L'arrestation récente de l'écrivain Boualem Sansal trouve à Alger une perception complètement différente de ce qui se dit et se déclare à l'international, où les médias, honteusement favorables aux actes ignobles d'Israël, s'émeuvent de l'arrestation et de l'incarcération d'un Algérien qui a failli envers son peuple et son pays.Les lois nationalistes algériennes ne sont que peu comprises par des pays qui ont renoncé à leurs identités nationales au nom de la globalisation, et dont les dirigeants ne comprennent pas pourquoi, leurs peuples, en manque de fibre patriotique et d'identité nationale, cherchent à revenir aux valeurs antérieures qui leur inspiraient sentiments de fierté et de grandeur. Ces valeurs révolues dans ces pays, sont les valeurs du présent algérien, les valeurs d'un pays toujours attaché à son identité, et jaloux de tout ce qui la fonde, y compris la sacralité de son intégrité territoriale pour laquelle des millions d'Algériens ont payé, 132 années durant, pour ne citer que le colonialisme français, le plus lourd des tributs. Comprendre cela, c'est comprendre pourquoi il existe une loi qui punit quiconque, surtout un Algérien qui a tété au lait maternel de l'Algérie, étudié dans ses écoles, connu la réussite et la consécration et occupé les hautes fonctions de l'Etat. Cette forme d'ingratitude, doublée d'une haine de l'Algérie, et cette prise de parole téléguidée qui réveille une autre forme de révisionnisme qui, pour inconséquent qu'il est, n'en appelle pas moins à une activation de la loi pour sanctionner, tel que le mérite de l'acte l'impose, l'auteur de propos d'une telle gravité. Boualem Sansal, l'écrivain et l'intellectuel a fait sa mue française au point d'en oublier ce qu'il était et qui il était, considérant la diffamation et l'atteinte à l'intégrité territoriale d'un pays dont les martyrs de l'émancipation anticoloniale se comptent en millions, comme une forme de liberté d'expression. Nous aurions bien aimé l'entendre se prononcer avec audace, pour peu que les médias français l'aient pu le laisser faire, sur l'ignominieux crime contre l'humanité qui se trame à Ghaza sous le feu nourri de l'armée barbare de l'entité sioniste et ses armes payées par l'Occident. Peut-être que derrière les barreaux, du fait, pour la première fois, d'une juste cause qu'il a omis de défendre, Sansal retrouvera-t-il la dignité et l'intégrité de l'intellectuel du Tiers-monde qu'il aurait dû être. Il aurait certainement, à défaut de distinctions feutrées de l'académie et autre reconnaissance germanique, gagné le respect des siens et d'autres peuples qu'écrasent chaque jour la machine économique et de guerre des puissants, et l'indifférence des écrivains autochtones à leurs soldes.