des pays adjudicataires des offrandes de ce programme Onusien portant mémoire du monde auquel tous les pays prétendants peuvent, sans conditions d'éligibilité, ni celles de conformité, s'inscrire ou postuler sur un dogme déclaratif. L'option des termes de références et /ou une convention est déchu. Dans la même optique, un intervenant du Chili avait cité l'exemple de la période de la dictature et tous les documents s'y rapportant (requêtes des tribunaux, témoignages des citoyens …) . Un intervenant des Philippines avait fait état, quant à lui, de la révolution populaire de 1986 et de l'idéalisme qui en est ressorti, celui qui permet aujourd'hui de rassembler et d'éviter de commettre l'irréparable. La question essentielle du débat était « que faire face à des souvenirs anciens, aux régimes, aux évènements qui n'ont pas été démocratiques ? », sachant par exemple que l'Allemagne de l'Est et celle de l'Ouest avaient des points du vues différents sur la Nazisme. Le cas de la Lettonie est présenté, quant à lui, sous la forme d'une nation non violente, une nation chantante avec une mémoire ouverte. Le crédo de cet atelier était : « il n'y a jamais d'émotion de trop, c'est le pragmatisme qui est parfois dangereux ». Certains intervenants ont considéré que le document n'est que l'attribut d'un lieu (un monument), il n'est jamais détaché d'un contexte. C- Dans l'Atelier sur « le statut formel du programme « Mémoire du Monde » (document établissant des standards, contributions des Etats membres de l'UNESCO, Contraintes légales », il a été question des instruments juridiques d'ancrage éventuels du Programme « Mémoire du monde ». Celui-ci n'ayant touché, jusque-là, que les professionnels (Archives, Bibliothèques). Il ne s'est pas étendu aux autres sphères, notamment diplomatiques. Les archivistes et les bibliothécaires ne sont pas spécialement portés sur l'histoire et mais liés par la chaine documentaire, à la mémoire. Le Programme « Mémoire du monde » n'a pas de base permanente et cherche un ancrage dans le dispositif des instruments juridiques de l'UNESCO. Des différentes possibilités, la solution de la « Convention » et de la « Recommandation» avaient été exclues, en raison de leur caractère contraignant et de la nécessité de la ratification. Il restait la solution de la « Déclaration » ou de la « Charte ». Il a été préconisé un plus grand engagement des gouvernements : la démarche pouvant se concevoir, dans une première étape, par une consultation des pays sur l'héritage documentaire (2 à 4 ans) et par une mise en synergie du Programme avec les différents secteurs d'activités de l'UNESC0 (droit de l'homme, sciences et techniques…). D- Sur le thème « Porteurs de la mémoire, l'histoire oubliée, la mémoire perdue », trois sujets avaient été traités : « Mémoire collective et perception du passé, modèles universels, expérience particulière », « La mémoire du passé dans le monde contemporain : mémoire en dépit de la destruction, les formes de présentation de la mémoire sociale » et« Les traces tangibles du passé ». Il a été fait état, d'abord, d'un point de vue de la psychologie clinique, de la conscience dite publique, de la violence de masse et du dialogue, dans la perspective des changements culturels rapides et des nouveaux mondialisés. Il a été souligné que la mémoire protège les individus et les collectivités en dehors des structures de l'Etat, considérant que la mémoire rejette la construction automatique de l'histoire. Il a été suggéré l'ouverture des accès au passé et à ses profondeurs. Le cas de la Chine et de l'Inde étant illustratif, dans le sens où ces deux pays ont un passé et un futur ouverts. L'objectif de la mémoire étant la mémoire. Même les nazis investissent dans la mémoire (exemple du musée de l'holocauste de Los Angeles). L'histoire n'est pas le dépositaire de la mémoire. Elle peut faire, par exemple, du génocide, un paradigme de la nécessite du sacrifice. Dans la tradition orale, ce risque est amoindrie sinon absent ; l'histoire est racontée et contée oralement (il n'y a ni fiction, ni mise en scène). C'est le charisme de l'orateur, le contenu du message, le rôle du conteur qui sont déterminants. Une différence avec la lecture d'un professeur à l'école. L'école sépare l'effet rationnel de l'effet émotionnel (exemple des scripts médiévaux). S'agissant de la valeur des documents, la question de la valeur spécifique des archives a été posée (documents strictement professionnels à lister dans des registres). Quelle est la partie de l'archive qu'il faut restaurer (comme les monuments), considérant que les archives sont dispersées un peu partout dans le monde ? Quelle est la part de l'archive publique et de l'archive privée ? « La mémoire est un processus et non un objet ». Les archives ne sont pas fossiles, les registres doivent donc nécessairement être revisités. Le patrimoine documentaire a besoin aujourd'hui d'un héritier qui le cultive. Une appropriation d'une archive par un groupe ne remet pas en cause l'intégrité de cette archive. Il faut attribuer une valeur aux archives et l'archiviste doit être considéré comme un auteur. L'intervenant de l'Inde considérait que « la mémoire n'est pas dans la partition mais dans l'écriture » alors que celui du Sénégal soulignait que « chez les occidentaux c'est l'oubli qui est érigé en vertu, alors que chez les africains c'est le souvenir qui est érigé en vertu ». Pour Dérida « l'archive est un acte politique. Il n'y a pas de valeur et de sens sans autorité qui donne la signification aux valeurs ». Dans l'optique politique et mémoire, il s'est posé la question du regard différent porté sur le passé. Dans la sphère occidentale, c'est le futur qui est ouvert. Il y a toujours une version officielle du passé, impulsée par une autorité (politique, religieuse…). Comment réaliser la liaison entre l'émotion et la relation au passé. L'héritage oral semble être plus près de l'émotion que l'histoire écrite. Il est demandé à l'Europe de redécouvrir son oralité, c'est-à-dire son histoire perdue. Pour l'intervenant du Mali, « le passé existe indépendamment de l'écriture et de la tradition orale ». Ecriture et tradition orale ne sont que les moyens de transmission. La tradition orale apporte plus d'informations. Pour construire la mémoire collective il faut rassembler les points de vue différents. Par exemple, les noms des indésirables (ex. condamnés, déportés, effacés de l'histoire). L'information ne doit pas être fossilisée, il faut dépasser la forme (le grossissement, la rancœur). E – Sur le thème « La mémoire pour l'avenir », trois sujets avaient été présentés :« La Bibliothèque numérique mondiale », « L'expérience du projet European » et « La jeunesse et le passé : les valeurs et le savoir d'importance pour les générations futures ». Une présentation a été faite de la Bibliothèque numérique (Wold digital library) qui regroupe jusque-là 116 partenaires et 68 pays (site : www.Wol.org), et de la Bibliothèque Europeana, conçue dans une perspective européenne, de consolidation de la cohésion sociale à travers la culture numérique, qui va au-delà de l'information pour naviguer sur les catalogue, en reliant les substances et enfin les sociétés. Les deux programmes, l'un mondial et l'autre européen font partie de deux philosophies différentes. Une question d'importance a été soulevée par les intervenants africains : « Quelle est la part du contenu africain dans la bibliothèque numérique ? ». La réponse était que l'Afrique constituait un chalenge et qu'il fallait développer les partenariats nécessaires. Il est demandé aux pays d'avoir des infrastructures seulement, le reste (équipement, formation) est gratuit. Pour le Programme Europeana, il est suggéré d'investir dans le réseau de la Francophonie numérique (sommet de la Francophonie à Québec avec 16 pays du Maghreb, d'Afrique et d'Europe : axe principal : la presse écrite, les trésors nationaux de chaque pays). F- L'Atelier « Comment transmettre le passé dans l'avenir ? L'histoire et les nouvelles générations », a traité des problèmes de la jeunesse dans leur relation au passé. Comment enseigner, aujourd'hui, l'histoire aux jeunes dans ce contexte de fracture générationnelle et de mutations rapides ? Les difficultés de la transmission, les sentiments de repli et l'usage d'internet sont paradoxaux. L'enseignement ne répond plus à la quête d'identité. La mémoire est différente de l'histoire. Les œuvres d'art, les découvertes scientifiques parlent mieux aux jeunes. Les jeunes sont cloitrés dans leur quartier et assignés à un lieu d'origine. L'école a l'obligation de devenir un lieu de culture. La question de l'heure, comment transmettre le passé dans le futur et le présent dans l'avenir ? A quoi sert l'histoire ? Est-ce qu'elle fait partie de la culture ? L'histoire est un ensemble de dates et de noms et non une culture. « L'histoire est une culture et non une discipline scientifique ». Une importante tension existe entre l'histoire et la mémoire. La mémoire collective (individus + communautés) mémorise les choses que nous voulons (agréables). L'histoire victimaire, elle sert aussi à punir. L'histoire a des aspects arbitraires alors que le musée non, il assure la transmission du passé aux générations futures. L'intervenant de Thaïlande avait déclaré que « la mémoire c'est plus que le document et que les archives ». Il faut inclure dans cette mémoire du monde les sociétés qui ne dépendent pas de la littérature et des archives écrites. Nous savons que chaque nation à un intérêt, mais comment concilier tout cela ? Comment parler aux jeunes ? Par exemple, les jeunes polonais d'aujourd'hui, n'ont pas de défi contre l'ancien. Le défi c'est la vie dans la société d'aujourd'hui, la démocratie, la multitude des cultures, le dialogue et les technologies modernes. Conclusion Comme la convention et le conformisme sont foncièrement exclus, La rencontre a été clôturée par la lecture d'une déclaration et des recommandations, soumis à l'avis des participants. Donc, aucune formalité au préalable n'est établie pour en profiter de l'inscription du patrimoine à l'appréciation des pairs ! Au même titre que la liste du patrimoine mondial, le Registre de la mémoire du monde est un label de rappel de la mémoire. Beaucoup de pays ont inscrits sur ce Registre de la Mémoire du monde, des documents d'importance, pour porter à la connaissance de l'humanité de hauts faits des nations ou pour rappeler le souvenir d'un évènement marquant à partager avec le monde. Nous citerons par exemple l'inscription de la Déclaration des droits de l'homme et l'appel du 18 juin 1940 par la France où la Mémoire du canal de Suez par l'Egypte. Pour l'Algérie : nous aurions bien vu l'inscription la bataille de lalla Fatma N'Soumer, la résistance de el Amir Abdelkader, la révolution de cheick el Mokrani, des événements du 08 Mai 1945, le lieu historique et les documents du congrès de la Soummam, la déclaration du 1er novembre 1954, les documents des accords d'Evian ,,,etc sont autant des éléments liés aux questions mémorielles nationales que Nul ne pourra contester . En dehors de l'enjeu politique, l'Acte est réputé pragmatique et la balle est dans le camp des Professionnels. De moult événements et de lieux historiques justifiés dont les enseignements peuvent être tirés au profit du savoir patrimonial et des futures générations. Comment convaincre les jeunes aujourd'hui et interpeller les instances onusiennes y compris les Experts ? il suffit de présenter la traçabilité des événements par des documents et reproduire par des visites guidées au profit des spécialistes de la question, des formats imprimés et numériques de conviction, chapeauté par un panel professionnel dont l'acquisition du droit serait opérée par grappe et step by step. Pour l'Algérie, l'examen est lumineux ! A suivre… Nadir Hama-Dpgs en Management des Projets