revendiquer son droit à se gouverner librement au nom de ses intérêts supérieurs, dès lors que la France légale de Macron, fourvoyée par sa compromission avec le monde de la finance, vendue au capital mondial, responsable de la paupérisation généralisée, est dorénavant discréditée et disqualifiée avec sa politique oligarchique et autocratique. Force est de constater que le combat des prolétaires de la France légitime initialement conduit exclusivement par les organisations syndicales stipendiées, axant leur stérile lutte processionnelle inoffensive et inopérante sur la défense catégorielle des retraites, transcende désormais la vénielle question des retraites pour s'étendre à l'ensemble des aspects de la vie marquée par l'injustice sociale, la perte du pouvoir d'achat, la paupérisation, le chômage endémique, la flambée des prix, l'illégitimité du pouvoir du fait de sa gouvernance despotique avérée. La France légitime, opposée à la France légale minoritaire élitaire et répressive, est dorénavant déterminée à occuper la Rue. Et elle compte y élire domicile (voire son Parlement à ciel ouvert) aussi longtemps que ces revendications émancipatrices n'ont pas abouti, aussi longtemps que le pouvoir n'aura pas été délogé. De toute évidence, l'explosion de colère du prolétariat de la France légitime est l'aboutissement de plusieurs décennies de fermentations sociales vécues dans le silence solitaire. Elle est l'expression d'une profonde misère longtemps subie dans la solitude sociale. Elle est la conséquence logique des politiques antisociales humiliantes et dégradantes infligées par les successifs gouvernements. Elle est l'ultime défoulement violent de souffrances accumulées longuement refoulées. Au reste, l'expansion massive de ce mouvement à toute la France traduit la profonde fracture sociale territoriale. Aujourd'hui, la France est traversée par une onde de choc subversive. Aucune région n'est épargnée par les secousses telluriques revendicatives sociales, économiques et politiques. L'éruption de ces révoltes protéiformes est l'expression d'une profonde misère sociale. Il n'est donc pas surprenant que plus de 80% de la population française soutiennent le mouvement de révolte. Actuellement, la majorité des Français rejette le pouvoir de la finance macronien, l'oligarchie absolutiste macronienne. Néanmoins, en dépit de sa radicalité et de sa popularité, ce mouvement de révolte demeure marqué par son immaturité politique, sa fragmentation sociale, son absence organisationnelle décisionnelle, par l'inexistence d'un programme économique émancipateur foncièrement anticapitaliste. Assurément, on n'efface pas aussi aisément un siècle de contre-révolutions infligées par le stalinisme, le fascisme, l'hitlérisme, la social-démocratie, le libéralisme, le populisme. En effet, pour le moment, le mouvement de révolte, dépourvu d'une conscience de classe claire, se cantonne à lutter uniquement contre les effets de l'économie capitaliste (la remise en cause de l'âge légal de départ à la retraite). Mais non pas encore contre le capitalisme. De là s'explique l'absence de combat total contre le pouvoir politique, source de la misère. Or, le triomphe du mouvement de révolte dépend de sa capacité à se battre au-delà de la défense des retraites. Par-delà les rassemblements éphémères dans les centres villes, faute de quoi il tournera en rond, pour finir par s'effondrer à force d'avoir le tournis politique. Si le mouvement de révolte veut précipiter le processus subversif en cours vers la transformation révolutionnaire de la société, il doit s'armer d'un programme économique et politique cohérent en rupture totale avec les catégories économiques inhérentes au capitalisme. Aussi, le mouvement de révolte ne doit pas se cantonner au cadre étroit des revendications catégorielles économiques. Car, quoique le pouvoir macronien aux abois décide de retirer sa réforme, cette victoire ne brisera pas le moteur de la reproduction des injustices sociales, à savoir le capitalisme, personnifié par la classe dominante dont Macron ne représente qu'un simple maillon, un serviteur dévoué. Aussi, de l'unité politique et de l'organisation consciente du mouvement de révolte dépendra sa victoire sur la classe capitaliste française, mais également atlantiste, déterminée à se défendre contre le soulèvement populaire du prolétariat de la France légitime, même par la plus sanglante répression (par l'envoi des forces otaniennes aujourd'hui concentrées aux frontières ukrainiennes). Sans conteste, la France légitime, politiquement et audacieusement armée, triomphera contre la France légale, policièrement et militairement surarmée. Car nous sommes entrés dans une phase révolutionnaire. En effet, pour pouvoir parler d'une période révolutionnaire, « il ne suffit pas que les ouvriers ne veuillent plus, il faut encore que les capitalistes ne puissent plus continuer comme auparavant ». Or, en France, aujourd'hui, la classe dominante ne peut plus gouverner avec la même arrogance et assurance. Quoi qu'il en soit, l'usage effréné par l'Etat français de la force est un aveu de faiblesse. Le témoignage d'un affolement. La confession d'une confusion, d'une contusion politique. D'une fission sociale. L'illustration du retour de la lutte de classes dans toute sa radicalité combative, mais pas encore dans toute sa dimension politique consciente révolutionnaire et émancipatrice. « Mais, pour les prolétaires qui se laissent amuser par des promenades ridicules dans les rues, par des plantations d'arbres de la liberté, par des phrases sonores d'avocat, il y aura de l'eau bénite d'abord, des injures ensuite, enfin de la mitraille, de la misère toujours ». Auguste Blanqui (révolutionnaire socialiste français, 1805-1881).