A moins de vingt jours des jeux Olympiques de Rio, l'artiste brésilien de street art, Eduardo Kobra, travaille sans relâche pour terminer sa gigantesque fresque murale, qu'il veut la plus grande du monde dans la zone portuaire revitalisée de la ville. Hissé sur une grue à 20 m du sol, spray en main, Kobra pulvérise du bleu, puis du rouge. « C'est sans doute la plus grande peinture murale du monde et à la fin du travail, elle devrait entrer dans le livre des records Guinness », déclare l'artiste de 40 ans. Sur cette fresque de près de 3.000 m2, les cinq continents sont représentés par cinq visages au nombre des anneaux olympiques : un Karen de Thaïlande pour l'Asie, un Huli de Papouasie-nouvelle-Guinée pour l'Océanie, un Indien Tapajo d'Amazonie brésilienne pour l'Amérique, un Tchouktche de Sibérie pour l'Europe et un Mursi d'Ethiopie pour l'Afrique. « Il y a une intolérance croissante dans le monde, comme en Europe où les gens rejettent les réfugiés. J'espère que cette fresque, dans l'esprit olympique des Jeux, aidera à rappeler que nous sommes tous différents mais qu'au fond, nous sommes tous Un : l'espèce humaine », explique-t-il. Avant de commencer à peindre l'œuvre justement intitulée « Nous sommes tous Un », l'équipe de l'artiste a passé 15 jours à préparer la superficie du mur d'un ancien dock en bouchant les trous et en le peignant de blanc, pour servir de fond à la fresque multicolore. Le mur choisi est emblématique de ce quartier rénové où arrivent tous les paquebots touristiques en bordure de la baie de Rio et où passe un tramway flambant neuf. Non loin de là se trouve le « Musée du lendemain » qui s'érige en symbole de la rénovation de la zone portuaire. Depuis une semaine, tous les jours de 8h à 19h, Kobra et son équipe peignent la fresque avec de l'acrylique, du vernis et des sprays de peinture. Elle devrait être prête à la fin du mois à quelques jours de l'ouverture des JO, le 5 août prochain. « Nous avons déjà utilisé 2.000 boîtes de spray et on en utilisera encore 1.000, 100 bidons de 200 l d'acrylique et 100 bidons de vernis », déclare Kobra. Peindre, il le fait depuis l'âge de 12 ans quand il a commencé à taguer son nom sur les murs de son quartier pauvre de São Paulo. A l'époque, pour lui, « la rue est le moyen de se sociabiliser, de se distraire et aussi de protester contre l'exclusion ».