Plusieurs groupes armés loyaux à l'ancien régime ont lancé une série d'attaques coordonnées contre des infrastructures militaires et civiles des autorités de transition. Des informations font état d'attaques contre des cibles militaires et de sécurité intérieure, ainsi que contre plusieurs hôpitaux. L'ampleur et la sophistication de ces attaques étaient frappantes. Dans les provinces côtières de Lattaquié et Tartous, fief historique de la minorité alaouite, une branche de l'islam chiite dont est issu le clan al-Assad, des affrontements récents entre partisans du régime déchu et des forces de sécurité de la nouvelle autorité intérimaire ont dégénéré en massacres de civils à caractère sectaire. Un épisode sanglant qui vient rappeler la fragilité de la transition engagée sous la présidence intérimaire d'Ahmed Al-Charaa, le chef des combattants islamistes de Hayat Tahrir Al-Cham, victorieux d'El-Assad. Il y a un sentiment d' exclusion de la transition et du secteur public. Il y a aussi des griefs et une colère refoulés envers les personnes associées à l' ancien régime. En réaction, des troupes de l'autorité intérimaire ont afflué depuis d'autres régions du pays, entraînant des combats d'une rare intensité. Le bilan est effroyable des centaines de victimes parmi la communauté allaouite, dont de nombreux civils, pris entre les feux croisés des factions rivales ou exécutés sommairement par les forces syriennes. Y'a fait notamment état de témoignages de familles entières exécutées à bout portant, et de nombreuses images de violations graves, à caractère manifestement confessionnels, et de représailles. Si le calme semble selon lui être revenu après plusieurs jours d'affrontements, les tensions demeurent vives, alimentées par un climat de méfiance et de peur. Face à l'horreur des massacres, la communauté internationale a rapidement réagi. Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné ces violences et appelé à une enquête approfondie. De leur côté, les autorités de transition ont annoncé la création d'une commission indépendante chargée de faire la lumière sur ces crimes. « J' ai souligné l' importance de mener des enquêtes efficaces, transparentes, indépendantes et exhaustives, conformément aux normes internationales, et de veiller à ce que les témoins ne soient pas intimidés ». En parallèle, les autorités de transition ont annoncé la création d'une haute commission pour la paix civile dans les régions côtières, afin d'apaiser les fractures confessionnelles exacerbées par ces événements. Moins de quatre mois après la chute du régime de Bachar al-Assad, le 8 décembre dernier, les violences récentes dans le nord-ouest de la Syrie menacent la transition politique déjà fragile dans ce pays aux besoins humanitaires grandissants. Mais la tâche s'annonce ardue, dans le contexte actuel d'appels mutuels à la haine. Un accord politique fragile signé le 10 mars dans la capitale syrienne entre le président par intérim Al-Charaa et le chef des Forces démocratiques syriennes (FDS, à dominante kurde), Mazloum Abdi, constitue un tournant majeur, dans ce climat délétère. Le texte de l'accord prévoit l'intégration des institutions civiles et militaires du nord-est syrien dans l'administration de l'Etat. La nouvelle déclaration constitutionnelle publiée en mars, qui annonce un régime présidentiel fort jusqu'à la rédaction d'une constitution et l'organisation d'élections dans cinq ans, fait également débat. Certains y voient une avancée vers l'Etat de droit, d'autres dénoncent une concentration excessive des pouvoirs entre les mains du président par intérim. Une avancée à saluer mais qui suscite aussi des réserves. Y'a encore des signes inquiétants indiquant que le conflit dans le nord-est n' est pas encore terminé. Les échanges de tirs entre les factions des FDS et de l' ANS l' Armée nationale syrienne, un rassemblement soutenu par la Turquie se poursuivent, et des frappes aériennes turques ont été signalées la semaine dernière dans les zones contrôlées par les FDS. Le processus de transition reste, en effet, semé d'embûches. Si une conférence de dialogue national a eu lieu en février à Damas, son caractère représentatif a été critiqué. Des affrontements transfrontaliers inquiétants, la semaine dernière, entre la Syrie et le Liban, suite à des informations faisant état d' enlèvements et d' exécutions de soldats syriens, ainsi que de tirs de missiles vers le Liban. Si la situation a pu être contenue après deux jours d' affrontements, il a appelé les deux pays à renforcer leur dialogue. L' inquiétude aux frontières reste de mise. En février et mars, plusieurs raids aériens israéliens ont été signalés dans le sud-ouest du pays, à Damas, à Homs et sur la côte. L'armée israélienne a également confirmé publiquement avoir construit plusieurs positions dans la zone de séparation, en violation de l' Accord de désengagement des forces de 1974 conclu entre les deux pays, qui définit une zone frontalière démilitarisée sur le plateau du Golan syrien, dont une partie est occupée par Israël depuis la guerre des Six Jours de 1967. La Syrie est également à couteaux tirés avec la Palestine occupée. Des appelés pour que Israël à se retirer et à respecter l' intégrité territoriale de la Syrie et la démilitarisation complète du sud de la Syrie. L' Etat sioniste déclare de rester en Syrie jusqu'à nouvel ordre. Par ailleurs, la situation humanitaire, déjà critique après quatorze années de conflit, s'est encore assombrie depuis l'annonce, en janvier dernier, de la suspension de l'aide étrangère des Etats-Unis pour une durée initiale de trois mois. A rappelé que l'appel de fonds de 2024 n'avait été couvert qu'à hauteur de 35 %. Cette année un appel de fonds de 2 milliards de dollars pour venir en aide à 8 millions de personnes parmi les plus vulnérables d'ici juin. Nous n'avons reçu qu'environ 155 millions de dollars à ce jour, soit seulement 13 % de nos besoins, selon l'Onu. À l'heure où la communauté internationale semble se détourner progressivement du drame syrien, l'urgence est plus grande que jamais. Après 14 ans de conflit et de dévastation, le peuple syrien a eu à peine 14 semaines pour tracer une nouvelle voie vers un avenir meilleur. Il y a de réelles raisons d'espérer, mais il n'y a pas de temps à perdre.