C'est un véritable SOS que viennent de lancer les députés des wilayas du Grand Sud après la propagation du paludisme. Dans une correspondance qu'ils ont adressée le 24 septembre dernier au Premier ministre, les élus ont évoqué les signes d'une nouvelle crise sanitaire susceptible d'affecter les régions frontalières d'In Guezzam et de Tine Zaouatine dans la wilaya de Tamanrasset et Bordj Badji-Mokhtar et Timiaouine à Adrar. Le document dont nous détenons une copie sonne comme une mise en garde à l'endroit des hautes autorités du pays. En moins d'une semaine, a-t-on précisé, plus de 1 000 cas de malaria ont été dénombrés. Quelques jours après, la sonnette d'alarme a été tirée par le Comité de surveillance épidémiologique auprès du ministère de la Santé qui, pour sa part, confirme avoir enregistré 1 110 cas de paludisme, dont 918 à Tamanrasset, 96 à Adrar et 89 à Illizi. Ces chiffres qualifiés de record par les spécialistes en maladies infectieuses auront non seulement donné matière à réflexion sur cette nouvelle donne épidémiologique, mais aussi provoqué un véritable déchaînement sur les réseaux sociaux, nourrissant des débats houleux sur l'origine de ce pic de malades infectés. Les professionnels de la santé estiment que cette situation, due en partie au paramètre naturel lié aux grandes précipitations enregistrées récemment dans les deux pays pourvoyeurs de ce parasite, le Niger et le Mali en l'occurrence, est imputée au grand afflux de Subsahariens vers Tamanrasset et les autres wilayas affectées. En plus, les gens ont tendance à sous-estimer cette pathologie, considérée comme première étiologie de décès en Afrique subsaharienne. Ce qui est encore plus grave, c'est le manque de sensibilisation sur cette épidémie que certains nomades prennent pour une simple grippe saisonnière. D'après les statistiques en notre possession, 5 décès ont été déplorés. Mais cela reste toujours préoccupant eu égard au nombre croissant des contaminations qui seraient importées soit par des Algériens qui sont partis au Niger ou au Mali, soit par les ressortissants de ces régions subsahariennes qui immigrent en Algérie. Déjà excédés par la lutte contre la Covid-19, les praticiens de l'EPH de Tamanrasset préconisent de mener une vaste campagne de dépistage, particulièrement au niveau des localités frontalières, afin de pouvoir s'attaquer aux larves de ce parasite. En matière de prévention, ils ont recommandé de se procurer des insecticides et de procéder à l'assèchement des étangs et des mares d'eau usée qui se sont formées dans des quartiers de la ville. Se voulant rassurant, le DSP, Mustapha Zenagui, affirme que la situation qui fait partie des missions de sa direction est totalement maîtrisée. "Nous disposons de tous les moyens matériels et humains pour faire face à cette épidémie qui, faut-il le souligner, n'est pas contagieuse. Les centres de traitements sont renforcés en personnels bien formés à la lutte antipaludéenne. Nul besoin de s'inquiéter ou encore de se préoccuper par les discours alarmistes", nous dit M. Zenagui, en invitant les malades présentant des symptômes de la malaria de se rapprocher des établissements sanitaires pour être pris en charge. Pour ce qui est de la prophylaxie, le même responsable rappelle que l'EPH Mesbah-Baghdadi assure la prise en charge des malades qui bénéficient d'un traitement à titre gracieux. Toutefois, la prise de médicaments antipaludéens, même en respectant un schéma thérapeutique correct, n'est pas suffisante, car il faut aussi se protéger des moustiques, les empêcher d'entrer en contact avec leurs victimes, afin d'éviter la piqûre de l'anophèle, principal vecteur du paludisme. Et pour ce faire, "il faut impérativement éviter les déplacements en zone à risque sans protection. En cas de nécessité majeure, il faut passer par nos services pour se faire vacciner", a conclu le DSP.