Ce n'est pas un report des élections qui a lieu pour les présidentielles, mais bien une décision d'anticipation qui avance la date de la tenue du scrutin de trois mois avant le rendez-vous prévu en décembre. L'effet en est une grande surprise et plutôt de l'incompréhension de la part de ceux qui observent la scène politique algérienne de l'extérieur, dont certains, depuis Paris, pris certainement à contrepied, qui tablaient surtout, à coups de spéculations au "piffomètre" et pour on ne sait quelles raisons, sur un report des élections. La décision semble bien avoir été prise en toute souveraineté par le Président de la République en présence de son Premier ministre, des chefs des deux Chambres du Parlement, du chef d'Etat major de l'Armée et du président de la Cour constitutionnelle. Bref, de toutes les instances élues et institutionnelles habilitées à mesurer sa portée, à en prendre acte et à en assumer la stricte application et le suivi. Même si aucune explication, cependant, n'a été fournie sur les raisons qui ont été à l'origine de cette décision dans le communiqué officiel émanant de la Présidence de la République, il est possible d'en inventorier quelques-unes susceptibles de valoir leur pesant argumentaire. En fait, le caractère anticipé du scrutin qui aura lieu début septembre nous situe dans un contexte d'avant la rentrée sociale ; ce qui, certainement, évacue cette période que les Algériens vivent chaque année et avec laquelle ils vibrent émotionnellement, financièrement et politiquement et qui finit par déterminer leur perception négative ou positive de toute l'année sociale, avant même que celle-ci n'ait été réellement et clairement structurée par les décisions portées dans le projet de loi de Finances pour l'année qui suit, et qui se décide à la fin de chaque année. Début septembre est, par ailleurs, toujours dans l'habitus algérien, un prolongement de la saison estivale, d'autant plus que ces dernières années les rentrées scolaires ont souvent eu lieu plutôt vers la fin septembre ; ce qui installe le scrutin dans un contexte social propice à son intégration favorable, par le citoyen, comme un événement non contraignant du point de vue de l'accomplissement du devoir électoral et, plutôt, comme un événement démocratique festif susceptible de mobiliser d'ailleurs les membres de la famille en mesure de voter, car, les fortes abstentions sont souvent dues à des conditions matérielles et circonstancielles en rapport avec les conditions calendaires et administratives dans lesquelles se déroule le scrutin, plutôt qu'à d'autres raisons absconses que les analystes s'amusent à produire avec une grande aisance par effet rétroactif. Les Algériens devraient, ainsi, aller voter massivement ce 7 septembre 2024 pour choisir celui qui présidera à la destinée du pays et à la leur durant les cinq prochaines années, eux qui ont éprouvé, pour la première fois, un 12 décembre 2019, les conditions d'un scrutin véritablement démocratique avec ses effets fortement abstentionniste du fait de la grande défiance populaire, un scrutin qui a, malgré tout, soustrait le pays à un chaos programmé et qui a permis à l'homme, au pouvoir aujourd'hui, de tracer un programme audacieux et rigoureusement mis en œuvre, et de veiller, avec une attention renouvelée, à rehausser le niveau de vie des couches les plus défavorisées et des régions les plus enclavées, tout en avançant implacablement sur les dossiers financier et économique, dans un contexte de guerre continue contre les fléaux de la corruption et de la bureaucratie, ennemis annoncés du bonheur social des Algériens. Le Président convoquera le corps électoral trois mois avant la tenue du scrutin, soit, jour pour jour, le 8 juin 2024, laissant le loisir aux Algériens de savourer leurs vacances estivales avec les marges émotionnelles et rationnelles qu'elles leur permettent pour se mettre à l'écoute de la scène politique qui s'animera, dans ce contexte, de discours et de discours contradictoires, comme le veut le jeu démocratique, pour nourrir les citoyens des arguments qui devraient déterminer le choix de la personne qu'ils éliront à la Magistrature suprême. Ce qui nous pousse à constater que le choix d'avancer la date de la tenue de ce scrutin important pour l'avenir de l'Algérie ne procède nullement d'une mise en crise de l'alternance politique dans notre pays, mais plutôt, au contraire, de la réunion de toutes les conditions politiques, sociales et humaines pour sa réussite et pour la consécration de son caractère démocratique.