Sans sinistrose, ni autosatisfaction, pour éviter les erreurs du passé, s'impose un débat serein privilégiant uniquement les intérêts supérieurs de l'Algérie, qui n'a pas besoin de louanges stériles d'experts organiques, en contrepartie d'une rente, qui d'ailleurs n'ont aucun impact ni sur la société qui connaît mieux ses problèmes que sur les institutions internationales connaissant parfaitement la situation de l'Algérie, discours contre productifs pour le pouvoir lui-même, mais d'un discours de vérité.C'est dans ce cadre que le ministre algérien de l'Energie et des Mines et le PDG de Sonatrach ont annoncé , déclarations objectives, courant mai 2024 que l'Algérie pourrait produire,( étant la sommation de la consommation intérieure et des exportations) dans les cinq prochaines années (2029/2030) , 200 milliards de mètres cubes gazeux dont 100 milliards de mètres cubes gazeux d'exportation, 80 pour la consommation intérieure et environ 20 qu'il faudra injecter dans les puits pour éviter leur dessèchement. Ces objectifs de 100 milliards d'exportation de gaz ( GN et GNL), l'Algérie étant avant tout un pays gazier, 2400 milliards de mètres cubes gazeux de réserves pour le gaz traditionnel,, 19800 milliards pour le gaz de schiste, mais nécessitant un consensus social et la protection de l'environnement, et entre 10/12 milliards de barils de pétrole de réserves, sont réalisables sous réserve de grandes découvertes et d' une nouvelle politique des subventions ciblées. Cependant attention à une politique ne tenant pas compte de la réalité sociale avec de graves dérives sociales comme cela a été dans certains pays des émeutes contre la hausse des prix des carburants et du pain : le revenu moyen de l'Algérien est environ 20% de celui de l'européen, d'où la nécessité d' appliquer le système des subventions au profit des régions, des catégories sociales à faibles revenus ainsi que transitoirement pour des segments inducteur de valeur ajoutée ( étude réalisée sous la direction du professeur Abderrahmane Mebtoul assisté des cadres de Sonatrach et du bureau d'études américain Ernst & Young 8 volume 890 pages, MEM Alger, 2008-pour une nouvelle politique des carburants, dossier présenté dossier aux députés APN axée sur une politique des subventions ciblées pour les carburants). La nouvelle politique des carburants implique donc à l'avenir tant aux opérateurs économiques, aux institutions de l'Etat central et local et aux citoyens de rationaliser leur consommation, en vue d'économiser et permettre d'exporter vers les marchés extérieurs pour générer des devises au profit de l'économie nationale. Dans cette perspective Sonatrach dans le cadre du Mix énergétique entend axer sa politique sur la diminution des gaz torchés, la réduction de l'empreinte carbone, être un acteur efficace au sein de la chaîne de valeur des énergies renouvelables, ainsi que de l'hydrogène vert bleu et blanc. l'Algérie entend devenir un acteur majeur d'approvisionnement en énergie de l'Europe (2e fournisseur avec 19% en 2023) et d'autres marchés lointains en développant le GNL, grâce à un partenariat gagnant – gagnant. Avec le développement des énergies renouvelables dont le solaire (3000 heures de soleil par an) . l'objectif est d' atteindre 35/40% de la couverture des besoins intérieurs 2030/2035 avec une partie exportable de 10.000/11.000 MW ( source Ministère Energie) grâce aux interconnexions et concernant hydrogène blanc, vert et bleu 15% de la couverture des besoins de l'Europe horizon 2035, , un montant d'investissement entre 25/30 milliards de dollars ayant été dégagé. Sous réserve de l'attrait d'investissements étrangers porteurs, l'Algérie peut devenir un acteur majeur de l'approvisionnement de l'Europe en Energie dans le cadre des négociations pour le lancement du raccordement électrique entre l'Algérie et les pays européens via la Méditerranée. 4-Des entreprises concurrentielles pour atteindre 12/13 milliards de dollars d'exportation hors hydrocarbures horizon 2028/2030 ? Selon les données officielles de la banque d'Algérie (source APS) les exportations en 2023 ont été 50,4 milliards de dollars d'hydrocarbures (contre 59,7 milliards en 2022), soit une « baisse de 16,9 % et les exportations hors hydrocarbures ayant baissé de 15%, passant de 5,9 milliards en 2022 à 5,05 milliards de dollars pendant l'exercice 2023 et les importations, elles ont enregistré un bond de 10,5%, passant de 38,757 milliards de dollars à fin décembre 2022 à 42,842 milliards de dollars à la même période de 2023 Pour 2022, les statistiques douanières reproduite par l'agence APS contredisent ces données donnant au total 6,55 milliards de dollars et non 5,9 milliards de dollars , ventilés ainsi : en millions de dollars : chimie pétrochimie et dérivées d''hydrocarbures 4248,09 millions de dinars- médicaments et produits pharmaceutiques 3,61, matériaux de construction, ciment et rond à béton 1017,43- métallurgie sidérurgie 423,40-plastique, caoutchouc-verre 172,00-autres secteurs industriels 415,12- produits agro- alimentaires 149,69-produits agricoles 103,68 millions de dinars donnant un total de 6533,02 millions de dollars Si l'on inclut le ciment, le rond à béton, dominants dans les matériaux de construction, les exportations étant des semi-produits à faible valeur ajoutée et bénéficiant d'importantes subventions (dont le prix du gaz à environ 10/20% du prix international), nous avons un taux de 80,60% ; restant aux autres produits 19,40% alors que certains soi disant experts organiques, selon l'expression du philosophe italien Gramsci induisant en erreur le président de la république et les plus hautes autorités du pays ont avancé sans analyses sérieuses 10/13 milliards de dollars entre 2024/2025 ( données reprises par l'APS) , et certains responsables, sans dire comment , annoncent 30 milliards de dollars entre 2029/2030, soit au prix constant 2023, plus de 50% des entrées en devises des hydrocarbures de 2023. Car pour bien situer les enjeux des exportations hors hydrocarbures dans le temps et non se fier aux facteurs conjoncturels, il faudrait pour un bilan serein en dressant la balance devises nette et donc répondre aux questions fondamentales suivantes. Quelle est la part des entreprises publiques et privées et leurs formes d'organisation, entreprises par actions, SARL ou unités uni personnelles. Selon le registre de commerce bilan 2022, 90% des entreprises industrielles, sont souvent à gestion familiale, peu de sociétés privées par actions, sont des unités unipersonnelles et des petites SARL ne maitrisant pas les nouvelles technologies donc peu concurrentielles mais avec cependant l'émergence récente de nouveau manageurs privés mais étant pour l'instant marginaux ; la répartition spatiale par zones géostrophiques, en mentionnant le chiffre d'affaires, la structure des coûts; mettre en place des tableaux comptables de prospectives physico-financiers, afin d' analyser les évolutions des exportations en volume et en sur une longue période pour corriger l'effet prix ; le taux d'intégration des unités exportatrices devant retirer toute les matières premières et services importées en devises qui ont un impact sur la balance des paiements et enfin quantifier toutes les subventions dont les bonifications des taux d'intérêt et pour les unités fortes consommatrices d'énergie, aligner le prix du gaz sur celui du prix international pour calculer leur rentabilité réelle dans un cadre concurrentiel mondial. Pour atteindre entre 10/15 milliards de dollars entre 2028/ 2030, il faut être réaliste., en référence à la structure des prix de 2024, il faudra augmenter le volume de plus de 50%, nécessitant de profondes réformes structurelles, la concurrence étant vivace au niveau mondial, car les exportations hors hydrocarbures supposent des entreprises publiques et privées concurrentielles dans le cadre des avantages comparatifs mondiaux. Par ailleurs, la dynamisation des exportations hors hydrocarbures, existant un marché mondial où quelques firmes contrôlent bon nombre de filières sans compter les rivalités géopolitiques des grandes puissances et de certains pays émergents, pour le contrôle des parts de marché, notamment en Afrique avec une concurrence vivace, en fonction des contraintes internes sécuritaires, politiques, sociales et économiques et l'amélioration du climat des affaires, Il faudra surtout attirer les investissements directs étrangers IDE .Selon le rapport publié le jeudi 20 juin 2024 par la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED). Intitulé « World Investment report 2024 », le continent africain a reçu des investissements étrangers en 2023 d'un montant global de 52,63 milliards de dollars en 2023, en baisse de 3 % par rapport à 2022. L'Egypte est le pays africain qui a capté le plus d'investissements directs étrangers (IDE) en 2023, . Intitulé « World Investment report 2024 », ce rapport précise que ce pays d'Afrique du Nord a attiré des flux d'IDE d'un montant de 9,84 milliards de dollars, talonné par l'Afrique du Sud (5,23 milliards de dollars), l'Ethiopie (3,26 milliards), l'Ouganda (2,88 milliards), le Sénégal (2,64 milliards), le Mozambique (2,50 milliards), la Namibie (2,34 milliards), le Nigeria (1,87 milliard), l'Algérie arrivant 14e position avec (1,21 milliard) dans le classement de la CNUCED., au Maghreb, devançant le Maroc et la Tunisie. En 2024 , nombre de projets inscrits au niveau de l'Agence algérienne de la promotion de l'investissement (AAPI) aurait été de 4000 projets enregistrés à cette Agence, 57 étant des projets structurants, dont 47 d'investissement étrangers directs sans préciser le montant et la nature des projets et leurs impacts Mais il l faut éviter les erreurs du passé, l'ANDI sous la période 2000/2019 avaient annoncé plus e 10.000 projets déposés qui devaient transformer tout le paysage économique mais à peine 5% ont vu leur réalisation effective concentré , en valeur, surtout sur les hydrocarbures. Aussi, l'objectif de 10/13 milliards de dollars d'exportation hors hydrocarbures durant la période /2028/2030, sera fondamentalement tributaire des exportations des dérivées d'hydrocarbures , d'où l'importance d'encourager la pétrochimie dont le grand projet de la raffinerie de Hassi Messaoud qui accuse un retard. En conclusion, l'objectif stratégique est d'utiliser cette rente éphémère afin d'asseoir une économie diversifiée, un pays n'étant respecté (exemple la Chine) en ce XXIe siècle, existant un lien dialectique entre sécurité et développement, que s'il a une économie forte, l'Algérie pouvant devenir un pays pivot et donc un acteur majeur de stabilité au sein des espaces méditerranéens et africains. D'une manière générale, en étant réaliste, la transition d'une économie de rente à une économie diversifiée hors rente dans le cadre des nouvelles mutations mondiales, dans la pratique des affaires n'existant pas de sentiments mais que des intérêts suppose, une nouvelle gouvernance et une réorientation de l'actuelle politique socio-économique. Professeur des Universités, Docteur d'Etat Abderrahmane Mebtoul