Les 17 essais nucléaires et les 40 expérimentations nucléaires complémentaires avec dispersion de plutonium (essais sous critique Pollen et Augias) effectués par la France en Algérie sous son occupations coloniale ont laissé un héritage tragique de contamination radioactive généralisée et de graves dommages à la santé des populations locales des zones touchées. C'est le constat réaffirmé par une trentaine d'organisations internationales luttant en faveur de la paix, du désarmement et des droits humains à travers le monde, réunis jeudi pour commémorer le 65e anniversaire du premier essai nucléaire français réalisé dans le Sahara algérien le 13 février 1960. Dans une déclaration commune rendue publique, elles ont appelé la France à assumer sa responsabilité historique et juridique de ces faits, notant que cela passe «par la reclassification des documents relatifs à ces essais, la dépollution des zones contaminées ainsi que par l'indemnisation des victimes». Elles ont fait remarquer, à ce sujet, que «des décennies plus tard, les effets perdurent, comme en témoignent la hausse alarmante des taux de cancer et des maladies respiratoires chroniques, ainsi que la dégradation environnementale continue, qui a gravement affecté les ressources naturelles, perturbé les moyens de subsistance et fragilisé le tissu socio-économique des communautés locales». Notant qu'au-delà des conséquences sanitaires et environnementales, ces explosions nucléaires ont engendré de profondes répercussions psychologiques et sociales pour les populations affectées, les signataires ont affirmé qu'elles ont noté favorablement «les communications adressées par les Rapporteurs spéciaux des Nations unies au gouvernement français à ce sujet». Les rapporteurs onusiens ont demandé la mise en œuvre de mesures concrètes pour réparer les dommages causés, notamment : la déclassification de toutes les archives liées aux essais, l'identification des sites de déchets radioactifs, la dépollution des zones contaminées et l'indemnisation juste des victimes avec un accès garanti aux soins médicaux adéquats. A ce propos, le président de l'APN, Brahim Boughali, a proposé d'instituer une Journée internationale pour les victimes des explosions nucléaires, coïncidant avec le 13 février, une date pour «rappeler en permanence les souffrances des victimes et mettre en lumière l'impératif de tenir pour responsable les auteurs de ces crimes odieux». Il a également proposé l'organisation d'une conférence parlementaire sur cette affaire importante afin d'échanger les expertises et les expériences et d'examiner les voies juridiques pour soutenir les victimes et leur rendre justice, appelant les parlementaires du monde et les pays ayant souffert des affres du colonialisme et des explosions nucléaires.