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L'irrésistible tentation de la «carotte-hameçon» fixée au bout de la langue perche de la francophonie (XIII)
Publié dans La Nouvelle République le 07 - 12 - 2024

Pour leur gouverne, n'évoque-t-on pas déjà aussi «l'abandon du français comme langue scientifique»? (Cf. Le Monde 24/03/2011). La problématique de l'enseignement des sciences en langue française n'est-elle pas également envisagée dans ce même contexte ? Ainsi, sur la chaîne «France Culture», le 28 mai 2019, ont été posées les questions connexes :
Tout ceci soulignant nettement jusqu'à quel point le «mimétique post-colonial» demeure encore étrangement prégnant chez ceux qui, tous imbus de leur petite personne, aiment venir parader et gesticuler pour afficher leur affiliation pointée au protocole normatif dit francophoniste ; allant parfois jusqu'à leur faire changer subitement de look pour faire chic/et/choc, et rester à flot. Ainsi, voit-on les uns et les autres finir par arborer qui une écharpe rouge vif (ou fleurie) nonchalamment nouée autour du cou, qui une chemise rose avec des bretelles écarlates par-dessus, qui un chapeau Panama/Fedora ou Borsalino noir sur la tête.
Alors pour quand aussi les hauts de forme, redingotes effilées, pardessus ornementés ou autres ombrelles dentelées ?
Dès lors combien sont-ils les benêts grugés inexorablement pris dans le roulis éperdu de la «culture occidentale», à deux doigts de boire la tasse dans son «bain moussant» auxquels le «slow» lancinant de ladite culture reçue aura fait singulièrement tourner la tête ; et qui, complètement séduits par le fameux «miroir aux alouettes» (par suite du changement d'échelle/paradigme insidieusement induit), se laisseront fondre comme neige au soleil dans les inextricables travées et/ou rets d'une «francophonie/citadelle» toujours renaissante de ses cendres en se voulant délibérément aguichante et racoleuse à souhait? Enfin combien sont-ils aussi ceux parmi les nouveaux «cipayes» de la plume à s'être versés/confinés dans la tâche ingrate de simples porteurs de «flabellum» souvent pressés de passer à table avant même que ne leur soit signifiée en bonne et due forme une invitation dans ce sens ?
De ce qui précède se dégage parallèlement cette autre image signifiant qu'en définitive nul ne sort vraiment indemne du vicieusement opaque cercle colonial, pas plus que du toxique/destructeur opium ou du systématique/méthodique laminage y apparentés, tels que résultant du vaste projet d'aliénation) (de dépossession ou de déshumanisation lui ayant servi tout à la fois de référentiel, de fil conducteur, de matrice ou encore de boite noire. A voir d'ailleurs ceux-ci aujourd'hui presque comme en état de lévitation/apesanteur/hébétude avancées, nombreux sont donc ceux parmi «les Africains (qui) prennent comme parole d'évangile toute info produite en France»[.- «La colonisation n'avait accordé aucun crédit aux langues locales véhiculaires et vernaculaires. Les textes coloniaux tendaient à imposer l'usage exclusif du français dans les milieux publics... » Cf. O. Maussoumo et A.J.M. Queffelc, le français en République du Congo sous l'ère pluripartiste (1996-2006), pp.16-17.
« Les langues des Noirs sont exclues de l'interaction entre Blancs et Noirs (...). Les langues primaires du Congo dépouillées de leur souveraineté et reléguées au rang de «dialectes», de «parlers» et même de «patois», la France impose l'utilisation exclusive du français dans tous les actes de caractère sérieux comme le précisent les prescriptions aussi rigoureuses que durables de la circulaire ne8 du 8 mai 1911 concernant l'enseignement des Noirs.
-1) le français est le seul en usage dans les écoles. Il est interdit aux maîtres de servir avec leurs élèves des idiomes du pays (...).
-2) donner des connaissances du français parlé véhicule essentiel de la civilisation française ».
Tout est dit ! Ajoutons ici que le même sort est réservé aujourd'hui à la langue romaine ? Cette dernière «objet de suspicion, de mépris (...) s'est vue confinée avec ses locuteurs aux marges de l'espace social, à un silence » Cf. Revue Cités 76/2018, p.159.], et qui, paradoxalement, se montrent en revanche plus que rétifs, réservés et réticents quant à avaliser des informations sensées en provenance de leur terroirs respectifs; ou accorder, le cas échéant, le même degré d'attention et/ou de crédit aux changements institutionnels envisagés dans ces mêmes terroirs.
D'autres tout aussi éberlués et quasiment à deux doigt de la syncope extatique (parce que visiblement auto-fascinés par la toute singulière mécanique de quelques jeux de mots qu'ils parviennent à aligner en surfant sur la langue française, tout en se gaussant d'avoir réussi à agréger celle-ci dans leur pedigree/profil), ne sont pas loin non plus d'imaginer avoir atteint l'extase/nirvana sur ce même plan. C'est à croire qu'elle constituerait pour eux l'Eldorado/terre promise rêvé! Cependant tout en avouant leurs irrésistibles penchants pour les «grands alpages» de la francophonie, ils semblent redouter plus que tout d'avoir à s'aventurer sur les «hautes terres» rattachées à la langue arabe; comme le prouve leur désaffection et leur réticence avérées à s'y aventurer de près. On ne peut donc que leur en vouloir de persister à ignorer à ce point les merveilles rattachées à cette dernière.
Pourtant quotidiennement, la télévision nationale (ou les autres chaînes indépendantes) montre des acteurs (économiques, sociaux,...) qui, spontanément, décrivent leurs métiers, leurs activités ou leurs aspirations en langue arabe, sans jamais faire montre de quelconques difficultés quant à s'en servir pour exprimer leurs vues sur tous les plans et sous tous les angles. C'est le cas également de simples chérubins et autres bouts de choux aguerris qui, au quotidien, montrent une étonnante et stupéfiante aptitude à la piquer au vol dans ses moindres facettes esthétiques.
En fait ces derniers, sans doute inconsciemment, se voient souvent reproduire à son égard tout un reliquat de mesures ségrégatives et/ou d'autres rancœurs obscures. Presque en tous points conformes au machiavélique synopsis tel qu'inauguré, institué et instauré auparavant au pas de charge sous les auspices de l'extravagant train-train administratif colonial. Avec, en sus, la dichotomie caractéristique séparant alors les catégories sociales dites de «haddar» (urbain/citadin) et de «berrani» (étranger/rural) durant la ténébreuse et révulsive époque en question.
Il est clair que ceux qui gravitent aujourd'hui dans le giron de la francophonie aiment bien disculper leur conscience en se disant qu'après tout il ne s'agit là que d'un mouvement de lettres combinées et autres agencements collatéraux y rattachés de près. Telle semble être en tout cas leur certitude prononcée, mais il s'ensuit tout de même aussi que dans le sillage de leur course folle, sous le prétexte bon enfant qu'ils ont appris à l'apprivoiser (soi-disant avec maestria doigté, finesse et dextérité), ils se croient aussi fondés/autorisés à prêter quelque avantage compétitif à la seule langue française. Auquel cas c'est alors en faisant sciemment un black-out total sur les conditions historiques qui, dans un passé relativement récent, ont permis à leur «canal favori/chéri» de se prévaloir d'un tel avantage hégémonique non seulement au niveau local sous nos latitudes, mais aussi dans d'autres contextes limitrophes ou éloignés (Tunisie, Maroc, Mauritanie, Mali, Tchad, Sénégal, Niger, Cameroun, Congo []16...). Dans le Quotidien d'Oran (22/05/2018), il est rappelé comment la France coloniale qui, parfaitement consciente du rôle joué par les «Biens Habous» dans le fonctionnement des institutions religieuses et d'enseignement, et subséquemment celui joué par les grands savants qu'elles n'ont cessé de produire et d'attirer en leur assurant une prise en charge de par les ressources dont disposaient chacune d'elles (sous forme de magasins, de terres agricoles, de maisons d'accueil..), mit fin, dès l'occupation d'une ville comme Tlemcen en 1842, à l'existence de ce riche et emblématique patrimoine. Des enseignants furent exilés, jetés en prison ou carrément passés par les armes. Privés de ressources vitales, tous les segments du système d'enseignement (constitué par les médersas, les katatib, les mosquées) vont dépérir et péricliter à vue d'œil. Tout comme fut peu à peu abandonné l'enseignement gratuit qui y était alors dispensé au profit de toutes les couches sociales: «la destruction de la célèbre medersa Tachfiniya en 1871 allait provoquer, également, un coup d'arrêt définitif à la prestigieuse épopée culturelle et intellectuelle de cette ville où les Habous ont participé, à l'origine de son prestige de centre religieux et scientifique, pendant des siècles étaient partout par la volonté de mécènes et de bienfaiteurs.» Or, chacun sait que l'appropriation d'une langue et son maintien alerte dans le vif de la dynamique sociale se fait le biais de la communication de tous les jours. En entravant sa présence effective dans le circuit des échanges, la colonisation visait clairement à réduire le spectre de son ancrage dans un système socioculturel de savoirs et de représentations communes y associés.
En l'occurrence, comment ne pas évoquer ici le travail admirable accompli par ces hommes illustres au port altier qui, vent debout, auront consacré toute leur vie à préserver leur religion et leur langue contre les incessants coups de boutoir d'une colonisation foncièrement perfide et malsaine qui entendait éradiquer toute trace de leur empreinte singulière. Sans oublier toute une législation ouvertement défavorable qui fut continuellement mobilisée à dessein pour entraver, autant que faire se peut, l'essor d'une langue ; formellement déclarée hors-la-loi, accablée de toutes les suspicions et combattue sans relâche.
Cela dit, il est bien connu que c'est en actionnant la panoplie et le grand jeu des tracasseries bureaucratico-administratives que la position dominante, par la suite réservée au français, fut mise en place pour servir d'autres visées/fins ultérieures. Tout comme il reste acquis qu'au regard des autorités coloniales scélérates, enseigner la langue arabe et la culture y associée (durant l'époque en question) était considéré comme un crime de lèse majesté. ; et dès lors jugé de poursuites pénales : avec tout le chapelet de mesures coercitives enclenchées sine die contre elle pour la maintenir dans l'extrême indigence et précarité culturelles. Ainsi tout un travail méthodique d'appauvrissement de ses ressources avait été entamé pour couper ses lignes de ravitaillement, approvisionnement et ressourcement. Le tout dans l'évident et pervers objectif de la voir rapidement rétrogradée, recalée en fin de piste; tandis qu'était systématiquement renforcée l'implantation du français au Nord comme au Sud du Sahara.
On ne peut manquer non plus de rappeler ici le témoignage édifiant d'un ancien enseignant de Dar El Hadith de Tlemcen relatant ses démêlées avec cet Israélite qui, chaque matin, le menaçait en lui barrant le chemin pour l'empêcher de se rendre à son lieu de travail ; ni celui de cet ancien élève de la même médersa qui, lui aussi, était importuné sur le chemin des études par un autre élément de la même communauté juive. Ce dernier s'acharnait à lui déchirer ses cahiers et jeter ses affaires par terre (Voir l'émission consacrée à cette institution sur Canal Algérie). Ces faits peu glorieux ne sont jamais évoqués, ni de près ni de loin, par les «historiens» issus de la communauté considérée qui se gardent bien de mettre à jour de telles facettes peu reluisantes pour mieux se concentrer sur d'autres aspects; en s'ingéniant toujours à vouloir attribuer à leurs pairs des rôles clés et déterminants de «résistants» ou encore «héros hors du commun».
Cela dit, ouvrons ici une petite parenthèse pour relever que les mêmes omissions occultant sciemment l'apport décisif des tirailleurs africains dans la libération de la France de l'occupation est relevé lors des commémorations du débarquement de Normandie.
(A suivre…)
Mahmoud Ariba-Professeur
des Universités/retraité/Faculté des Sciences Sociales /Université Oran2
Dans son livre ''les tranchées de l'imposture'' Ed. Dar El Othmania, Alger, Said SAAD rappelle : «quand j'interrogeais mon père, en lui disant qu'il y avait près de treize nationalités dans cette armée, mon père répliquait en riant : «peut-être c'est ce que l'on vous enseigne, mais moi, qui était sur le terrain, je peux t'affirmer que l'épine dorsale de cette armée se sont les Algériens qui venaient de différentes régions. En tant qu'Algériens, on s'est distingué par le fait d'être toujours en première ligne. Il nous arrivait même de libérer des villages un mois avant l'échéance dicté par le Haut-commandement».
Or occulter délibérément ces données historiques, en particulier l'incessant et pernicieux travail de sape mené contre elle durant la colonisation (sans pour autant oublier l'implacable isolement culturel dont elle pâtit de bout en bout) et considérer au lendemain immédiat de l'indépendance les deux langues sur un même pied d'égalité, c'est non seulement fausser d'entrée de jeu le sens même des évaluations possibles que d'aucuns aujourd'hui, à tort ou à raison, peuvent s'estimer habilités à donner à propos de l'une ou l'autre. Tout comme c'est prendre également le parti voire aussi courir le risque qui est celui de vouloir dénaturer la trajectoire historique même de l'une et l'autre réunies; en sachant par ailleurs l'impérieuse nécessité qu'il y a de veiller à ne pas s'enfermer dans une lecture par trop linéaire ou rigide qui ne prendrait pas assez en ligne de compte le mouvement d'ensemble de l'histoire dans ses retentissements pluriels à l'échelle des contextes considérés. En tout état de cause, on ne saurait non plus dissocier le traitement foncièrement inégalitaire réservé à cette langue aujourd'hui du statut particulier qui, hier, lui fut assigné pendant le funeste ''huis-clos colonial'' tant au Maghreb que dans le reste des pays de l'Afrique subsaharienne; avec la chape de discrédit sciemment porté sur elle, ayant conduit méthodiquement à sa marginalisation dans le prolongement de son isolement et son éloignement programmés. Nous irions même plus loin pour dire que ce n'est qu'aujourd'hui que se concrétisent dans les faits les résultats néfastes autant que les conséquences désastreuses et autres effets pervers (segmentations, fractures, ostracisme, stigmatisation...) de tout ce qu'avait entrepris une colonisation des plus féroces qui s'était ingéniée à faire sortir de piste la lange arabe classique, en s'appliquant dans la foulée à asphyxier méthodiquement toute la production culturelle/scientifique orbitant autour d'elle. Le tout ayant abouti à rendre encore plus superficielle et de moins en moins approfondie l'étude des sciences religieuses notamment, comme ce fut le cas après que les soldats sénégalais eurent entamé de tout brûler dans l'institution d'enseignement qu'était la fameuse médersa de Dar El Hadith.
Aussi importe-t-il donc de le répéter ici à nouveau: l'ancrage de la langue française en Afrique, n'en déplaise à tous ceux exhibant les ''sonnailles'' de leur affiliation sur leur cou rugueux, fut loin de se faire dans les règles de l'art d'une saine, loyale et chevaleresque concurrence, mais bien au contraire a bel et bien été l'aboutissement d'un processus de concurrence déloyale au plus haut point où tous les coups bas/tordus étaient permis pour asseoir la fortune de la langue intruse. Et ce alors même que, systématiquement, tous les ponts étaient coupés devant la marche des langues autochtones et/ou locales (dont l'arabe parce que vue, sans doute plus que toute autre, comme un maillon essentiel de l'identité culturelle des territoires conquis). Ainsi furent instaurés et implantés les ressorts qui prépareront le chemin à la domination de la langue française dans ces diverses contrées. Le journaliste Boukhalfa Amazit dira dans ce sens avec panache: «c'est en détruisant les autres langues que vous avez laissé votre langue.» (Cf. Canal Algérie, 05/07/2018).
Une manière cinglante de rappeler au bon souvenir des uns et des autres à quel point la colonisation, qui s'est ingénié à entraver une égalité sur le plan linguistique, a mené véritablement une implacable ''guérilla culturelle'' et/ou inlassable ''vendetta linguistique'' contre la langue arabe au premier degré, en raison de tout ce qu'elle incarnait, représentait et/ou symbolisait comme référent identitaire à large spectre d'action. Face au projet félon fomenté puis enclenché par le belliqueux et féroce occupant d'hier qui travaillait ainsi à entretenir autour d'elle une sorte de ''désertification linguistique'' délibérée, suite à toute une campagne rampante de diffamation menée contre elle, la langue arabe devint par la force des choses une arme de résistance dans tous les foyers du pays profond ; où malgré tout continuait de briller, intacte, la flamme vive de la ferveur nationaliste. Assia Djebbar rappellera à juste titre comment, «imposée dans le viol», la langue française fut aussi «une langue installée sur la terre ancestrale dans des effusions de sang!»[]17
Cela dit, quelle langue, plombée et discriminée comme le fut la langue arabe par tant de restrictions coercitives, aurait-elle pu garder intacte sa force de frappe et sa dynamique intrinsèque inchangée ; et quelle autre, soumise à un passage à vide comparable à celui enduré par la langue arabe durant la longue nuit coloniale, aurait pu remonter significativement les écarts comme si de rien n'était?
Ce qui tendrait aussi à signifier que, confrontée à des conditions extrêmes comme elle le fut dans ce contexte étouffant, le statut même de la langue arabe dans cette aire géoculturelle en sera définitivement marqué, bouleversé au plus haut point, et par conséquent ne manquera donc pas d'en porter durablement la trace jusqu'à l'heure actuelle puisqu'on peut la voir avancer aujourd'hui comme si elle traversait encore un terrain miné. A preuve: les déserteurs et autres ''déroutés/détournés culturels'' qui, aux toutes premières de l'indépendance, choisiront les uns après les autres de quitter son navire illico presto pour rallier en débandade les circuits agréés de l'autre vecteur sublimé et plébiscité par chacun d'eux. Tandis que toute une apologétique était ainsi consacrée à l'autre veine ''labellisée'', adoptée et adoubée par les uns et les autres, à l'inverse la langue arabe n'en finissait pas d'être harcelée, stigmatisée, marginalisée, balkanisée; suscitant même de féroces réactions agitées de la part de tous ceux qui, à corps perdus, s'agitent et exultent sous la bannière tamisée de la francophonie. Jugée fondamentalement associée au message coranique dont elle reste à ce jour l'outil inimitable et incomparable, la langue arabe n'a jamais été en odeur de sainteté dans ces milieux blafards qui, occultant à dessein tout un ensemble conséquent de facteurs contextuels, feignent ainsi d'oublier les innommables et draconiennes conditions contraignantes imposées durant la période coloniale. Toutefois il n'en reste pas moins vrai aussi que, forte de sa légitimité historique et symbolique attestée, cette langue ''coriacement'' pugnace a toujours su s'adapter en conséquence pour surmonter avantageusement de telles conditions aussi arbitraires qu'abusivement partiales.
Alors même que l'on peut voir aujourd'hui de simples petits enfants s'adapter sans difficultés et sans heurts aux ''manettes'' des fonctionnalités de la langue arabe, il est constaté que tel ''chroniqueur'' et/ou tel ''romancier'' ne cessent de crier leur profond désarroi voire se démener parfois comme des âmes en peine. Donnant alors la curieuse impression de vouloir entamer leur parcours initiatique en coupant tous les ponts avec la langue arabe. Comme si elle n'avait fait partie de leur univers d'enfance, ni laisser aucune trace dans le pedigree de ceux qui voient que des absurdités sous nos latitudes, et chemin faisant en oubliant cependant les leurs propres.
Bien au contraire on les pressent perpétuellement sur la défensive et le qui-vive en non-stop. Soit un peu comme s'ils traversaient seuls à la tombée de la nuit quelques inhospitalières contrées/vallées inhabitées dont l'impressionnant silence avoisinant n'est alors provisoirement rompu que par quelques razzias menées par de redoutables peuplades non encore gratifiées et submergées par les lumières de la ''civilisation bourdonnante et vrombissante'' du moment; à savoir: celle-là même que certains, à partir de ce qui leur tient de réduit existentiel, entendent défendre et revendiquer bec et ongles pour voir généraliser ses impacts dans nos terroirs et nos moindres empans: au dedans comme au dehors. Ainsi peut-on voir tel ou tel interroger la condition féminine dans le monde arabe à partir du seul prisme occidental ; sans pour autant cessé de rechercher des points communs avec des «acquis» supposés enregistrés en France ou ailleurs dans d'autres zones limitrophes. Un peu comme s'il n'y avait, au-delà de l'extrême diversité des situations vécues, que cette seule et unique référence à prendre en ligne de compte. Ainsi s'arrangent-ils donc, à leur façon, de ne point faire ressortir que «le sexisme, le machisme et les violences existent dans toutes les strates de la société»[ ]18 envers laquelle leur cœur balance, pas plus que sur la situation désastreuse imposée aujourd'hui aux immigrants venus s'échouer dans nombre de pays européens dans des conditions déplorablement infrahumaines.Mais à bien y réfléchir: n'est-ce donc pas parce que semblant eux-mêmes significativement déboussolés et fragmentés de l'intérieur qu'ils ont tant de mal à s'inscrire dans la trajectoire certifiée et le sillage insigne de cette langue/oriflamme; au point d'éprouver à sa simple proximité cette inhabituelle, intégrale et anormale poussée de fièvre ; si caractéristique autant de leur désarroi que leur panique avérés
NOTES ET REFERENCES/:
.- «l'arabe classique est resté bien présent et bien vivant en tant que langue commune de l'écriture, malgré les immenses ressources de toute une série de dialectes parlés qui, à l'exception du cas égyptien, ne se sont jamais diffusés au-delà de leur pays d'usage. De plus, ces dialectes parlés ne possèdent pas la vaste littérature de la lingua franca classique.
.- Cf. TV5 Monde, 24/09/2018.
.- Cf. Vacarme 80 / Cahier ''L'Algérie à Cologne : un emballement français''.
.- Cf. Cf. Yamina BAHI, thèse de doctorat, p.16-17.
« C'est aussi une langue à la centralité sans pareil par rapport à la culture arabe : comme l'a écrit Jaroslav Stekevych, qui lui a consacré le meilleur livre moderne, « telle Vénus, elle est née dans un état de beauté parfait, et elle a conservé cette beauté en dépit des péripéties de l'histoire et des forces du temps ».
Pour l'étudiant occidental, « l'arabe suggère une idée d'attraction quasi mathématique. Le système parfait des trois consonnes radicalaires, les formes augmentées des verbes avec leurs significations de base, la formation précise du nom verbal, des participes. Tout est clarté, logique, système, et abstraction ». Mais c'est aussi un bel objet à regarder dans sa forme écrite. D'où le rôle central et durable de la calligraphie, art combinatoire de la plus haute complexité, plus proche de l'ornement et de l'arabesque que de l'explicitation discursive.» Idem.
D'autre par, «aappelons que jusqu'à la Renaissance incluse, l'alphabétisation se faisait en Europe, non dans la langue maternelle, mais dans la langue savante qu'était le latin. C'est la Réforme qui a introduit l'usage d'apprendre à lire dans les Bibles traduites. En France contre-réformée, l'alphabétisation en français n'apparaîtra qu'au début du18° siècle, où Jean-Baptiste de la Salle est inspiré par le désir de toucher les classes populaires avec ses Frères. Nos plus grands écrivains classiques ont donc été donc alphabétisés en latin sans que l'usage de leur français en pâtît, bien au contraire…
Mais il s'agit de langue de la même famille, objectera-t-on. Pourtant, ce latin ne fut-il pas, jusqu'à l'arrivée du régime communiste, la langue officielle d'un pays qui parle une langue qui n'est pas indo-européenne : la Hongrie ? Ce trait a-t-il amoindri ou au contraire favorisé la vie intellectuelle de cette Europe centrale dont les penseurs et les savants ont rayonné dans toute l'Europe et l'Amérique? »
Cf. https://www.asmp.fr/travaux/gpw/dvptdurable/education_afrique.pdf
.- «Je ne sais pas d'où vient cette conception selon laquelle l'arabe exprimerait essentiellement une violence terrifiante et incompréhensible, mais il va de soi que tous ces scélérats en turban des écrans de Hollywood des années 1940 et 1950 parlant à leurs victimes sur un ton hargneux, avec une délectation sadique, y sont pour quelque chose. Y a aussi contribué, plus récemment, la fixation des médias états-uniens sur le terrorisme, qui semble résumer tout ce qui concerne les Arabes.» (Cf. ''Faut-il préférer le classique au dialectal ?La langue arabe, la Rolls et la Volkswagen'' in Le Monde Diplomatique Août 2004, page 17.).
Même les écrivains dits «régionaux» ont tendance à utiliser la langue moderne classique et ne font qu'occasionnellement appel à l'arabe dialectal. En pratique, une personne éduquée a en fait deux usages linguistiques bien distincts. Au point que, par exemple, vous bavarderez avec un reporter d'un journal ou d'une télévision en dialectal et puis, tout à coup, quand l'enregistrement commencera, vous passerez sans transition à la langue classique, intrinsèquement plus formelle et plus polie.
Il y a, bien sûr, un lien entre les deux idiomes : les lettres sont souvent identiques et l'ordre des mots aussi. Mais les termes et la prononciation diffèrent dans la mesure où l'arabe classique, version standard de la langue, perd toute trace de dialecte régional ou local et émerge comme un instrument sonore, soigneusement modulé, élevé, extraordinairement flexible, dont les formules permettent une grande éloquence. Correctement utilisé, l'arabe classique n'a pas son pareil pour la précision de l'expression et pour l'étonnante façon par laquelle les variations des lettres individuelles dans un mot (tout spécialement les terminaisons) permettent d'exprimer des choses bien distinctes.
.- D'aucuns n'hésitent pourtant pas à parler de «la capitulation du français (et du) rouleau compresseur anglais qui écrase tout sur son passage.
_«... Avec chiffres à l'appui: une étude a montré que sur plus de 200 élus des nouveaux Etats membres qui participent aux séances plénières du Parlement européen, 82% d'entre eux parlent l'anglais, 14% l'allemand et seulement 4% le français. «Ne pas parler l'anglais est une tare, ne pas parler français est presque normal» se lamentait avant son départ l'ancien commissaire européen aux Affaires sociales, le Tchèque Vladimir Spidla, bilingue en allemand et très bon francophone ». Cf. 'Blues francophone au cœur de l'UE'' in Le Temps (Suisse), 20 oct. 2010.
_« Le Sommet de la francophonie à Montreux suscite une interrogation plus vaste sur ce que sont les langues et ce qu'est leur rôle(...).Ce qui se passe à Montreux est donc le signe que les conquêtes et les invasions ont laissé derrière elles, entre autres bonnes ou mauvaises choses, un attachement profond des peuples autrefois conquis à la langue de l'envahisseur. Etonnant, n'est-ce pas? Pour se l'expliquer, il est intéressant de savoir si les langues façonnent la pensée car cela signifierait que le germanophone aurait une tournure d'esprit différente de celle de l'hispanophone, du slavophone ou de l'anglophone » Cf. Le Temps (Suisse), 22 oct. 2010.
.- Interrogé et pressé de répondre à la question «si Les jurés des grands prix raffolent-ils du goût du sang? «Pas du tout, répondit tout de go Pierre Assouline, selon lequel une telle tendance ne fait que refléter un moment donné de la rentrée littéraire». Mais il n'en reconnaît pas moins que «le dernier carré du Goncourt offrait tout un panel de thématiques sordides: «Nous avions le choix entre un infanticide (Leïla Slimani), un génocide (Gaël Faye), un suicide (Catherine Cusset) et du cannibalisme (Régis Jauffret).» Tribune De Genève, 03/11/2016.
Profitant du filon ouvert, un journal comme le Nouvel Observateur s'arrangera pour lui consacrer un article avec pour titre racoleur ''Les femmes, le sexe et l'Islam''. Une façon pour ratisser large dans un lectorat en berne, voire en chute libre...
.-(Cf. Le Quotidien d'Algérie 03/12/2015.
.- «Ces suppôts du sionisme mondial sont de grosses pointures de l'édition germanopratine, à l'image de Pierre Assouline, Juif sépharade du Maroc, journaliste littéraire et écrivain, chef de file du lobby sioniste dans la littérature française, ou des plumes avisées des médias parisiens qui vont lui faire la courte échelle à la sortie, en 2008, du ''Village de l'Allemand''.» Cf. Liberté, 22/01/2018.
_ Lire l'excellent billet de Moncef Wafi (Cf. Le Quotidien d'Oran, 24/02/2018) où il déclare notamment: «En effet, tout tourne autour de cette reconnaissance symbolique du regard de l'autre, qui adoube, vous ouvre la porte du tout Paris littéraire et artistique et vous tend une notoriété, il est vrai, factuelle mais assujettie à un reniement de la peau et de la langue. La vérité est telle qu'elle est devenue une norme d'acceptation de l'œuvre d'ailleurs quel que soit son essence. Le but étant de faire dire à l'autre le mal qu'on pense de sa tribu.
Cette duplicité intellectuelle de là-bas et son répondant qui se nourrit de la compromission d'ici ont rendu presque impossible l'émergence d'un cinéma ou d'une littérature qui n'obéit pas aveuglément aux codes intransgressibles de la pensée unique des salons parisiens. Cette frontière invisible, mais surveillée jalousement et farouchement par les gardiens du Temple, n'est pas une vue de l'esprit, loin s'en faut. Et de nombreux prétendants à la lumière se sont brûlés les ailes en tentant de gagner l'Olympe en prenant les escaliers de service. Si à une époque de notre histoire on distinguait les amis de la France avec des médailles et des titres de noblesse locale, aujourd'hui on le fait avec des prix et des récompenses. Le propos n'étant pas de critiquer tel ou tel autre récipiendaire, néanmoins un minimum d'honnêteté intellectuelle voudrait qu'on explique les raisons qui incitent la France à ne s'intéresser qu'aux œuvres empaquetées dans du papier souvenir, sentant bon les années pied-noir, ou relatant la misère du tiers-monde arabo-musulman.
Aucune transgression du genre n'est permise et ceux qui veulent briller au panthéon de la culture francophone n'ont plus qu'à écrire sous la dictée de la dictature de la pensée de la droite française sioniste ».
En attendant, ce monde arabe a toujours vu éclore dans ses rangs d'étranges têtes en l'air et autres tireurs au flanc perpétuellement à à l'affut qui, en embuscade, n'hésitaient pas à venir lui porter dans le dos la traitresse et venimeuse estocade. Des écrivains de bas de gamme (hilares, bavards et bouffis comme pas possible (parfois jusqu'à la limite de la franche débilité) font assurément partie du quota de félons imberbes qui, honteusement et sans vergogne, travaillent à miner ses fondements/arcanes de l'intérieur même. En misant notamment sur une libération sexuelle débridée et l'abandon sans retour de tout ce qui faisait justement la spécificité culturelle et l'authenticité de nos sociétés.
.- «La colonisation n'avait accordé aucun crédit aux langues locales véhiculaires et vernaculaires. Les textes coloniaux tendaient à imposer l'usage exclusif du français dans les milieux publics... » Cf. O. Maussoumo et A.J.M. Queffelc, le français en République du Congo sous l'ère pluripartiste (1996-2006), pp.16-17.
« Les langues des Noirs sont exclues de l'interaction entre Blancs et Noirs (...). Les langues primaires du Congo dépouillées de leur souveraineté et reléguées au rang de ''dialectes'', de ''parlers'' et même de ''patois'', la France impose l'utilisation exclusive du français dans tous les actes de caractère sérieux comme le précisent les prescriptions aussi rigoureuses que durables de la circulaire ne8 du 8 mai 1911 concernant l'enseignement des N0oirs.
-1) le français est le seul en usage dans les écoles. Il est interdit aux maîtres de servir avec leurs élèves des idiomes du pays (...).
-2) donner des connaissances du français parlé véhicule essentiel de la civilisation française ».
Tout est dit ! Ajoutons ici que le même sort est réservé aujourd'hui à la langue romaine ? Cette dernière «objet de suspicion, de mépris (...) s'est vue confinée avec ses locuteurs aux marges de l'espace social, à un silence » Cf. Revue Cités 76/2018, p.159..
Mahmoud Ariba -Professeur des Universités/retraité/Faculté des Sciences Sociales /Université Oran2


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