Parce que des membres de groupes terroristes et leurs ailes dites politiques ont connu une débâcle cuisante sur le terrain de l'action violente, grâce à la résistance des Algériens durant les années de braise et grâce à la bravoure et au sens du sacrifice des membres de l'Armée nationale populaire, les lâches attaques qu'ils ont menées, durant une décennie, contre la république et le peuple algériens, ont été transférées vers le front judiciaire où, à l'international, des dossiers sont constitués par de supposées anciennes victimes ou leurs ayants-droits, ciblant des figures algériennes de cette résistance et de ce combat contre le terrorisme. Mais à travers ces figures telles que celle de Khaled Nezzar qui n'incarnait rien de moins que la position ferme et intransigeante face à la violence islamiste, c'est l'Etat algérien qui a triomphé du terrorisme qui est ciblé, incriminé. Comment qualifier autrement ce procès, sinon comme une tentative de réécrire cette triste page de l'histoire de notre pays en l'entachant, en dépravant son combat légitime contre le terrorisme barbare, en mettant en cause ses principaux acteurs et en remettant en question ses grands acquis de paix et de réconciliation. La Suisse voudrait bien, car c'est la voie de la facilité, se dédouaner politiquement par rapport à l'indépendance de la justice helvétique et, dès lors, se déclarer incompétente en matière de prise de responsabilité face à cette agression judiciaire qui s'est tramée contre un Etat tiers, qui plus est, un Etat ami avec lequel des relations politiques et économiques suivies sont entretenues depuis des décennies. Mais force est de constater la lucidité de l'Etat algérien par rapport aux enjeux historiques et politiques que sous-tend ce genre d'affaire, son attachement au principe de respect et de reconnaissance envers ceux qui ont voué leurs carrières au service de la défense de la nation, ainsi que la conscience que cette affaire sert de cheval de Troie pour créer un climat révisionniste en Algérie, qui remettrait au goût du jour, sous une forme passéiste et non moins inquisitoriale, l'expression de « qui a tué qui ? » en Algérie. La position de l'Etat algérien est plus qu'honorable, elle se veut responsable, intransigeante et responsabilisante vis-à-vis de la partie impliquée politiquement, en l'occurrence l'Etat suisse, à qui il est signifié, dans des termes, certes diplomatiques, mais des termes d'une fermeté conséquente, que l'indépendance de la justice, les droits démocratiques et autres valeurs que l'Algérie s'approprie en partage avec la Suisse et avec le reste du monde, ne peuvent pas dédouaner les juges et la justice d'une certaine responsabilité quand il s'agit des relations entre Etats, sur des affaires algéro-algériennes sur lesquelles la justice algérienne a déjà statué ou qui ont connu un règlement politique à travers des processus de réconciliation. Il faut le dire, si la justice suisse n'avait pas de zones rouges qui l'orientent politiquement dans un sens plutôt que dans un autre, il y a longtemps que son sens de la justice l'aurait conduite, suite aux plaintes qui sont formulées sur son sol, à condamner les gouvernants israéliens, entre autres, pour crimes contre l'humanité dans un contexte où une armée tue des enfants, des femmes et des vieillards désarmés. Au contraire, les politiques suisses n'ont jamais été dérangés par le silence de leur système judiciaire face à ce qui se passe en Palestine, ce qui s'est passé en Irak et ailleurs, eux qui multiplient les déclarations de condamnation quand une roquette, tirée du Liban ou de Gaza, cible les territoires où vivent les Israéliens. La réaction ferme de l'Algérie qui pourrait donner lieu, à l'avenir, à des décisions de portée politique et économique sur les relations algéro-suisses, devrait bien signifier à la justice suisse ou du moins à ceux qui l'agitent à distance, que l'Algérie, par figure interposée ou pas, n'est pas un Etat que l'on agresse impunément.