L'apparition de l'épidémie de la diphtérie et de paludisme dans les zones frontalières limites du Grand-Sud du pays a provoqué, jusqu'à hier lundi, un bilan de 40 décès et 536 cas confirmés, c'est ce qu'a révélé, hier, le président de l'Agence nationale de la sécurité sanitaire (ANSS), en l'occurrence le Professeur Kamel Senhadji, lors d'une déclaration faite sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale.Un bilan lourd, les frontières extrêmes du pays reliant avec les pays subsahariens voisins, le Niger et le Mali, sont en alerte à cause de l'apparition de l'épidémie de la diphtérie et du paludisme qui a tué, jusqu'à hier lundi, 40 personnes et provoqué plus de 500 cas confirmés. Invité hier à l'émission ''L'Invité du jour'' de la Chaîne III de la Radio algérienne, le Professeur Kamel Senhadji a déclaré que la plupart des décès et autres cas constatés de l'épidémie de la diphtérie et du paludisme, ont été recensés à la limite des zones frontalières algériennes, notamment à Timiaouine (Bordj Badji Mokhtar) à la limite des frontières avec le Mali et Tinzaouatine (In-Guezzam) jouxtant les frontières avec le Niger. «A Tinzaouatine, l'épidémie de la diphtérie a causé 115 cas au total depuis le 28 septembre passé, dont 27 décès ont été enregistrés à Tinzaouatine et un seul cas à In-Guezzam, alors que dans la wilaya de Bordj Badji-Mokhtar, 12 décès causés par le paludisme ont été recensés, tandis que dans la wilaya de Tamanrasset, la situation est beaucoup plus sûre et maîtrisée, où seulement un à deux cas de diphtérie sont signalés par jour», a précisé le président de l'Agence nationale de la sécurité sanitaire. Expliquant mieux la situation épidémiologique qui prévaut, à présent, dans les wilayas frontalières qui sont touchées par l'apparition de la diphtérie et du paludisme, et développant encore mieux les raisons de ce débarquement épidémiologique sans précédant au niveau des zones frontalières algériennes, le Pr Senhadji a été explicite, hier, sur les ondes de la Radio nationale. En tant qu'une personne de métier et fin connaisseur de la vie épidémiologique, le responsable de l'Anss a indiqué que «cette épidémie est synchronisée avec l'apparition du paludisme qui s'est propagé en cette période propice marquée par les dernières pluies ayant provoqué des eaux stagnantes et l'émergence de moustiques dans le désert, sachant que la diphtérie est une maladie contagieuse, alors que le paludisme n'est pas une pathologie contagieuse, mais transmissible par le moustique», a fait observer l'invité de la Chaîne III. Parlant du paludisme, l'hôte de la Radio nationale a fait état de 421 cas enregistrés depuis la fin du mois d'août dernier, «dont la majorité des cas sont signalés à Tinzaouatine, dans la wilaya d'In-Guezzam où 200 cas ont été enregistrés», a-t-il dévoilé. Quant à la wilaya de Tamanrasset, l'épidémie de la diphtérie et du paludisme ont été beaucoup moins actifs. «Seulement un à deux cas de diphtérie sont signalés par jour», a fait état le Pr Senhadji tout en signalant que «les infrastructures hospitalières et la ressource humaine hautement qualifiée qui travaillent à Tamanrasset prend en charge les patients en temps réel», a-t-il mentionné. Sur le plan logistique, l'invité de la Chaîne III a estimé que «toutes les zones touchées par les maladies bénéficient d'un approvisionnement régulier en vaccins et en médicaments, avec un protocole thérapeutique conforme aux recommandations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS)», dira le Pr. Senhadji, tout en soulignant que «l'effort de prévention et de prise en charge des patients repose ainsi sur des standards internationaux, garantissant une protection optimale des populations locales. Cela date depuis 1962 et les efforts de l'Algérie ont été salués par l'OMS», a-t-il rappelé. Mieux, le chef de l'Agence nationale de la sécurité sanitaire a déclaré qu'en matière de sécurité et prévention sanitaires l'Algérie devance de très nombreux pays, «le système sanitaire de certains pays voisins n'est pas forcément développés comme le nôtre, où le taux de couverture vaccinale avoisine ou dépasse les 80 % des populations», a-t-il rappelé. Toutefois, le Pr Senhadji n'a pas caché sa crainte d'une éventuelle propagation de la diphtérie et du paludisme dans les wilayas du Grand-Sud les plus lointaines. «Le problème se pose dans les nouvelles wilayas du Grand-Sud et plus lointaines qui ne sont encore dotées de grandes structures hospitalières. Leurs structures sont prises d'assaut et sont saturées», a-t-il expliqué .