« Le mois de Ramadhan au cours duquel le Coran a été descendu comme guide pour les gens, et preuves claires de la bonne direction et du discernement ». Ce verset coranique de la sourate 2 montre à la fois l'importance du mois de Ramadan et le caractère indispensable et utile du Coran dans la vie intime, individuelle et communautaire du musulman. Le Coran repose pour l'essentiel sur l'affirmation de trois principes. L'affirmation de l'unicité de Dieu, celle de la mission prophétique de Muhammad (Qu'Allah l'élève davantage en grade et préserve sa communauté de ce que le messager craint pour elle) et l'affirmation que la résurrection et l'au-delà sont une réalité incontestable. Ce socle de principes donne un sens profond à la vie du musulman. Il lui rappelle l'observance de devoirs envers Dieu, ce que l'on appelle les actes cultuels (al-ibâdât) et celle d'autres devoirs vis-à-vis des hommes, c'est-à-dire les relations interpersonnelles (al-mu-amâlât). Le Coran incarne pour le musulman la parole de Dieu révélée au prophète de l'Islam qui a transmis et mis en œuvre tous ses enseignements. C'est un livre sacré qui est infalsifiable et ne contient aucune ambiguïté, ni contradiction. De ce fait, le Coran demeure la preuve la plus éclatante de la véracité du message du prophète de l 'Islam. Il contient à la fois le message lui-même et sa confirmation, c'est-à-dire l'appel et la preuve. Celles et ceux des croyants qui s'y attachent trouveront leur salut ici-bas et dans l'au-delà ; celles et ceux qui s'en détournent se verront du nombre des perdants. Le Coran nous rappelle également la place éminente de l'Envoyé de Dieu, tout à la fois Prophète, modèle et guide. Aicha, l'épouse du prophète de l'Islam (Que Dieu l'agrée) nous a offert la pertinente formule : son caractère était le Coran. Il vivait du rayonnement de la Révélation dans sa vie spirituelle, sociale et humaine. Le prophète de l'Islam a légué à la postérité une religion de monothéisme pur ; il a créé un Etat délivré de l'anarchie, établi une coordination harmonieuse entre le spirituel et le temporel, entre la mosquée et la citadelle ; il a laissé un nouveau système de droit, qui dispense une justice impartiale, à laquelle le chef d'Etat lui-même est assujetti au même titre qu'un homme du commun, et où la tolérance religieuse va si loin que les habitants non musulmans du pays Islamique jouissent d'une complète autonomie juridique, judiciaire et culturelle. Dans cette perspective, les gouvernants de notre époque ont la responsabilité de servir leurs concitoyens et non se servir comme l'attestent de nombreux exemples. Ils doivent témoigner de la douceur, de la compassion et de la justice à l'égard de leurs administrés, non pas parce que ce sont des privilégiés mais parce qu'ils ont la responsabilité dans la gestion des affaires collectives ; ce sont simplement des gestionnaires des biens publics, et non pas les propriétaires de ces biens. Toutes les dimensions des enseignements coraniques et prophétiques appellent les hommes à saisir l'étendue de la puissance de Dieu et à adopter envers Lui l'attitude qui sied. Le Coran évoque dans plusieurs de ses chapitres, la grandeur de Dieu et les preuves que sont les splendeurs de la création. On voit ainsi la place éminente que doit occuper le Coran dans le cœur et la pratique du croyant. C'est pourquoi, il est indispensable pour chaque musulmane et chaque musulman de l'apprendre, de le lire, de s'en imprégner, de se conformer à ses enseignements et de le méditer. Dans ce contexte, le mois de Ramadan, mois de la spiritualité offre une excellente occasion pour le musulman de maximiser le plus possible de bienfaits par la lecture, l'écoute et l'approfondissement du Coran. Ibn Abbâs (compagnon et cousin du prophète, que Dieu l'agrée), rapporte que l'ange Gabriel venait chaque nuit durant le mois de Ramadan rencontrer le Prophète Muhammad pour lui faire réciter le Coran, (Hadith rapporté par Boukhâri). Dans un hadith rapporté par notre maître Uthmân Ibn Affân, le prophète disait : « Le meilleur d'entre-vous est celui qui apprend le Coran et l'enseigne ». Dans beaucoup des hadiths authentiques, le prophète encourage les croyants à lire le Coran. Celui qui lit une seule lettre du Coran est récompensé d'une bonne action, cette même action est multipliée par 10. Donc, celui qui lit alif, lâm, mîm aura la récompense de 30 bonnes actions. Il faut retenir aussi que les lecteurs assidus du Coran seront récompensés de leur fidélité dans l'au-delà et les sourates viendront intercéder en leur faveur, notamment les sourates 2 (Al-Baqara) et 3 (ÂL-Imrân) qui renferment de grands bienfaits pour qui sait les méditer. Les efforts et l'ardeur de celui qui excelle dans la récitation coranique le mettront en compagnie des anges. Quant à celui qui s'efforce de parfaire sa lecture mais balbutie, deux récompenses lui seront attribuées : l'une pour sa lecture du coran, l'autre pour la difficulté qu'il rencontre et l'effort qu'il met en œuvre. Le croyant qui lit le Coran bénéficie d'autant de bienfaits intérieurs qu'extérieurs. Les vertus du Coran sont immenses, à chacun de nous d'en profiter au maximum. Aussi, il convient pendant cette période particulière de multiplier les demandes de pardon (Istighfars) et de repentance (Tawba), l'aide aux nécessiteux (Somalie, Palestine...), l'amour et l'attention envers ses parents, ses proches, et tous ceux qui l'attendent de vous, la multiplication des prières surérogatoires (nawafils) en sachant que prier la nuit pendant que les autres dorment constitue un facteur d'excellence humaine très agréé par Dieu. Il convient de rappeler également l'exceptionnelle faveur des dix dernières nuits du Ramadan, parmi lesquelles figure très souvent la Nuit de la Destinée (Laïlatul Qadr), dont la côte à l'échelle des actes d'adoration d'Allah dépasse celle de 83 ans de pratique religieuse. Au demeurant, n'oublions jamais la terrible échéance de la mort et qu'on doit rendre des comptes de nos actes un jour. De ce fait, il faut faire face à ses faiblesses, tout comme à ses tentations, et il faut en permanence faire l'effort sur soi (djihad Al nâfs) pour rester sur la voie de l'agrément de Dieu. Dans une de ses poésies, Baudelaire disait que « La plus grande ruse du diable est de nous faire croire qu'il n'existe pas ». Nous devons être vigilants et savoir l'éviter. Sachant que tout acte d'adoration de Dieu est l'occasion d'entraîner son âme à dépasser ses désirs les plus bas et à s'abstenir du mal, le souvenir de Dieu est le moyen le plus grand d'y parvenir. T.M.A