Une des grandes figures du football algérien, Abderaouf Zarabi, fils d'Abdelaziz, lui-même ancien Fennec des années 1970, frère de Kiko qui a joué au Portugal, s'est livré au jeu des questions-réponses au micro de Nacym Djender, du journal électronique. «Afrik Foot.com». Une interview qui met de la lumière sur les dossiers qui ont fait la force du football national. Pour illustrer ses dires, l'ancien international algérien du temps de Djamel Belmadi et Ali Benarbia, mais aussi après, avec les Karim Ziani, Karim Matmour, Madjid Bougherra et Antar Yahia, le journal rappelle que les racines de Zarabi sont du sud algérien. A une question surprenante, à laquelle devait répondre l'international était de savoir s'il était confronté, de par sa couleur à des insultes ou des remarques racistes durant sa carrière ? Sa réponse est plus intelligente, il répond avec étonnement qui en disait long «Franchement, lorsque j'entends dire ce genre de choses, j'ai mal au cœur. C'est du n'importe quoi ! Le peuple algérien est un peuple des plus accueillants qui existent dans ce monda ». Ne s'arrêtant pas là, il indiquera que des joueurs d'autres nationalités qui évoluent depuis des années dans le championnat d'Algérie sans qu'ils soient inquiétés et finit par dire «Nous savons très bien accueillir, et les africains sont nos frères… Nous sommes un peuple fier et nous n'avons de leçon à recevoir de personne en matière d'humanité, croyez-moi, je connais mon peuple. On sait très bien qu'il n'y a pas la moindre différence entre un blanc ou un black. L'islam nous l'interdit formellement». Libre de jeûner ou pas Une question qui semble «fouetter» l'Algérien, cette question, pleine d'allusion permet à Zarabi, de dire qu'effectivement qu'il existe encore des personnes qui n'ont pour objectif que de déstabiliser les joueurs africains, l'international Algérien dira «on était avec un coach qui nous disait : «Pour préserver la santé des joueurs, je ne veux pas que vous jeûnez pendant le mois de Ramadan». Il raconte «qu'avec le coach Ruud Krol, l'ancien joueur de l'Ajax Amsterdam, que j'avais comme entraîneur à Ajaccio, c'est quelqu'un qui a vécu avec les musulmans et il a, en plus, roulé sa bosse un peu partout, il me disait : «Abdel, pour moi, que tu fasses ou pas le Ramadan, l'important est d'être bon sur le terrain. Chacun est libre de faire comme il veut. Je ne te jugerai qu'à l'entraînement. Si tu es bon, tu joueras, et si tu n'es pas bon, tu ne joueras pas… Après, quand un entraîneur ne veut pas te faire jouer parce que tu fais le Ramadan, eh bien, il faut assumer et c'est tout. La vie continue malgré tout»… Ce n'est pas parce qu'un entraîneur ne te fait que tu vas dire de lui qu'il est raciste ou islamophobe… C'est aussi cela le football et on doit l'accepter et travailler.» Beaucoup de joueurs ne seraient pas retenus Poursuivant le jeu de questions-réponses, un sujet est abordé, à travers cette question «Peu de joueurs de couleur sont retenus en sélection d'Algérie, et ce par rapport à la population nationale qui renferment beaucoup de bons joueurs de couleur... Partagez-vous ce point de vue ?» Zarabi explique une fois de plus «que les populations de couleur vivent à 90% dans le sud de l'Algérie. Moi qui suis issu de cette région, Ouargla, justement, je peux vous assurer que dans les années à venir, vous allez voir beaucoup de talents émerger du Sud. Il y a, actuellement, un travail énorme qui se fait dans toutes les villes du sud de l'Algérie. L'Etat a mis le paquet sur les clubs du sud et les joueurs du sud commencent à jouer en grand nombre dans les régions du nord du pays. Il y a eu aussi la création des académies qui commencent à sortir ces clubs et leurs joueurs de l'ombre. Pour lui, sa vie de footballeur a débuté lorsqu'il avait signé avec le NAHD, mais avant il n'avait jamais été sélectionné en équipe d'Algérie dans les catégories des minimes ou des cadets. Les choses avaient complètement changé pour moi. Les sélectionneurs n'étaient pas loin, donc je bénéficiais de plus de visibilité. «Anatouf est la coqueluche des supporters qui le considèrent comme « le petit prince des guerriers du désert ». «A chaque match des jeunes, tu pouvais trouver des entraîneurs de la fédération pour te superviser. A partir de là, j'ai pu intégrer les sélections nationales jusqu'à celle des A. Cela n'a rien à voir avec le racisme. C'est un problème de visibilité qui est en train de s'estomper avec la présence des réseaux sociaux. Les gens du sud sont moins marginalisés de nos jours qu'avant. Aujourd'hui, quand un jeune est bon, on le découvre très rapidement, à l'image de Moslem Anatof, la nouvelle pépite de la ville de Tindouf qui est aussi capitaine de l'équipe nationale Espoirs (et qui avait signé au Mouloudia d'Alger avant de rejoindre l'étranger et d'évoluer ensuite en équipe nationale (ndlr... Anatouf est la coqueluche des supporters qui le considèrent comme « le petit prince des guerriers du désert ». C'est le plus aimé de tous. Ce qui confirme vos dires à propos de l'absence de racisme en Algérie. Il y a eu avant lui, le cas d'Hicham Boudaoui qui vient également du sud et qui réalise une belle carrière aujourd'hui chez les Verts et à l'OGC Nice. Il y a des clubs qui deviennent aussi importants en Ligue 1 « Dans le Sud, comme je vous l'ai dit, il y a un potentiel immense dans le domaine du sport en général. Moi qui suis issu du sud, je peux vous assurer qu'il y a de très bons joueurs dans cette partie du pays. Vous allez les voir émerger dans les années à venir, notamment avec la montée de plusieurs clubs du sud en Ligue 1 et Ligue 2. Il y a déjà le MC Ouargla, anciennement CR Béni Thour avec qui j'ai joué, qui a gagné la Coupe d'Algérie en 2000. Il y a des clubs qui deviennent aussi importants en Ligue 1, à l'image de la JS Saoura, l'US Biskra, le MC El Bayadh ou l'US Souf et dans peu de temps, on va voir des joueurs du sud émerger et rejoindre la sélection nationale. C'est juste une question de visibilité. Après, c'est le meilleur qui doit jouer, quelle que soit la couleur de sa peau ». La mort de Albert Ebossé en 2014... «Franchement, j'ai joué à la JSK et c'était mon rêve de vêtir le maillot de ce grand club d'Afrique. Je peux vous assurer que je n'ai jamais eu le moindre problème avec qui que ce soit. Les supporters adorent le club et leurs joueurs… Malheureusement, je ne peux pas vous dire ce qui s'est passé ce jour-là. J'ai quitté la JSK un an avant l'arrivée d'Albert Ebossé. J'ai une profonde pensée pour sa famille et ses proches et je comprends leur douleur. C'est un drame très regrettable. J'ai des amis comme Malek Asselah qui l'ont connu de près. Il m'a dit beaucoup de bien d'Ebossé, que Dieu ait son âme. C'était quelqu'un de très aimé par ses coéquipiers et tout le monde le respectait à la JSK. C'était un très bon joueur qui avait une grande marge de progression. C'est vraiment regrettable ce qu'il lui est arrivé... »